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musicologie
Caen, 23 mai 2017, par Alain Lambert ——

Jean Jacques Lion  «Crème fraiche-Harissa» Khalifa entre Caen, Oran, Naplouse et Kingston

Jean- Jacques Lion et Khalifa au Sillon, le 23 mai 2017. Photographie © Claude Boisnard.

Khalifa Belouzaa, vous l'avez vu et entendu sur le Grand Journal de Canal il y a tout juste dix ans. Il s'était fait repérer pour une chanson reggae humoristique sur l'élection présidentielle d'alors « Ségolène et Nicolas ». Il était hier soir au Sillon, la salle de spectacle de la MJC du Chemin Vert, le quartier de Caen où il est né au début des années soixante-dix, où il a grandi, commencé la vidéo et la musique avant de devenir le chanteur du groupe reggae caennais Radical Positive Sound, et le commentateur politique le plus décalé du moment.

C'est son parcours, avec double culture normande-algérienne revendiquée et assumée, que raconte le film de Jean Jacques Lion, réalisateur de documentaires musicaux, caennais lui aussi. Une avant-première devant un public nombreux et ému, venu du quartier.

Ses parents sont arrivés d'Oran à Caen en 1968, un peu après la statue de Jeanne d'Arc qui galope aujourd'hui sur la place de la Résistance (que de symboles!), le père pour travailler à la Saviem (aujourd'hui Renault Trucks), une des entreprises délocalisées autour de Caen  dont les besoins en personnel sont à l'origine de la construction du quartier du Chemin Vert ou de la ville nouvelle voisine d'Hérouville St Clair.

Une enfance tranquille avec les copains, l'apprentissage de la musique, le reggae, les Doors et Jimi Hendrix transmis par ses frangins, les premiers groupes avant Radical Positive Sound. Puis les voyages musicaux à Oran, au festival de Rabat où il rencontre des grands du reggae et joue avec. Il finira par aller à la Jamaïque en compagnie de ses potes Nesta, Nono... pour concrétiser leur rêve.

Ce que raconte aussi ce film, c'est l'engagement du musicien, proche de celui du tromboniste jamaïcain Nambo Robinson qui a créé son école de musique pour les enfants n'y ayant pas accès. Jean Jacques Lion et Khalifa sont allés à Naplouse  s'occuper d'enfants palestiniens le temps d'un stage vidéo, et faire de la musique avec eux, la chanson Salam avec le refrain où ils clament le mot « paix ». Mais quand ils ont voulu retourner à Jérusalem pour la compléter avec des jeunes israéliens, le chanteur s'est fait arrêter, interroger et renvoyer chez lui, interdit de séjour à cause du clip.

Bref, tout un parcours, des rencontres, des amitiés, une approche différente de la religion musulmane, de la citoyenneté, en particulier au Bazarnaom, lieu culturel caennais où il se retrouve bien, toujours dans cet esprit de sociabilité et de transmission auquel la musique participe. Sans oublier le final, une remarquable adaptation de la Chanson pour l'Auvergnat de Brassens.

À voir en septembre sur les régionales de FR3, d'abord Normandie, puis Bretagne-Pays de Loire et Île-de-France. Et peut-être sur TV5 Monde, ce qui serait bien pour ce film, un beau portrait musical et fraternel.

 

Alain Lambert
23 mai 2017
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