Fred Firth en action au Doc. Photographie © Gérard Boisnel.
Le Doc, c'est ce centre culturel dans un petit village du bocage à une trentaine de kilomètres de Caen, lieu d'expos d'art expérimental (des photos en computer art jusqu'à fin juin), de théâtre, de concerts jazz et expérimentaux, de stages et ateliers musique. Lieu aussi où réside et répète l'Omedoc (orchestre de musique expérimentale du Doc) dont nous avons déjà parlé [voir notre chronique] et qui y poursuit son chemin.
Ce samedi, le Collectif PAN y recevait Fred Frith, guitariste culte de la scène improvisée, soliste inspiré mais aussi compagnon de route de Robert Wyatt, Brian Eno ou John Zorn, et disciple de John Cage et de Franck Zappa.
Une quinzaine de pédales autour de sa chaise, toutes reliées, une Gibson vintage et une petite table pleine d'objets propres à la musique concrète, à part un petit électro-aimant bleuté, tout aussi producteur de sons que le pinceau, la brosse, le lacet, les boites rondes, les chaînettes ou les grains de riz... Sans oublier l'indispensable bottleneck du bluesman folk qu'il fut à ses débuts.
Une fois passés les applaudissements de bienvenue, il s'installe, pose sa guitare à l'horizontale sur ses cuisses et commence son trafic de boites en glissendo, d'archet frotté dessus (ou sur la caisse ou sur les cordes), de chaînettes qui s'enroulent dedans. On s'inquiète un peu, puis une première rythmique concrète se dégage de ce primitif bruitisme, et se répète par rerecording, lui laissant les mains libres pour y superposer d'autres explorations sur l'instrument redevenu vertical, où les doigts pianotent, caressent, effleurent, accrochent, lancent un arpège, esquissent un accord ou une improvisation.
Fred Firth en puissance au Doc. Photographie © Gérard Boisnel.
Mais sans s'étendre trop longtemps. Un nouveau sample et l'on change de paysage, avec parfois des échos de gamelan ou de sitar, ou d'orgue et de synthé quand le petit œil électromagnétique bleu survole les cordes, avant un riff plus métal, une harmonie plus swing, ou de retrouver le vide intersidéral. Et ça réverbe, ça distorse, ça fuzz, ça frotte et ça vibrille avec les pédales, les objets et les doigts frénétiques, entre jeu et étrangeté.
L'heure passe en une minute, le temps que les derniers sons s'effacent dans les profondeurs des deux amplis bien stéréos. Et le voilà parti au milieu des applaudissements encore étourdis par la densité du voyage musical.
Le guitariste sera en mai en trio à Poitiers, Paris puis Villeneuve les Nancy.
Quant au Collectif PAN, dédié au jazz régional autant qu'international :
Ran Blake en piano solo au Conservatoire de Caen le 10 mai
Samsara 5tet plus Richard Foy à la Fermeture Éclair sur le port de Caen le 17 juin.
Avant le 5e festival PAN au même endroit les 22 et 23 septembre
Alain Lambert
29 avril 2017
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Vendredi 3 Novembre, 2023