La vie, Antoine Sahler et Francois Morel. Photographie © Christophe Manquillet.
Qui ne connaît François Morel, le chroniqueur du vendredi matin sur Inter. Au théâtre de Caen, étudiant, il a vu Devos, Bedos, Zouk et les frères Jacques, ce qui a contribué à le former, nous a-t-il dit au final, avant de nous chanter en bonus J'irai revoir ma Normandie.
Trois soirées au complet donc, pour l'enfant du pays, avec un public tout acquis, et pas forcément habitué du lieu. Le petit monsieur à mon côté interpelle « hep, hep ! » la jeune femme qui nous place, et qui ne le voit pas. Pas de programmes ce soir. « Je voulais lui donner la pièce » qu'il me dit. Je lui explique que ça ne se fait plus. « Ah, ça ne se fait plus ? », conclut-il en redonnant la pièce à sa femme.
La vie, titre forcément provisoire vu son caractère transitoire, une interrogation existentielle essentielle croquée en quelques mots et quelques rimes, ces instants fugitifs qui nous restent comme une chansonnette dans la tête, et marquent nos étapes à nous. Et qu'il sait bien rendre, avec humour, tendresse, et son ironie douce amère.
Comme cette vieille dame qui se sait partir, mais dont il nous raconte, en aparté, son dernier feuilleton du matin à la télé. Ou ce vieux monsieur qui se souvient toujours aussi fort d'un baiser qu'il n'a jamais rendu. Parfois, il a des accents d'un autre François (Béranger) et une fois de Reggiani aussi, quand il chante gravement.
Mais bien vite il vire cocasse à propos du petit Jésus qui l'a déçu ou d'un jeune manifestant (selon les organisateurs) qui tourne mal (selon la police) ou l'inverse. Ou d'un striptease intégral. Et autres choses inutiles qui nous restent dans l'esprit, comme la taille du général de Gaulle, prétexte à un sketch hilarant avec le pianiste. Qui le rabroue, au mégaphone, à chaque tentative d'imitation (Montand, Aznavour, Brassens) parce qu'accompagner un imitateur ou un chanteur n'a pas le même coût au niveau des charges.
Alors il chante Brel, Au suivant, et Trenet aussi, La folle complainte, sans besoin d'imiter, tout simplement. Et son orchestre, conduit et arrangé par Antoine Sahler au piano, claviers, trompette et bugle, l'accompagne, le précède, l'entoure de façon magistrale. Les trois autres sont aussi multi-instrumentistes, sans oublier les choeurs ou les répons, Muriel Gastebois à la batterie, percussions et vibraphone, Sophie Allour aux saxs, flûte et claviers et Amos Mah, le « très énigmatique », à la contrebasse, guitare et violoncelle. Tous se démultiplient et le groupe peut passer de la ballade sentimentale intimiste au big band cuivré et pétaradant.
Un vrai spectacle, drôle et enchanté, en chantant, en valsant et en jazzant, une vingtaine de chansons, et quelques apartés, mis en scène avec Juliette, dans le respect du « grand livre du spectacle ».
À voir et entendre partout en France à partir de la mi-mars jusqu'à fin avril.
Alain Lambert
6 janvier 2017
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Dimanche 8 Septembre, 2024