Bonnaure Jacques,Gabriel Fauré. Actes Sud - Classica, Arles 2017 [190 p. ; ISBN 978-2-330-07573-6 ; 18 €]
Jacques Bonnaure, auquel nous sommes déjà redevables de deux volumes de la riche collection Actes Sud-Classica (Saint-Saëns, et Massenet), introduit son propos par la caractérisation « incontestablement élitiste » de l'œuvre de Fauré, en soulignant cependant « quelques partitions d'accès aisé que l'on pourrait réunir dans un programme Fauré pour tous ». Aussi nous lui empruntons la formule qui s'applique particulièrement à son projet. Même s'ils en feront leur miel, ce petit volume n'est pas réservé à ceux qui réduisent l'œuvre de Fauré à son Requiem, tout comme celle de Ravel à son Boléro. En effet, d'une plume alerte, claire et élégante, l'approche biographique et compositionnelle, renouvelée, séduira le musicien et le mélomane par la richesse du propos. Il paraît difficile sinon impossible de présenter Fauré et son œuvre de façon aussi limpide et dense en si peu de (petites) pages. À côté de la somme réalisée par Jean-Michel Nectoux, essentielle, voilà le viatique idéal pour permettre au mélomane d'approcher au plus près le compositeur et son legs.
Jacques Bonnaure restitue le cadre dans lequel le compositeur s'épanouit progressivement (« l'église, l'enseignement, les salons »). En quelques lignes, toujours pertinentes, tout est dit. Art tout de réserve, de raffinement, aristocratique, au lyrisme sensible, le lecteur va au cœur de la création de ce compositeur exigeant, puriste.
Chaque œuvre est présentée dans son contexte, avec les singularités de son écriture. Sans jamais nuire à l'exigence de concision, l'auteur excelle à dénicher la citation plus éloquente qu'un long discours, avec humour aussi. Il nous introduit dans les salons que fréquenta Fauré, signale les rencontres1, mesure les influences qu'il subit, illustrées de courts et vivants portraits.
Avec la musique de chambre, les mélodies, isolées ou en cycles, sont au cœur de l'œuvre. Chacune d'elles est approchée avec juste ce qu'il faut pour en découvrir ou retrouver les charmes.
On le sait, la tentation de l'opéra, dès 1878, aboutit à Prométhée, puis à Pénélope, quelque peu tombés dans l'oubli. C'est l'occasion pour Jacques Bonnaure, orfèvre en la matière, de susciter chez le lecteur le désir de découvrir ces deux ouvrages, si différents. Sans oublier l'œuvre religieuse comme les pages symphoniques.
Les annexes, concises, mais bien documentées (chronologie, bibliographie sélective, discographie sélective, index des noms, catalogue des œuvres) permettent au lecteur de trouver aisément ce qu'il cherche.
Eusebius
29 mars 2017
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1. Fauré faillit épouser Marianne, fille de Pauline Viardot, dont il fréquentait le salon. Pourquoi n'avoir pas alors mentionné son activité compositionnelle, ses nombreuses mélodies (en de multiples langues, tout particulièrement) que Fauré écouta, et que l'on découvre maintenant ? Cela peut paraître dérisoire, mais Eusebius s'est épris de Pauline…
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Vendredi 3 Novembre, 2023