Philippe Leroux, De la percussion : « De l'itération », « Les uns », « De la vitesse ». Ensemble Sixtrum. Soupir Éditions 2016 (Soupir 5232).
Enregistré en juin 2015, Université McGill à Montréal.
Comme sources d'inspiration ou d'intérêt pour les percussions, Philippe Leroux évoque les ateliers de France musique auxquels jeune adolescent il participait au milieu des années 1970, Ionisation composée en 1931 par Edgar Varèse, les Percussions de Strasbourg, institution mythique (sextuor) de la musique contemporaine des années 1970, mais formé autour de l'année 1960. Il met aussi les possibilités offertes par les percussions acoustiques et leurs sonorités inouïes en parallèle avec celles de la musique électroacoustique qu'il a étudiée sous la direction de Pierre Schaeffer.
Mais ce n'est que vers les années 2000 qu'il met sérieusement les percussions à l'ordre du jour de son papier réglé, en relation avec les Percussions de Strasbourg, plus tard avec le sextuor québécois Sixtrum.
Le mélomane, curieux pourra lire plus avant les notes d'intention et les explications techniques fort claires dansle livret, mais s'il n'a ni l'esprit de juré de concours ou d'élève de cours de composition où qu'il préfère le concert à la conférence, il peut en remettre la lecture à plus tard, étant entendu que dès qu'elle devient publique, une œuvre appartient au jugement de tous, que quatre-vingt-six ans après Ionisation, nous soyons dans un monde familier, voire un certain classicisme musical, et que les trois œuvres, œuvres de concert, enregistrées sur ce cédé sont, comme on dit, d'un abord facile et plaisant, tout en soutenant la curiosité et en provocant de bonnes surprises sonores, qui ne font toutefois pas sauter au plafond.
Trois pièces sont ici encédées : Les uns, de 2001, pour trois percussionnistes, une commande du Concours international de percussions du Luxembourg, donnés en première audition par le Trio Jean Geoffroy à Lyon en 2003 ; De la vitesse, également de 2001, pour six percussionnistes, une commande d'État, des Percussion de Strasbourg et du Festival Musica où la pièce a été créée la même année (une troisième pièce de 2001, pour six percussionnistes, Rheumics, commandée par les Percussions de Strasbourg et le Festival Présence ne figure pas sur ce cédé). Enfin, une pièce de 2012, commande de l'ensemble Sixtrum, pour six percussionnistes, créée en 2013 à Montréal : De l'itération.
L'instrumentarium est pléthorique, il y a bien entendu les vibraphones (pas de xylophones), marimbas, caisses roulantes, caisses claires, bongos, tambours, bâtons de pluie, rototoms, gongs en tous genres, wood-blocks, maracas, mais aussi des appeaux d'oiseaux (précis), sifflets à roulette, bouteilles accordées, morceaux de polystyrène, galets, sacs plastiques, shakers, guiros, putipu, etc.
Ces pièces sont pratiquement en flux continu volubile, animé, avec un timbre en constantes évolutions, coloré par le grillonnement virtuose des petites percussions, dans une grande variété d'assemblages qui révèle une imagination agile et qui maintient l'attention. C'est chantant, gai, élégant, rondement mené de bout en bout.
Philippe Leroux, De l'itération (début), extrait de la plage 1.1. De l'Itération, sextuor, 2. Les uns, trio, 3. De la vitesse, sextuor.
Jean-Marc Warszawski
15 février 2016
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