Les lumières s'éteignent sur le public et la musique retentit en fanfare du balcon au-dessus de nous, quatre instruments à vents nous donne l'aubade comme au temps des doges à Venise dans la première moitié du dix-septième siècle, entre 1601 et 1649. Le temps qu'ils redescendent sur scène, le clavecin a pris le relais. Il est bizarrement surélevé et son clavier repose sur le coffre de l'orgue positif pour reproduire un instrument à double clavier qui existait alors, nous explique Thierry Mader, obligé de jouer du clavecin debout. À sa gauche un régale à double soufflet.
Les trois autres sont aussi multi-instrumentistes, Elsa Frank aux hautbois, petits bassons, flûtes et tournebout, aussi appelé cromorne. Stéphane Tomby aux flûtes, basson et tournebout. Jérémie Passaglio, le seul à ne pas être enseignant ici, aux grands instruments : basson, flûte, hautbois et serpent. Et, ajouté à ce quatuor de musique ancienne qu'on a déjà apprécié sur la scène du conservatoire, Clément Carpentier à la sacqueboute (sans doute de sacquer/bouter – tirer/pousser) la première forme du trombone apparue au XVe siècle.
Un grand et beau concert à géométrie variable, combinant les différents instruments et différents timbres au jeu scénique dans l'espace, pour mieux mettre en valeur les dialogues entre instruments à vent, mis à part le clavecin. Pour des œuvres de Gioseffo Giami, Girolamo Frescobaldi, Giacomo Ganassi, Pietro Lappi, Giovanni Gabrieli, Ladovico Viadana, Dario Castello, originaires de Trévise, Lombardie, Florence, Lucques..., Adam Jarzebsky, de Varsovie, et Marco-Antonio Ferro, de Vienne, mais tous joués à Venise au centre de cette rose des vents magique. Un beau nom pour cet ensemble de musique ancienne à cinq points cardinaux.
Au conservatoire de Caen mardi prochain, Sibelius par l'Orchestre de Caen dirigé par Vahan Mardirossian.
Alain Lambert
21 novembre 2017
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