Les Oiseauxd'Aristophane. Photographie © Théâtre national de Toulouse.
L'oiseau vert il y a deux ans des mêmes, metteur en scène et traductrice du Théâtre national de Toulouse, avait moins de force sans doute à cause du moindre intérêt du texte du XIXe. Ici on remonte aux origines de la comédie, il y a plus de 2400 ans, où les dieux, les politiciens corrompus, les rimailleurs et charlatans d'Athènes en prennent pour leur grade...
Et où musique et poésie se répondent dans les chants des oiseaux, comme celui de la Huppe :
Epopopoï popoï popopopoï popoï Io Io Ito Ito.
Venez, venez, mes frères ailés,
Qui picorez les champs des paysans.
Vous, mangeurs d'orge et ramasseurs de grains,
Envolez-vous au doux son de ma voix,
Vous tous, qui dans les prés tout juste labourés gazouillez :
Tio Tio Tio Tio Tio Tio Tio Tio.
Oiseaux qui picorez le fruit du lierre, dans les jardins,
Oiseaux des montagnes qui volez l'olive sauvage et l'arbouse,
Mes amis, mes amis, accourez à ma voix.
Trioto Trioto Triotobrix.
Oiseaux du marais nourris de moustiques à la trompe aigue,
Oiseaux des terrains couverts de rosée,
Oiseaux de la plaine de Marathon.
Et toi, l'oiseau à l'aile chatoyante : francolin, francolin.
Venez, vous qui volez sur les vagues de la mer avec l'Alcyon,
Venez, il y a du nouveau.
Venez vous rassembler, oiseaux au long cou,
Un homme a des idées. Venez.
Ici Ici Ici Ici
Toro Toro Toro Toro Tix.
Kikavaoû, Kikavaoû
Toro Too Toro Li Li Lix.
Il y a aussi des intermèdes électros, des percussions de Joan Cambon, un peu de flûte ou de lyre... Mais surtout, avec les costumes imaginés par Laurent Pelly, ces plumes en éventail de bois qui bruissent et percutent au long des déplacements et chorégraphies aviaires, tout un matériau sonore qui accompagne la pièce d'Aristophane.
Une scénographie sobre, des rochers en lattes de bois, une déesse qui descend du ciel et y retourne en pleurant, et une petite vingtaine d'oiseaux (dont 7 élèves de l'atelier du TNT) de toutes les espèces et de toutes les couleurs qui cohabitent sans se plumer dans Coucouville-les-Nuées, entre la musique des mots et le bruissement des ailes et des becs, on retrouve un texte acerbe qui fait parfois penser à Molière ou à Jarry, les lointains descendants.
On pourra les réentendre à Marseille du 13 au 17 juin.
Au théâtre de Caen, le dernier spectacle sera l'opéra de Vivaldi Arsilda regina Di Ponto les 13 et 15 juin.
Alain Lambert
31 mai 2017
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Mardi 3 Septembre, 2024