Amazing Keystone Big Band, « Le carnaval jazz des animaux » : en fanfare !

Amazing Keystone Big Band. Photographie © P. Penicaud.

Théâtre de Caen le 10 février 2017, par Alain Lambert ——

Ce superbe big band de 17 musiciens de la jeune génération du jazz a trouvé une bonne façon d'amener un nouveau public vers cette musique, enfants et parents, en piochant dans le répertoire de la littérature musicale pour la jeunesse. D'abord Pierre et le loup, puis Le carnaval des animaux de Saint-Saëns, écrit pour le mardi-gras 1886, fêté chez un violoncelliste nommé Lebouc !

Dans le conte écrit par Taï-Marc Le Than, un loup fort fanfaron y raconte ses mésaventures pour infiltrer la fête des animaux, sans rapport avec le texte de Francis Blanche [à découvrir sur le site] qui se contentait de décrire le poème musical de Saint-Saëns. Ici, le comédien, Sébastien Dénigues, d'abord installé dans son beau fauteuil rouge, accompagne les différents moments musicaux, dans une mise en scène habile des différents instruments, et des instrumentistes.

Ce carnaval jazz dure presque deux fois plus longtemps que l'original, pour le plaisir des petits et des grands. Les animaux pour la plupart ont changé de voix, le lion est un trombone, la tortue un sax ténor, et l'hémione un sax alto... Mais on retrouve avec plaisir les grands thèmes, Aquarium, Fossiles, Le cygne... dans un habillage différent, développé, improvisé, puisé dans les diverses étapes de l'histoire du jazz, du New-Orleans au Free Jazz en passant par le Be-Bop, le Funk ou la Samba. Le tout avec une quadruple direction musicale : Fred Nardin au piano, Jon Boutellier au sax, Bastien Ballaz au trombone et David Enhco à la trompette.

Et cette initiation ludique aux jazz se poursuit dans une deuxième partie, plus courte, avec deux thèmes de Django joliment arrangés, avec Thibaut François à la guitare : Troublant Boléro et Tears. Comme un souvenir ébloui de ce qu'aurait pu être la rencontre ratée de Django et de l'orchestre du Duke en Amérique en 1946. Le big band enregistrait d'ailleurs, le week-end dernier, un cédé qui va surement bénéficier de la sortie du biopic consacré au guitariste légendaire, et présenté à la Berlinade cette semaine.

En final un thème de Monk, Green Chimneys, que le tromboniste Alois Benoist a amplifié dans les décalages rythmiques et les dissonances en jouant de toute la palette orchestrale. Un coup de maître pour un premier essai. Pour les saluts, un joyeux défilé en fanfare dans le théâtre.

Un beau concert tout public qui sera à Lyon à la fin du mois, puis en mars au Perreus sur Marne, Angoulême, Grasse, Lens et Vitrolles.

Au retour des vacances d'hiver, le théâtre de Caen accueille la création de l'Orfeo de Monteverdi par les Arts Florissants le 28 février. Puis Péiades, une chorégraphie d'Alban Richard avec les Percussions de Strasbourg les 3 et 4 mars.

Alain Lambert
février 2017