Le voyage de Tatihou en calèche. Photographie © Patricia Segretinat.
Pour aller sur l'île de Tatihou,au bout du Cotentin, on peut marcher quand le coefficient de marée le permet. Et si on est invalide, le bateau amphibie peut vous transporter par terre et par mer, entre les parcs à huîtres et les nuages. Mais depuis une semaine, l'amphibie est handicapé lui aussi, il ne peut plus rouler, juste voguer. Ce sont les calèches du Cotentin qui font la navette pour amener à bon port ceux qui ont du mal à marcher, comme notre photographe. Une double calèche avec trois beaux percherons, Victor, Aurore et Tamise la brune. Et un accordéoniste inspiré qui agrémente le voyage de chansons de marins, de Tourlaville, de Senneville ou d'ailleurs.
L'accordéon marin. Photographie © Patricia Segretinat.
Une fois atterris, Fanfaraï accueille les festivaliers. Il y a 1 200 places sous le chapiteau. Presque autant que de mouettes sur l'île qui a gardé, restauré, son visage du xviie siècle.
Fanfaraï sur l'ile. Photographie © Patricia Segretinat.
Comme en 1759, quand trois navires anglais débarquèrent à Cherbourg plus de 700 Acadiens déportés de leur province canadienne, déportation tragique connue sous le nom de « Grand Dérangement ». Beaucoup moururent, d'autres partirent vers le Poitou avant de regagner l'Amérique, en Louisiane.
Certains restèrent et s'intégrèrent, ceux dont les patronymes sont Hébert, Quentin (ma grand-mère paternelle), Simon, Grange, Vigier, Lamoureux, Olivier... et peut être Richard.
Et aujourd'hui, le cousin Zachary Richard est venu de Louisiane avec un guitariste de Lafayette, comme lui, un bassiste et un clavier de La Nouvelle-Orléans, et un batteur de Québec, nous chanter le monde vu de là-bas. En français, en « cadien », ou en anglais.
Nous l'enchanter, même s'il est parfois sombre, avec les puits de pétrole qui noient les oiseaux, le manque de respect entre les humains. Le travail, trop dur. Aussi la beauté du lac Bijou, le plaisir de laisser le bon temps rouler, de faire les amis danser le swing de la « crovisse » par exemple, et le public bouge, et chante tout ravi.
Zachary Richard et son blues band. Photographie © Patricia Segretinat.
Une belle voix bluesy, comme son harmonica, parfois gospel aussi, des textes emballants, épatants, émouvants. L'Amérique en français, comme au Québec. Un orchestre blues-rock au top, capable de toutes les nuances entre ballades, boogie-woogie et zydeco blues. Avec un beau duo d'accordéons, cajun et chromatique.
En rappel, Travailler c'est trop dur, repris d'une seule voix par tout le monde. En cette année de loi travail, quel beau symbole !
Merci cousin Zachary, et à bientôt, puisque tu vis de l'amour et que tu espères devenir vieux.
Duo d'accordéons. Photographie © Patricia Segretinat.
Demain, on reste à quai pour aller en Irlande.
Alain Lambert
18 août 2016
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Vendredi 30 Août, 2024