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The Phantom of the Opera hante l'ouverture de la saison lyrique à l'opéra de Monte-Carlo

The Phantom of the Opera

Monaco, 23 octobre 2016, par Jean-Luc Vannier ——

Plus un appetizer qu'une ouverture. L'opéra de Monte-Carlo inaugurait, samedi 22 octobre, sa saison lyrique par un « ciné-concert » : The Phantom of the Opera, un film de Rupert Julian de la fin des années vingt sur une musique improvisée au piano par Jean-François Zygel. Un film muet qui a donc rendu impérative une prise de parole sous la forme d'introductions successives de Jean-Louis Grinda, le Directeur de l'opéra, de Vincent Vatrican, Directeur des archives audiovisuelles en Principauté et du talentueux — mais intarissable — pianiste Jean-François Zygel.

Idée certes originale qui a permis de découvrir, inspirée du livre de l'avocat-reporter-romancier Gaston Leroux (1868-1927) publié en 1910, cette œuvre cinématographique dans la version, « noir et blanc et teintée », restaurée de 1929 de la firme Universal. Laquelle reconstitua en studio les décors de l'opéra Garnier de Paris. Les acteurs américains Lon Chaney — l'homme aux mille visages — et Mary Philbin incarnent dans ce film d'épouvante, sorte d'ancêtre préhistorique de Blair Witch Project, Erik le fantôme et la cantatrice Christine Daae : deux caractères forcément surjoués dans la tradition de l'époque mais qui respectent finalement ce que Léon Blum, alors critique à Comoedia écrivait sur un autre ouvrage de l'auteur du « Mystère de la chambre jaune » ou du créateur du célèbre « Chéri-Bibi » : « Tout est combiné si justement dans cette histoire qu'on peut la prendre, selon son goût, pour un conte de sorcellerie ou pour un drame réel ».

The Phantom of the Opera Une vue du film de Rupert Julian. Photographie © D. R.

Le pianiste Jean-François Zygel se démène justement comme un beau diable pour accompagner avec le rythme adéquat et la juste tonalité, les 93 minutes d'images. Peut-être regretterons-nous, compte tenu de son talent de compositeur et d'improvisateur, talent consacré par une Victoire de la Musique en 2006, qu'il soit demeuré dans une approche classique de l'ornement musical. Il élabore certes avec soin un arrangement du grand air de Marguerite du Faust de Gounod ou de La Marseillaise au moment où, derrière la figure énigmatique du Persan, se dévoile l'officier de la police secrète française ! Mais les scènes collectives sont ponctuées par des accords traditionnels, certes conformes à ce qui était susceptible d'être entendu à l'époque mais qui ajoutent un peu à l'engourdissement dû aux jeux scéniques complètement surannés. À l'issue de la projection, Jean-François Zygel se rattrape brillamment en dédiant à la mezzo-soprano Cecilia Bartoli, présente dans le public, une magnifique sérénade aux harmoniques pastel et aux subtils palimpsestes tonals.

Un détail du film intrigue : à la poursuite du fantôme, l'officier de la police secrète ordonne au vicomte Raoul de Chagny de « garder la main droite haute, question de vie ou de mort ». Sans doute en raison du nœud coulant de l'étrangleur qui sévit dans les sous-sols de l'opéra. Dans le roman, il est en revanche écrit : « La main haute, prête à tirer ! » répéta hâtivement le compagnon de Raoul. Pas d'armes à feu dans le scénario américain. Une autre époque !

Monaco, le 23 octobre 2016
Jean-Luc Vannier


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Vendredi 30 Août, 2024