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Les ricercari de Giovanni Bassano par la Guilde des mercenaires

Giovanni Bassano, Ricercare per strumenti insienne, La guilde des mercenaires. Encelade 2016 (ECL 1501).

5 novembre 2016, par Jean-Marc Warszawski ——

Giovanni Bassano est peut-être né à Venise en 1560 ou 1561, il y est mort 58 ans plus tard au printemps 1617. Il appartenait à une dynastie de musiciens dont une partie fit carrière en Angleterre, ce qui explique, encore « peut-être », que Thomas Morley publia en 1597 ses Canzonets or Little Short Songs to Foure Voyces, publiées 10 ans plus tôt en, Italie.

Il est un instrumentiste (un instrument à vent) et un chef d'orchestre très demandé, dirige l'orchestre de la basilique San Marco, et des ensembles lors de festivités dans bien des églises de Venise, il est un compositeur, polyphoniste de qualité. En 1585, il publie un traité pour expliquer sa technique de l'ornement et donne des exemples. En effet, il s'attache à orner de bout en bout une des voix du contrepoint, ce qui pour effet de la faire ressortir comme voix soliste, et de transformer le reste du contrepoint en accompagnement. Ce qui est théoriquement fort attirant pour le considérer comme un des précurseurs de la monodie accompagnée, qui s'imposera avec la seconda prattica de Monteverdi, son contemporain, maître de la musique de San Marco dès 1613. Bassano est également un arrangeur, il publie en 1591 un recueil de motets et de chansons de Willaert, Clemens non Papa, Crecquillon, Lasso, Rore, Striggio, Palestrina et Marenzio, arrangés selon sa technique.

Polyphoniste monodiste ? Monodiste polyphoniste ? Ce cédé, purement instrumental, penche plutôt vers ce dernier point de vue.

Le répertoire est puisé dans les exemples du traité de 1585 (8 ricercari), quelques fantaisies de la même année, et l'ouvrage des arrangements de 1591. De la musique profane, avec quelques pièces ecclésiastiques (sans paroles).

On ne discutera pas les justifications historiques qui n'en sont pas, pour goûter les choix musicaux, indiscutables, qui font de ce cédé un moment de musique fort agréable. Bassano aimait la mélodie. Les choix instrumentaux judicieux de ces 23 numéros apportent une diversité bienvenue.

Emmené par Adrien Mabire, un trompettiste tombé dans le cornet à bouquin des temps anciens, La guilde des mercenaires est composée de Jérémie Papasergio (anches), Karolina Herzig (harpe et clavecin), Sandrine Dupé (violon), Elsa Franck (flûte à bec et anches), Marc Wolff (archiluth), François Lazarevitch (traverso), Jean-Luc Ho (orgue, clavecin).

Susanne un jour (d'après Orlando di Lasso). Extrait, plage 1.

 

1. Susanne un jour (d'après Orlando di Lasso).

2. Ricercata prima.

3. Fantaisie 8.

4. Caro dolce ben moi (d'après Andrea Gabrieli).

5. Ricercata secunda.

6. Tota pulchra es (d'après Palestrina).

7. Frais et gaillard (d'après Clemens non).

8. Ricercata terza.

9. fantaisie 5.

10. Ancol che col partire (d'après Cipriano de Rore).

11. Ricercata quarta.

12. Fantaisie 11.

13. Oncques amour (d'après Thomas Crecquillon ou Jacobus Clemens non Papa).

14. Ricercata quinta.

15. Un gay bergier (d'après Thomas Crecquillon).

16. Ricercata sesta

17. Fantaisie 20.

18. Benedicta es (d'après Palestrina).

19. Fantaisie 17.

20. Ricercata settima.

21. La rose (d'après Adrian Willaert).

22. Fantaisie 18.

23. Ricercata ottava.

Le Livret comporte une petite (une imprécision en fait) et une moins petite erreur, qui relèvent de la confusion sur le patronyme du compositeur.

Il est vrai que dans le second livre de son Syntagma musicum (1618) Michael Praetorius (un contemporain de Giovanni Bassano) attribue l'invention des baßanelli, une famille d'instruments à doubles anches (sortes de bassons) à « Iohannis Bassano, un ancien musicien et compositeur de Venise ». Mais l'inventeur serait plutôt le père, qui a déposé une patente pour un nouvel instrument le 13 juin 1582, ou en 1503, par Jeronimo Bassano, l'arrière cousin installé à Londres, également instrumentiste et compositeur. Identifié dans quelques rares inventaires, il ne reste aucun témoin historique de cet instrument, reproduit par Olivier Cottet sur la foi des dessins de Praetorius, joué ici (soprano et alto) par la mercenaire Elsa Franck.

La moins petite erreur concerne l'évocation du célèbre tableau de Véronèse, Les noces de Cana, immense tableau peint pour le monastère de San Giorgio Maggior à Venise, aujourd'hui exposé au Louvre. Au tout premier plan, comme faisant une haie d'honneur à Jésus et à Marie attablés, il y a un groupe de musiciens (différentes violes, cornet, violone, trombone), dont les traits seraient ceux de célèbres peintres dont lui-même Véronèse, Tintoret, Titien, et Bassano tenant le cornet. D'une part, se rapprochement est du poète Marco Boschini en 1674, rien ne permet de le vérifier, d'autre part ce tableau a été livré en septembre 1563, Giovanni Bassano avait 2 ou 3 ans, ou 5 si on accepte 1558 comme date de n'aisance qu'on peut voir ici et là. Mais selon Marco Boschini, il s'agit de Jacopo Bassano (ou Bassano da Ponte), le peintre (1510-1592).

Jean-Marc Warszawski
5 novembre

 

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