Mahan Esfahani. Photographie © Bernhard Musil.
Décidément ça déjante sec en Colognie. Après un Nouvel An où une horde de jeunes cons en bordée avaient importuné et volé des femmes à grande échelle, voici que le public de la philharmonie de Cologne perd le contrôle et naufrage un concert.
Dimanche dernier, au cours d'un concert à abonnements à la Philharmonie, le Concerto Köln proposait un programme peu habituel pour lui, confrontant passé lointain, passé presque présent et présent à peine passé, avec des pièces de Johann Sebastian et Carl Philipp Emanuel Bach, de Fred Frith, Henry Mikolaj Górecki et Steve Reich.
L'élément de cohérence était le claveciniste virtuose iranien Mahan Esfahani, résidant à Londres, prenant part à l'ensemble du programme :
Johann Sebastian Bach, fantaisie chromatique et fugue en re mineur BWV 903 pour clavier, Fred Frith, Episodes de 2007, pour ensemble baroque, Johann Sebastian Bach, concerto pour clavecin, cordes et basse continue en re mineur BWV 1052, et après l'entracte, Henryk Mikołaj Górecki, concerto pour clavecin et cordes opus 40, de 1980, la pièce Steve Reich, Piano Phase de 1967, pour deux claviers dans une version clavecin et bande magnétique, Carl Philip Emanuel Bach, concerto pour clavecin et cordes en re mineur Wq 23.
La pièce répétitive de Reich a été le prétexte pour le public, déjà enivré de re mineur, de vriller en hystérie, de demander par provocation au claveciniste qui présentait la pièce en anglais de bien vouloir le faire en allemand, puis de partir en un chahut qui a interrompu le concert, l'artiste ne pouvant achever la pièce. Ce qui lui valut quelques applaudissements, des sifflets, des rires forcés et autres incongruités.
Mahan Esfahani, énervé s'est adressé au public resté en place « De quoi avez-vous peur ? ». Il a souvent joué cette œuvre en concert et n'a jamais connu une telle réaction du public. « Vous devriez être contents d'entendre une telle musique qui est interdite dans mon pays ». Calmé, il a regagné la scène et achevé le concert (concerto de Carl Philip Emanuel Bach, plus un bis), pour les fidèle, ou ceux qui voulaient en avoir pour leur argent.
« Je crois que je serais accouru sur scène pour soutenir l'artiste », a déclaré Louwrens Langevoort, le directeur de la Philharmonie qui ne pouvait être présent, et qui ne s'attendait pas à une telle réaction, qui a passé les bornes de la politesse, pour une pièce de Steve Reich. Même quand une pièce ne plaît pas, il semble possible de rester tranquille 20 minutes. Et de faire une relation avec le souvenir de réactions à la fin des années 1960 à des pièces de Stockhausen jouées à Amsterdam.
Comment une telle réaction est-elle possible ? Ce public croit-il que l'histoire de la musique s'est arrêtée un peu après Bach ? Quoi qu'il en soit, la Philharmonie a de nouveau invité Mahan Esfahani pour le 1er mars 2017, et assure-t-on, il jouera du Steve Reich.
Jmw
d'après la presse allemande, dont :
Kölner Stadt Anzeiger
Spiegel Online
Berliner Zeitung
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Mercredi 9 Décembre, 2020