Les héritiers de Francis Poulenc et de Georges Bernanos menacent la création en Bavière

 

Qu'en est-il de la liberté de création ? L'interdiction; par un tribunal d'appel; de diffuser de l'enregistrement des Dialogues des Carmélites mis en scène par Dmitri Tcherniakov à l'Opéra national de Bavière de Munich, n'ouvre certainement pas de débat, comme on l'a écrit ici ou là, mais le clôt, alors qu'il paraît évident qu'aucun tribunal ne devrait accepter la compétence de juger de telles affaires, qui sont du domaine des discussions et polémiques esthétiques.

L'Opéra de Bavière a annoncé la reprise de cette production de 2010 (elle était sous la direction de Kent Nagano avec une magnifique distribution) ce qui est tout à son honneur. Mais là encore, les héritiers menacent, et exigent des modifications de la mise en scène et promettent d'en interdire les représentations.

Ils pensent que Dmitri Tcherniakov dénature le sens original de l'œuvre, alors que ni une note de la partition ni un mot du livret ne sont changés ou omis.

Dans la pièce, les religieuses sont exécutées une à une, ce qui est le sens de l"œuvre selon les héritiers, alors que Tcherniakov en fait une parabole religieuse, et seul le personnage central meurt pour les autres.

Selon Nikolaus Bachler, le directeur de l'Opéra, la mise en scène est une libre interprétation inspirée de la vie et non des injonctions judiciaires. Il n'y aura pas de modification des cinq représentations prévues du 23 janvier au 1^er février.

Déjà, la reprise parisienne de cette production avait donné lieu à procès, mais deux tribunaux avaient rejeté l'interdiction. Cependant, la distribution du DVD et de l'enregistrement télévisuel est interdite.