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13 juin 2016, par Alain Lambert ——

Laurence Malherbe, Excursus  « Winterreisefragments » : une schubertiade électrique !

Laurence Malherbe

Laurence Malherbe, Excursus : Winterreinsefragments. Marcal Sound 2016. Laurence Malherbe (voix et componium), Laurent David (basse), Faro (guitare), Éric Groleau (batterie), Antoine Delecroix (prise de son et mixage).

Chanteuse lyrique ayant frayé avec le rock et le jazz, Laurence Malherbe, suite au cédé « Schubert transgression », continue sa relecture du compositeur romantique avec une adaptation inouïe du Voyage d'hiver, pour la moitié des Lieder, composés un an avant sa propre disparition, en 1827, sur des poèmes de Wilhelm Müller, décédé cette année-là.

Les plus sombres aussi, tout à fait dans l'ambiance gothique des illustrations du cédé, montrant le groupe au milieu des brumes et des ruines. Laurence Malherbe au chant et au centre, Laurent David à la basse et aux arrangements, Faro à la guitare, Éric Groleau à la batterie, et musicien lui aussi, Antoine Delecroix au son.

Le premier Lied, Gute Nacht et le dernier, Der Leiermann, sont bien à leur place, mais les dix autres ont été redisposés selon une progression propre à leur nouvelle couleur musicale et dramaturgique.

Après le bonsoir et le dernier repos, la marche fatale reprend, vite engourdie par le froid ou l'inondation, vers le fleuve bientôt figé. Le printemps n'est plus qu'un rêve quand le gel envahit tout, même les larmes du marcheur. Que le corbeau suit à la trace, dans l'attente d'un festin possible. Le regard en arrière se fait vers le passé, mais aussi vers le village et les lointains abois, une fois passé le dernier poteau indicateur. On entend encore un peu les notes du joueur de vielle,  laissé dehors, pieds nus dans la neige, tournant machinalement sa manivelle, tissant pour quelque temps encore la mélodie d'une vie bientôt enfuie.

La voix profonde de la chanteuse, dans une alchimie funambule tout à la fois rock et lyrique, plus cantatrice  pour Erstarrung, s'enveloppe dans une musique atmosphérique très rythmée, qui scande inexorablement ce long voyage. Du rock progressif un brin heavy métal plus que cold wave, dans l'ensemble.

Avec une pause au componium, boîte à musique cristalline, au début de Frühlingstraum, avant que le songe printanier ne s'évanouisse. Et sur l'évocation du corbeau, Die Krähe.

Une recréation étonnante, vocale et instrumentale, par un groupe dont le nom latin, excursus, signifie à la fois course en dehors, digression ou divagation hors sujet, une polysémie qui en dit long.

Erstarrung (plage 3) extrait.

1 – Gute Nacht, 2 – Rast, 3 – Erstarrung, 4 – Wasserflut, 5 – Auf dem Flusse, 6 – Frühlingstraum, 7 – Die Krähe, 8 – Gefrorne Tränen, 9 – Rückblick, 10 – Im Dorfe, 11 – Der Wegweiser, 12 – Der Leiermann

Alain Lambert —
13 juin 2016
© musicologie.org

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