Caen, 15 mai 2016, par Alain Lambert ——
L'Orchestre Debout de Caen en répétition le 69 mars devant le Conservatoire. Photographie © Claude Boisnard.
Tous les dimanches, depuis le premier mai, s'il fait beau, un orchestre éphémère, ouvert à tous les musiciens, se réunit à 19h sur le parvis du conservatoire de Caen, pour répéter deux ou trois morceaux, avant de gagner la place de Mars, anciennement Saint-Sauveur, pour rejoindre les participants de Nuit Debout, et rejouer leur mini-programme, debout.
Hier dimanche 76 mars, alors que les musiciens de la KIC, le collectif des intermittents du Calvados, jouent assis dans un coin de la place, alors que d'autres, groupés en rond, débattent de la nocivité des marchés transatlantiques, la vingtaine de musiciens de l'orchestre debout s'installe plus bas. Une Danse hongroise de Brahms, un Toréador de Bizet en forme de mise en garde, et en rappel le premier morceau bissé.
Puis les musiciens discutent avec les spectateurs.
Car depuis fin mars, le conservatoire est en lutte contre les projets drastiques de la mairie et de l'agglo de Caen, avec en moments forts deux grèves le 30 mars et le 19 avril avec son concert aménagé [voir le message d'Isabelle], la perturbation fin avril du conseil communautaire de Caen la mer [voir leur revue de presse]. Sans oublier une pétition urgente, pour atteindre les 5000 signatures [voir la pétition].
Au début du concert du mardi 10 mai au conservatoire de Caen les personnels ont lu, par la voix de leur représentant, un texte pour expliquer les raisons de leur colère depuis plus d'un mois, malgré les déclarations prétendument rassurantes de Joël Bruneau, le maire de Caen :
L'orchestre Debout de Caen le 76 mars, place de Mars à Caen. Photographie Alain Lambert.
en effet, une économie de 300 000 à 400 000 € est toujours d'actualité pour l'année prochaine, mettant en péril cet ensemble pédagogique et de diffusion dans son intégrité et sa spécificité... Si des négociations ont débuté, suite aux revendications que nous avons réussi à faire entendre, aucune assurance, à ce jour, d'un maintien réel et solide de la structure Conservatoire-Orchestre de Caen sur la base de ce qui existe actuellement, ne nous est encore parvenue de la part de nos élus... Nous ne sommes pas, par principe, contre des évolutions de la structure Conservatoire-Orchestre de Caen, nous ne sommes pas, par principe, contre les idées, nous réclamons même la possibilité d'avoir des idées, et de la pensée, un peu visionnaire, car ça ne ferait pas de mal, et non juste des calculs comptables. Nous refusons ce lieu commun des économies soi-disant « nécessaires » (nous rappelons qu'il y en a déjà eu depuis deux ans, et non négligeables), nous refusons de voir l'orchestre mourir à petit feu, nous refusons de voir notre enseignement prendre le risque de se déliter vers ce qui pourrait s'apparenter à de la simple animation. Alors, oui, nous sommes dans un refus. Mais derrière ce non se cache une affirmation. Nous disons oui à une culture vivante faite par des artistes vivants, oui à une diffusion au plus grand nombre, oui à un enseignement exigeant mais de qualité, oui à un orchestre symphonique, oui aux spectacles de danse, de théâtre, aux concerts tous les mardis…
Dans une lettre ouverte publiée fin avril, le collectif des personnels explique que, selon M Bruneau, un élève au Conservatoire de Caen « coûterait » 4 170 € contre 3 616 € à Nantes, chiffres contredits par un document émanant de Caen la mer daté de 2014, qui évalue ce coût à 3 340 € (d'autant que depuis 2014, les budgets ont baissé [de 8%] et les effectifs ont augmenté).
Et reprocher au conservatoire son élitisme, c'est oublier également que, chaque année, plus de 4 000 enfants de l'agglomération bénéficient d'une sensibilisation à la musique à travers les actions pédagogiques de l'Orchestre de Caen, et les mini-concerts délocalisés pour les familles. Que le pass est de 110€ pour tous les concerts, soit une quarantaine avec l'orchestre de Caen et/ou des invités de qualité. Et de 20€ pour les élèves du conservatoire. Si l'accès à la musique du conservatoire n'est pas facile pour tous, ce n'est pas en augmentant le prix d'entrée et en diminuant sa diffusion qu'on en facilitera l'écoute.
Concrètement, selon le collectif, il n'y aura plus de saison musicale structurée autour de la dynamique des mardis en musique et ce pour une économie dérisoire pour l'agglomération.
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Mercredi 9 Décembre, 2020