Photographie © Alain Lambert.
Ifs, 4 juin 2016, par Alain Lambert ——Un festival d'après-midi sur l'esplanade de l'espace Jean Vilar d'Ifs, avec des musiciens de la région (Italie, Turquie, Québec, Balkans) et le soir en salle avec deux grands spectacles.
D'abord la compagnie Mbongui Bantu du chorégraphe, danseur et musicien Aimé Kifoula, originaire du Congo et installé sur Caen depuis maintenant 20 ans.
Son nouveau ballet renouvelle les précédents, avec un comédien griot, 4 danseurs et cinq musiciens, toujours dans l'heureux mélange de tradition et de modernité, sur fond de textes en lingala et en français, repris et répétés tout au long du spectacle, avec des chants intercalés.
Une ambiance envoûtante est créée, qui ajoute la musique des mots, psalmodiés ou chantés, à celle des percussions. Les textes en français rappellent un peu les textes des poètes de l'africanité (Senghor a vécu et fini sa vie à quelques kilomètres d'ici, et son poème Congo est un emblème) ou des poètes noirs américains.
Des percussions émergent la flûte peul et le n'goni de Oua Anou Diarra, le jeune burkinabé qui a fait un tabac à la nuit des cultures de Caen [voir notre chronique] et le sax alto de Patrick Martin.
Photographie © Alain Lambert.
Les danseurs sont ici chanteurs et percussionnistes, parfois jongleurs ou acrobates. Et quand ils perdent la voix ou leur instrument, bâton ou tambour, ils vacillent, tournent en rond, chutent et se retrouvent confrontés à la pesanteur, au poids du corps qu'il faut toujours remettre droit pour continuer à cheminer.
En seconde partie, une troupe de gitans et provençaux arrivés chez nous malgré les problèmes de trains. Et habitués depuis deux ans des scènes régionales (Moz'aique au Havre, théâtre de Caen, Tatihou...), grâce au FAR, l'agence musicale régionale, consultée pour la programmation.
Un spectacle à la fois différent du précédent, et proche, par le jeu de la tradition et de la modernité, dont Martial Paoli au piano qui offre une autre résonance, entre jazz et classique. Mais le pauvre a du faire avec un instrument un peu moyen et trop amplifié.
Photographie © Alain Lambert.
Florence Deleria, la danseuse, est aussi une excellente chanteuse et percussionniste, faisant des pieds et des mains avec fougue.
Le chant profond et grave de Tchoune Tchanelas, hérité des cultures gitane et arabo-andalouse, prend immédiatement aux tripes.
Sans oublier la magnifique guitare de Pepe Fernandez.
S'ajoute aussi parfaitement à cet ensemble captivant un chanteur de tradition provençale (en occitan, Aimé Brees).
Une première édition prometteuse qu'on espère retrouver l'an prochain.
Avant la reprise des musiques du monde dans les foyers du théâtre de Caen à la rentrée, les traversées Tatihou vous feront voyager du 9 au 21 août tout au bout du Cotentin [voir le programme].
Alain Lambert
4 juin 2016
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Mercredi 31 Juillet, 2024