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Théâtre de Caen, 23 janvier 2016, par Alain Lambert ——

Compagnie José Montalvo « Y OLE ! » : les migrants du printemps !

Y Yole, compagnie José Montalvo. Photographie Patrick Berger.

À l'heure où les barques fragiles dérivent en Méditerranée, peut-on fêter le printemps sans sacrifice ? Oui répond José Montalvo, fils de migrants espagnols réfugiés en France loin du franquisme.

Le printemps est dans l'éclatement des couleurs, des cultures, des acclimatations de tous genres, loin des fanatismes et des purismes de toutes sortes. Et la danse, métissée comme toujours avec lui, en est la preuve.

La chorégraphie est conçue comme une immense fête flamenca, où une battle propre à la danse  urbaine vient s'insérer dans le ballet, et ses divers tableaux, pendant lesquels les danseurs de tout style, y compris classique ou flamenco ou africain, ajoutent leur performance en passant.

Du hip-hop sans doute, mais du « hip-hop bizarre » comme disait, admiratif, un gamin en sortant. Tout comme le duo africain, décalé dans l'espace puisque leurs deux ombres, par la magie de la vidéo, dansent en haut du mur, sur lequel le grand arbre du monde pousse à l'envers.

L'esthétique du décalage et du métissage. On aime ou pas, mais ça fonctionne parfaitement, dans le mouvement chaotique sublimé.

En première partie, deux ans après les célébrations du centenaire, double décalage oblige, un Sacre du printemps festif sans sacrifice, où les élues en redemandent. À noter l'incroyable introduction par les talons des quatre danseuses flamencas de la danse des adolescentes des augures printaniers, la deuxième séquence du Sacre. Très fascinant aussi la séquence de mime, quand l'homme n'arrive pas à approcher l'élue.

La musique est étonnamment restituée, et les séquences se déroulent sur le décor vidéo déjà évoqué, le grand mur qui ondule sur l'écran, d'abord enraciné puis arboré, poétique et sobre à la fois, hormis le double ballet des ombres africaines.

La seconde partie, à géométrie variable, est construite, après un « concerto de castagnettes » sur un florilège de chansons espagnoles (dont El Migrante) et d'ailleurs, chantées par le cantador et les danseuses, ou de tubes anglo-saxons des années soixante ( Doris Day, Dream Of Me, Satchmo,  What A Wonderfull World...).

La fête, encore, en danses et en chansons, pendant que, sur l'écran, la Méditerranée enneigée et hivernale vient balayer la plage de façon magrittienne, sur laquelle s'est échouée une barque, entre deux rives, entre deux mondes, entre deux vies, ou la mort...

Barque dans laquelle se retrouvent, sur la scène, tous les danseurs pour le final, sortis de l'hiver pour un nouveau printemps ?

À découvrir  encore cet hiver et ce printemps à la Maison des Arts – SN de Créteil et du Val de Marne 5 et 6 février 2016 , au Théâtre Politeama, Naples, Italie : 11 et 12 février 2016, au  Théâtre Liberté, Toulon Samedi 19 Mars 2016 et au Manège, Maubeuge Jeudi 28 Avril 2016.

Quant au théâtre de Caen, danse encore en mars avec Tristan et Isolde (de Joelle Bouvier) et Lux/Glory, par le Ballet du grand Théâtre de Genève. Mais avant L'Avare, John Dowland en janvier et Avishai Cohen Trio le 4 février.

Toutes les infos sur le site.

 Alain Lambert
23 janvier 2016
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