« Casse-Noisette » par le Ballet du Grand Théâtre de Genève : une féerie post-moderne

Casse-Noisette, Ballet du Grand Théâtre de Genève. Photographie © On aura tout vu.

Caen le 28 mai 2017, par Alain Lambert ——

Dans cette nouvelle version du ballet créé par Marius Petipa et Tchaïkovski, Jeroen Verbruggen n'a pas essayé de donner une lecture déstructurée ou décalée, mais de jouer sur la féerie à l'ancienne en simplifiant l'intrigue — une jeune fille devenant femme (la cérémonie de la jupe) et révélant le prince charmant ensorcelé du même coup — et les divers personnages costumés. Il les a conviés à un grand bal costumé allégorique, ou dehors pour patiner à la belle étoile (une simple toile noire ondoyante et trouée) pour ouvrir le 2^e acte.

Le tout dans un décor mi-rococo-mi-gothique (le mausolée aux miroirs, aux horloges et aux crânes, le grand lustre et les dorures du plafond) avec des tutus bouffants à paillettes, ou tricotés, et des fracs redessinés par Livia Stoianova et Yassen Samouilov de la maison de couture « On aura tout vu ».

Surtout une réinvention des gestes de la danse classique, revisités par le vocabulaire de la danse contemporaine, y compris quelques figures au sol inspirées du Hip-hop. Et peut-être en fond une réflexion tourbillonnante et fluide, parfois en équilibre instable, sur le genre, les hommes en tutus et les femmes en frac, mais surtout sur la difficulté de grandir et de se voir changer, avec des jeux de miroirs époustouflants, et de s'accepter comme tel.

Un beau spectacle, mystérieux et aux lectures multiples, à voir encore ce samedi pour terminer l'année.

Et en janvier, côté danse, le théâtre de Caen propose My Rock de Jean Claude Gallotta et en février, du buto, avec Meguri de Sankaï Juku.

Alain Lambert
28 mai 2016