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Monaco, 20 juillet 2015, par Jean-Luc Vannier ——

Valery Gergiev ouvre les concerts du palais princier avec un lumineux Borodine et un magistral Tchaïkovski

Valery Gergiev. Photographie © D. R.

Année de la Russie à Monaco oblige, le premier des concerts d'été 2015 du Palais Princier programmait, dimanche 19 juillet dans la Cour d'Honneur, Les Danses polovtsiennes d'Alexandre Borodine et la Symphonie no 5 de Piotr Ilytch Tchaïkovski avec l'orchestre philharmonique de Monte-Carlo placé sous la direction de Valery Gergiev. Un concert auquel assistaient S.A.S. Le Prince Souverain Albert II et Madame Olga Yourievna Golodets, vice-premier ministre de la Fédération de Russie, invitée pour La Mégère apprivoisée de Jean-Christophe Maillot lors de l'inauguration officielle de cette manifestation en décembre.

Extraites de l'acte II du Prince Igor, opéra entrepris en 1869 sur un livret du compositeur pour être achevé par Rimski-Korsakov et créé au Théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg en 1890, Les Danses polovtsiennes se composent de suites orchestrales dont la puissance représentative réside dans la mixité d'harmonies, à la fois orientales et slaves, ponctuées par des rythmes alternant la ferveur la plus frénétique avec la plus langoureuse des mélodies.  L'une des plus célèbres, « la danse des jeunes filles » fut d'ailleurs reprise dans une chanson à succès par Gloria Lasso,  « Étranger au paradis », enregistrée en 1955 (avec une incroyable version « disco » en espagnol « Extraño en el paraíso » interprétée par cette native de la Province de Catalogne dans les années soixante-dix !).

Monaco, le palais princier. Photographie G. Luci.

La soirée se poursuivait avec l'exécution, magistrale, de la Symphonie no 5 en mi mineur, opus 64, de Piotr Ilytch Tchaïkovski composée en 1888 et créée le 5 novembre de la même année sous la direction de l'auteur.  Placée sous le signe du « fatum », dédiée à Johann Theodor Friedrich Avé-Lallemant (1806-1890), illustre professeur de musique ami de Johannes Brahms et de Robert Schumann, cette œuvre symphonique est la seule du compositeur à exprimer et à reprendre un thème identique dans chacun des mouvements. Si le prélude annonce cette sombre perspective avec le pupitre des vents, c'est surtout la magnifique et lancinante plainte du cor solo (Patrick Peignier) dialoguant avec l'ensemble des cordes au début du deuxième mouvement qui trahit le mieux cette douloureuse destinée de Tchaïkovski. Second mouvement qui se termine par une note tenue du premier violon solo (Liza Kerob) suscitant le sourire de contentement du maestro.

La valse de l'Allegro moderato et l'ampleur exceptionnelle du dernier mouvement, où un Andante maestoso le dispute à un Allegro vivace, offrent une démonstration de l'indicible étoffe du directeur général et artistique du Théâtre Mariinsky. Débarrassée des partitions pour les deux morceaux, armée d'une baguette aussi longue qu'un « cure-dent », la direction de Valery Gergiev ne laisse d'intriguer le mélomane : comment celui qui deviendra l'année prochaine le chef principal de l'Orchestre philharmonique de Munich parvient-il à obtenir une restitution de la musique aussi somptueuse, à la fois épurée et dense, avec des gestes directifs aussi minimalistes ? Et ce, après une petite « heure et trente minutes » de répétition en compagnie de l'Orchestre philharmonique de Monte-Carlo qui l'a néanmoins chaleureusement ovationné à l'issue de la performance. Le maestro a beau, de temps à autre, poser sa main gauche fermée sous son menton comme s'il réfléchissait intensément, il peut fredonner bruyamment les airs comme lors d'une répétition, rien n'échappe pourtant à son contrôle. Certains des instrumentistes expliquaient qu'il « agissait comme feu Lorin Maazel, en concentrant une rare énergie devant son pupitre avant de commencer ». D'autres lui reconnaissaient une « capacité expressive fulgurante à solliciter un pupitre ou un soliste avec un geste à peine esquissé ». D'autres encore disaient avoir été littéralement « aspirés, modelés même par sa volonté d'interprétation ». L'un écartait toutes ces interrogations d'une formule lapidaire : « c'est cela, le talent ! » L'orchestre était manifestement sous le charme. Et, nonobstant cette énigme sur le maestro non résolue, nous avec.

Monaco, le 20 juillet 2015
Jean-Luc Vannier
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