Naïssam Jalal & Rhythms of Resistance, Osloob Hayati. Les couleurs du son 2015.
Cinq musiciens vivant en France, à Paris, où depuis 2011 et les révolutions arabes, ils forment le quintette sans frontières « Rhythms of Resistance ». Tous venus des cinq coins du monde, du Maroc pour le saxophoniste Mehdi Chaïb, d'Allemagne pour le guitariste et violoncelliste Karsten Hochapfel, d'Italie pour le batteur Francesco Pastacaldi, de Hongrie pour le contrebassiste Matyas Szandai, et enfin de Syrie pour la flûtiste et joueuse de nay Naïssam Jalal, compositrice et auteure du poème Frontières, l'avant dernière plage du disque.
Ma musique, dit-elle, est unique et singulière d'abord parce qu'elle est l'expression de ma singularité propre : femme, musicienne, syrienne et française, arabe et européenne, à la fois nomade et sédentaire, à la recherche des traditions et de l'inconnu. Je voulais faire entendre ma voix singulière dans ce monde et en particulier dans le monde arabe.
Entre jazz et traditions musicales aussi, car toutes les musiques voisinent dans ce disque qui commence par une méditation flûtée sur le « style de vie », la traduction du titre, aussi celui du cédé, une façon de vivre revendiquée par la musicienne. Version lente du suivant, Parfois c'est plus fort que toi, où le tempo double quand les autres musiciens se joignent à la fête, parce que c'est plus fort qu'eux, avec une contrebasse et des percussions manuelles qui vont bientôt adopter un rythme gnawa, après l'improvisation rêveuse de la guitare.
Nomades, ensuite, nous emporte dans des steppes lointaines, où le violoncelle a remplacé la guitare, et où la flûte tournoie comme une derviche, pour s'élever de plus en plus haut, propulsée par le jeu sursoufflé, et les autres instruments, très répétitifs. Étrange Samaaï continue la route avec le violoncelle, puis le nay prend le relais.
Alors que dans Visite matinale, quand la guitare revient, la contrebasse reprend la main, et le sax s'enroue à son tour comme une flûte orientale. Enfin le voyage, après le prélude du poème Frontières, se termine par Beirut où flûte et contrebasse se déplacent lentement dans la ville fantôme, parfois rejointes par d'autres ombres au milieu des sonnailles agitées par le vent. Puis la vie reprend le dessus, l'errance fait place à la danse, puis à la transe collective.
Un superbe cédé, aux horizons multiples, qui sera présenté au Café de la danse à Paris le 4 juin.
Alain Lambert
17 avril 2015
Tous ses articles.
1. Oslob Hayati, 2. Parfois c'est plus fort que toi, 3. Nomades, 4. Étrange samaaï, 5. Visite matinale, 6. Om alshahid, 7. Frontières, 8. Beirut.
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