29 octobre 2015, par Eusebius ——
Page de titre de ce qui deviendra la première des pièces de l'Anh. 14. Photographie © Eusebius.
Depuis les années 1820, une petite pièce pour piano, universellement connue, insignifiante, est attribuée à Beethoven. Ce n'est pas la lettre à Élise — bagatelle WoO 59, für Elise — mais la valse Le désir, ou, dans certaines éditions allemandes Sehnsuchtswalzer (Valse de la nostalgie). Elle fut en effet publiée par Böhme à Hambourg, puis Fischer à Francfort-sur- le Main dans les années 1820, enfin par beaucoup d'autres1.
Sa célébrité a été amplifiée par la publication en 1828 par Schott, à Mayence2, de Six valses et une marche funèbre pour le piano, avec pour sous-titre Souvenir à Beethoven (sic). Tout est dans la préposition « à », puisqu'aucune des pièces n'est de la main de Beethoven, si ce n'est la marche funèbre, finale3. C'est la raison pour laquelle le catalogue thématique des œuvres de Beethoven (Kinsky, Halm) signale ce cahier sous la rubrique « Anhang » [supplément] au no 14. La première valse, le désir, vient directement de Schubert, copiée telle quelle, dans sa tonalité originale de la bémol majeur, empruntée à son opus 9 (D.365) dont elle constitue le no 2 (4). Les trois suivantes du cahier de 1828 portent aussi un sous-titre : Schmerzenwalzer (valse des douleurs) pour la deuxième et Hoffnungswalzer (valse de l'espérance) pour la suivante. Les dernières en fa majeur et en re bémol n'ont aucun surnom.
Page de titre de ce qui deviendra l'Anh.14 no 3 © Photographie © Eusebius.
Or, un petit volume acquis récemment en Allemagne, avec une étiquette d'inventaire Schloss Neuweier no 42665 comporte dix pièces pour piano-forte et, à la suite, les parties d'un quadrille de Louis Jullien (1812-1860) La belle bouquetière, pièce populaire souvent transcrite en son temps. Trois des dix pièces pour piano-forte sont attribuées à Beethoven et ne sont autres que celles que l'on retrouve aux premiers numéros du recueil de 1828, toutes également éditées par Schott. Aucune ne semble avoir retenu l'attention des spécialistes.
La valse Le désir éditée par les fils de B.Schott, placée en 6e position, porte le cotage 2473, ce qui permet de situer sa publication vers 1826, postérieurement à Böhme et à Fischer. Les deux autres, par contre, sont de beaucoup antérieures. Celle portant le no Anhang 14/2, Walze Favorite pour Piano-Forte a été la première publiée (cotage 742) donc vers 1812. La 3e du recueil de 1828 apparaît en tête de ce petit volume : Favorit Ländler für das Piano-Forte, cotage 1422 (vers 1820).
L'attribution fautive — sûrement intéressée — est donc ancienne. Pour autant leur auteur demeure inconnu à ce jour. Qui aidera à la résolution de cette énigme ?
Page de titre de ce qui deviendra l'Anh. 14 no 2. Photographie © Eusebius
Eusebius
29 octobre 2015
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