Couperin, Chopin, Gershwin ? Non, il en manque « in » pour rester dans la rime, Martucci qui transcrivit Verdi pour piano. Le tout en vidéo en plus, pour mieux voir les doigts volatiles de l'aérien Vittorio Forte sur le clavier survolé (fauvettes obligent !) et parfois survolté.
Couperin Chopin François Frédéric, deux noms et prénoms très proches comme les deux musiciens. La première partie associe les Ombres errantes à la mazurka en do mineur, puis Les Fauvettes plaintives à la mazurka en la mineur, dans une continuité belle et troublante, pas seulement par le ton commun, mais par la sensibilité musicale à fleur de touche.
Suit la magnifique fantaisie en fa mineur de Chopin, d'abord très solennelle, puis de plus en plus intime et tourmentée, comme le clavier, dégringolé et cahoté, en plein milieu d'un sombre cauchemar.
Puis Verdi renaît, transcrit par Giuseppe Martucci, par la Force du destin. Tout aussi chahuté le clavier, mais de façon moins sombre, plus grandiose peut être dans sa virtuosité.
La troisième partie nous emmène au début XXe, quand le piano classique croise le blues et le jazz.
Gershwin écrivait ses chansons en musicien populaire, juste les accords et la mélodie, les arrangements étaient improvisés. Et c'est Earl Wild qui les a transcrites si bien pour piano : The man I love, Embraceable you et Summertime, avec toutes les richesses d'interprétation des plus grands jazzmen qu'ont connu ces standards au fil des ans, gagnant encore en profondeur et en couleur.
Pour le final, la Rhapsodie in blue, dans la version pour piano seul du compositeur lui-même, qui en fut le premier soliste. Il ne manque que l'envolée de clarinette en ouverture. Pour le reste, le piano prend tout l'espace symphonique dans des acrobaties sonores incroyables, un jeu magnifique sur les rythmes et la blue note, écrit en un mois, et qui n'a pas pris une ride en quatre vingt dix ans.
Vittorio Forte m'a confié après le concert qu'il allait enregistrer Gershwin en mai, mais sans la Rhapsodie. Ce serait vraiment dommage. « Vous croyez ? » a-t-il ajouté. C'est évident. La vidéo ci dessous le confirme amplement.
Mais ce n'est pas fini, trois rappels avec des petites pépites, une transcription de Bellini pour la main gauche, Casta Diva, un ragtime de Clément Doucet en hommage à Chopin, Chopinata , et pour clore, une simple valse de Chopin, « une vraie » comme nous dit le pianiste, avec son air de rien.
Mardi prochain au conservatoire, l'Orchestre de Caen dirigé par Vahan Mardiriosan jouera la symphonie no 1 de Mendelssohn et le concerto no 23 de Mozart avec Andréas Frölich au piano.
Toutes les infos sur le site de l'Orchestre de Caen.
Parce que toujours « Musicologie.org est Charlie », une pensée solidaire pour le pianiste Fazil Say, grand amateur de Gershwin lui aussi, et passible de prison en Turquie, son pays, pour sa liberté de pensée.
Alain Lambert
27 janvier 2015
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