« Contrainte1, créative et audacieuse », la saison 2015-2016 de Dijon dévoilée

Opéra de Dijon, Auditorium, 28 mai 2015, par eusebius ——

L'Opéra de Dijon se porte bien, merci ! La situation financière est saine, les déficits totalement résorbés. Malgré la diminution globale des subventions publiques², les recettes propres croissent ainsi que le mécénat. En ces temps de disette, on est heureux d'apprendre que l'opéra le moins cher de France réalise la plus importante fréquentation, rapportée à l'aire urbaine, alors que son budget n'est que le 18^e des 28 opéras de la Réunion des Opéras de France. La saison 2015-2016 maintient le cap : éclectisme de la programmation, audaces en plus, assortis d'une gestion rigoureuse, au service de tous. Si le nombre de levers de rideau diminue de 18 %, il y en aura encore 77, (21 représentations lyriques et 51 concerts). Les amateurs de danse contemporaine devront prendre leur mal en patience puisque cette discipline n'apparaît plus. Mais, ne faisons pas la fine bouche : quatre nouvelles productions lyriques, dont trois coproductions. En janvier, Le Turc en Italie (mise en scène Christopher Alden, direction Antonello Allemandi), reprise de la mise en scène du Festival d'Aix-en-Provence, dont on se souvient des turbulences (intermittents du spectacle) qui présidèrent à sa création, la saison passée. En février, Mitridate, de Mozart, (Clément Hervieu-Léger, et Emmanuelle Haïm au pupitre), en coproduction avec le Théâtre des Champs-Elysées, et avec la même distribution, exceptionnelle. En avril, La rivière aux courlis, de Britten, une découverte, dirigée par Nicolas Chesneau, dans une mise en scène de Guillaume Vincent. Et, enfin, Médée de Chérubini, dans sa version française, originale (mise en scène de Jean-Yves Ruf, direction Nicolas Krüger) en mai. L'Orchestre de Dijon-Bourgogne sera dans la fosse pour Rossini et Chérubini, mais accompagnera aussi Gaëlle Arquez et Sébastien Guèze, fin novembre, pour un récital à la gloire de l'opéra français, de Gluck à Massenet. Parmi les nombreux concerts programmés, retenons deux cycles, et un adieu. Des Schubertiades, du 5 au 19 novembre, permettront de rendre à la musique du Viennois ses couleurs, ses équilibres et sa poésie d'origine, servie par de très grands interprètes. Puis trois concerts regroupés sur un week-end d'avril nous emmèneront à la découverte de compositeurs des Balkans, souvent méconnus, avec David Grimal comme violon solo (coproduction avec le festival de Kempten). Quant aux adieux, ils seront réservés au Sinfonieorchester de la SWR Baden-Baden und Freiburg, qui cessera son activité en juillet 2016, promis à la fusion avec l'orchestre de Stuttgart. Trois symphonies de Mahler (la monumentale 3ème, la 4^e et la 9^e), qu'ils ont enregistrées avec bonheur, nous seront données pour la dernière fois.

Enumérer la liste des réjouissances serait fastidieux. La programmation détaillée sera mise en ligne dans les tout prochains jours. Mais il reste encore cinq concerts pour achever la saison, et non des moindres (Radu Lupu, Les Dissonances, le Quatuor Artemis, et Thomas Bauer dans les Rückertlieder de Mahler, sans oublier le dernier spectacle lyrique : Carnet d'un disparu, de Janáček).

Eusebius
29 mai 2015

1. budgétaires, évidemment.

2. ainsi la subvention du Conseil général de Côte-d'Or, que préside François Sauvadet, ne représente que 1,15 % des recettes (quatre fois moins que la contribution du mécénat)… Heureusement, la Ville de Dijon, principal soutien, accompagne toujours l'ouverture de la culture au plus grand nombre.