Mort de Kurt Masur

Kurt Masur (1927-2015). Photographie © Christian Steiner.

« Si on pouvait mettre tous les gens du monde dans une salle de concert, au moins seraient-ils en paix pendant une heure », a dit un jour Kurt Masur.

Kurt Masur est mort aujourd'hui. Atteint de la maladie de Parkinson, il lui était devenu difficile de tourner les pages des partitions, et l'on se souvient de sa chute en avril 2012, suite à un faux pas, alors qu'il dirigeait l'Orchestre national de France aa Théâtre des Champs-Élysées.

Né le 18 juillet 1927, en Silésie, ce fils d'ingénieur commence l'étude du piano à l'âge de cinq ans, il a le désir par la suite de devenir organiste (il étudie également le violoncelle). Mais à seize ans, les médecins diagnostiquent une malformation des tendons de la main droite, qui au cours du temps handicaperait le mouvement de ses doigts. Il se rabat alors sur la direction d'orchestre.

Il étudie au Conservatoire de Leipzig de 1946 à 1948, sous la direction de Kurt Soldan et de Heinz Bongartz, pour la direction, le piano avec Siegfried Grundeis, Franz Langer et Fritz Weitzmann, et la composition avec Arnold Matz.

En 1948, il est répétiteur au Théâtre de Halle, et en 1951-1953, premier chef à Erfurt. Il enchaîne en 1953 avec la même fonction à l'Opéra de Leipzig, où il reste trois années, avant de continuer sa carrière à la tête de l'Orchestre philharmonique de Dresde, de 1955 à 1958. Il passe les trois années suivantes comme directeur de la musique de Schwerin, puis de 1960 à 1964, de l'Opéra-Comique de Berlin. Il est de nouveau à Dresde où il dirige de nouveau l'Orchestre philharmonique de 1967 à 1972. En 1970, il est nommé directeur de la musique de la Gewandhaus de Leipzig, un poste qu'il conserve jusqu'en 1996. Il fera 900 tournées de concerts en République démocratique allemande, mais aussi à l'étranger, bloc de l'Ouest compris, et développe un politique d'enregistrements, qui contribuent à la renommée mondiale de du plus ancien Orchestre.

En 1975, il est nommé professeur de direction d'orchestre au Conservatoire de Leipzig.

En 1976, il est premier chef invité de l'Orchestre symphonique de Dallas

En 1989, alors que l'Allemagne démocratique est au dénouement de sa faillite, il transforme la salle de concert en salle débats, et appelle à éviter les violences, et à la réussite de la Table ronde.

De 1991 à 2002, il est directeur musical de l'Orchestre philharmonique de New York.

De 2000 à 2007, il occupe la même fonction à l'Orchestre philharmonique de Londres.

En 2001, il est nommé à la tête de l'Orchestre national de France, directeur musical de 2002 à 2008, puis directeur musical honoraire à vie.

En 2004, il est président du musée Beethoven de Bonn.

Il a créé de nombreuses œuvres de compositeurs contemporains et, soucieux de sa descendance, il a tenu de nombreuses classes de maître pour de jeunes chefs d'orchestre.

Âgé de 80 ans, il passait encore 9 mois de l'année en tournée : « cela ma tient de savoir qu'il y a répétition demain à 10 heures. Dois-je arrêter et attendre la mort ? » Mais au cours de sa chute à Paris en 2012, il s'est fracturé l'omoplate, et l'année suivante, il doit être opéré de la hanche, après une nouvelle chute à Tel-Aviv.

En 2012, à Leipzig, la ville qu'il aimait tant, il racontait qu'il était un jeune homme idéaliste. « Que reste-t-il de ce Masur qui était un rêveur ? Dieu merci, pas un artiste qui pense qu'il est meilleur que les autres. Dieu merci, un qui n'a pas perdu sa crédibilité en ce qu'il a dit et voulu dire ».