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Castel Louis-Bertrand
1688-1757

CastelLouis Bertrand Castel et son clavecin oculaire. Caricature de Charles Germain de Saint Aubin (1721-1786), Waddesdon, The Rothschild Collection.

Né à Montpellier le 15 novembre 1688 ; mort à Paris le 11 janvier 1757.

Son père est chirurgien à Montpellier. Il effectue sa scolarité chez les jésuites de Toulouse.

En 1703, il intègre l'ordre des jésuites et fait ses humanités de mathématiques et de philosophie.

En 1707, il enseigne à Toulouse ; en 1711, à Clermont ; en 1714, à Aubenas ; en 1716, à Pamiers ; en 1719, à Cahors.

Il désire être envoyé en mission en Chine, mais Fontenelle et le père Tournemire l'appellent à Paris, où il enseigne au collège Louis-le-Grand.

En 1724, il publie son Traité de la pesanteur universelle, qu'il prétend être la « clef du système de l'univers ». Contre Newton, il pense que la gravité des corps les pousse au repos, tandis que les esprits rétablissent sans arrêt le mouvement.

1727, il publie son Plan de mathématique abrégé, puis sa Mathématique universelle abrégée à l'usage de tout le monde, dont Saurin dit qu'il est « confusion, chaos et mal débrouillé ». Il est un « anti-newtonien » actif.

Il gagne en notoriété en Allemagne et en Angleterre. Il est admis à l'Académie royale de Londres, en 1746, à l'Académie de Bordeaux, en 1748, à l'Académie de Rouen, et à la Société royale de Lyon.

en 1758, il publie une version augmentée de sa Mathématique universelle

Voir : Telemann G. P. (1681-1767); Weichmann C. F. (v. 1677-v. 1742) ; Haltmeier C. J. F. (v. 1692-v. 1747) ; Geminiani F. S. (1687-1762) ; Cartaud de la Vilate (v. 1672-1737)

Dans la livraison de novembre 1725 du « Mercure de France », Castel propose de réaliser un clavecin fait pour les yeux qui « rende les sons sensibles et présents aux yeux, comme ils le sont aux oreilles, de manière qu'un sourd puisse jouir et juger de la beauté d'une musique aussi bien que celui qui entend ». « Vous voulez de la pratique, ajoute-t-il, sa réalisation est assurée »;

Il part d'une interprétation très personnelle des théories acoustiques de Kircher, et constate, que la couleur est produite par des vibrations comme le son.

Á chaque note de la série chromatique des sons musicaux, il attribue une couleur : Do = bleu ; Do# = céladon ; Ré = vert ; Ré # = olive ; Mi = jaune ; Fa = fauve ; Fa# = incarnat ; Sol = rouge ; Sol# = cramoisi ; La = violet ; La# = agathe = Si = gris ; Do ; bleu.

Il ne fait pas l'économie l'ancienne tradition de l'éthos, en supposant par exemple que « le vert qui répond au ré est naturel, champêtre, riant, pastoral. ».

Dix ans plus tard, d'août à décembre1735, chaque numéro mensuel du « Journal de Trévoux » publie une série de « nouvelles expériences » que l'on sent moins assurées.

Il prétend alors ne pas être luthier, et n'avoir jamais eu le dessein de fabriquer un tel instrument. Rousseau, curieux de son invention lui rend visite et laisse ce jugement : « Cet homme est fou, mais bon homme au demeurant.», et l'abbé de Saint-Pierre :  « Il me paraît de ces esprits originaux dont il est plus à propos d'encourager à démontrer de qu'ils découvrent, que les encourager à faire de nouvelles découvertes. »

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Document

Article de l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert

CLAVECIN OCULAIRE, (Musiq. & Opt.) instrument à touches analogue au clavecin auriculaire, composé d'autant d'octaves de couleurs par tons & demi-tons, que le clavecin auriculaire a d'octaves de sons par tons & demi-tons, destiné à donner à l'ame par les yeux les mêmes sensations agréables de mélodie & d'harmonie de couleurs, que celles de mélodie & d'harmonie de sons que le clavecin ordinaire lui communique par l'oreille.

Que faut-il pour faire un clavecin ordinaire ? des cordes diapasonnées selon un certain système de musique, & le moyen de faire resonner ces cordes. Que faudra-t-il pour un clavecin ordinaire ? [certainement oculaire ?] des couleurs diapasonnées selon le même système que les sons, & le moyen de les produire aux yeux : mais l'un est aussi possible que l'autre.Aux cinq toniques de sons, ut, ré, mi, sol, la, correspondront les cinq toniques de couleurs, bleu, verd, jaune, rouge, & violet ; aux sept diatoniques de sons, ut, ré, mi, fa, sol, la, si, ut, les sept diatoniques de couleurs, bleu, verd, jaune, aurore, rouge, violet, turquin, bleu clair ; aux douze chromatiques ou sémi-diatoniques de son, ut, ut, , ré, ré, , mi, fa, fa, , sol, sol, , la, la, , si, ut ; les douze chromatiques ou sémi-diatoniques de couleurs, bleu, céladon, verd, olive, jaune, aurore, orangé, rouge, cramoisi, violet, agate, turquin, bleu, &c. D'où l'on voit naître en couleurs tout ce que nous avons en sons ; modes majeur & mineur ; genres diatonique, chromatique, enharmonique ; enchaînemens de modulations ; consonnances, dissonnances, mélodie, harmonie ; ensorte que si l'on prend un bon rudiment de Musique auriculaire, tel que celui de M. d'Alembert, & qu'on substitue par-tout le mot couleur au mot son, on aura des élémens complets de musique oculaire, des chants colorés à plusieurs parties, une basse fondamentale, une basse continue, des chiffres, des accords de toute espece, même par supposition & par suspension, une loi de liaison, des renversemens d'harmonie, &c. Les regles de la musique auriculaire ont toutes pour fondement la production naturelle & primitive de l'accord parfait par un corps sonore quelconque : soit ce corps ut ; il donne les sons ut, sol, mi, auxquels correspondront le bleu, le rouge, le jaune, que plusieurs artistes & physiciens regardent comme trois couleurs primitives. La musique oculaire a donc dans ses principes un fondement analogue à la musique auriculaire. Voyez COULEUR.

Qu'est-ce que joüer ? C'est, pour le clavecin ordinaire, sonner & se taire, ou paroître & disparoître à l'oreille. Que sera-ce que joüer pour le clavecin oculaire ? se montrer & se tenir caché, ou paroître & disparoître à l'oeil ; & comme la musique auriculaire a vingt ou trente façons de produire les sons, par des cordes, des tuyaux, des voix, des violons, des basses, des lyres, des guittares, des clavecins, des épinettes, des haut-bois, des flûtes, des fifres, des flageolets, des bassons, des serpens, des trompettes, des orgues, &c. la musique oculaire aura autant de façons correspondantes de produire les couleurs, des boîtes, des éventails, des soleils, des étoiles, des tableaux, des lumieres naturelles, artificielles, &c. Voilà la pratique.

Les objections qu'on a faites contre la musique & l'instrument oculaires se présentent si naturellement, qu'il est inutile de les rapporter : nous osons seulement assûrer qu'elles sont si parfaitement, sinon détruites, au-moins balancées par les réponses tirées de la comparaison des deux musiques, qu'il n'y a plus que l'expérience qui puisse décider la question.

La seule différence importante entre les deux clavecins qui nous ait frappés, c'est que quoiqu'il y ait sur le clavecin ordinaire un grand intervalle entre sa premiere & sa derniere touche, l'oreille n'apperçoit point de discontinuité entre les sons ; ils sont liés pour elle comme si les touches étoient toutes voisines, au lieu que les couleurs seront distantes & disjointes à la vûe. Pour remédier à cet inconvénient dans la mélodie & l'harmonie oculaires, il faudroit trouver quelque expédient qui liât les couleurs, & les rendit continues pour l'oeil ; sinon, dans les airs d'un mouvement extrèmement vif, l'oeil ne sachant quel intervalle de couleurs on va faire, ignorera, après avoir vû un ton où il doit se porter pour appercevoir le ton suivant, & ne saisira dans une batterie de couleurs que quelques notes éparses de tout un air coloré, ou se tourmentera si fort pour les saisir toutes, qu'il en aura bien-tôt la berlue ; & adieu la mélodie & l'harmonie. On pourroit encore ajoûter que quand on les saisiroit, il ne seroit pas possible qu'on les retînt jamais, & qu'on eût la mémoire d'un air de couleurs, comme on a celle d'un air de sons.

Il semble que les couleurs d'un clavecin oculaire devroient être placées sur une seule bande étroite, verticale & parallele, à la hauteur du corps du musicien ; au lieu que les cordes d'un clavecin auriculaire sont placées dans un plan horisontal & parallele à la largeur du corps du musicien auriculaire.

Au reste, je ne prétend point donner à cette objection plus de valeur qu'elle n'en a : pour la résoudre, il ne faut que la plus petite partie de la sagacité que l'invention du clavecin oculaire suppose.On ne peut imaginer une pareille machine sans être très-versé en Musique & en Optique ; on ne peut l'exécuter avec succès sans être un rare machiniste.

Le célebre P. Castel jésuite en est l'inventeur ; il l'annonça en 1725. La facture de cet instrument est si extraordinaire, qu'il n'ya que le public peu éclairé qui puisse se plaindre qu'il se fasse toûjours & qu'il ne s'acheve point.

Jean-Marc Warszawski
Novembre 1995-21 mai 2009
© Musicologie.org


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Vendredi 31 Mars, 2023