musicologie
15 mars 2017, par Jean-Marc Warszawski ——

La fête à l'orchestre dans le piano d'Yves Henry

Orchestral Piano Works (1789-1920), Yves Henry (piano) : Borodine, Debussy, Dukas, Ravel, Stravinsky. Soupir Éditions 2017 (S 234).

Enregistré 6-8 juillet 2016 et 5-7 juillet 2017 au Studio Portail (Indre). Piano Fazioli.

Comme on sait qu'il n'y a pas de hasard quand on n'y croit pas, le récital qu'Yves Henry, disciple d'Aldo Ciccolini, donnait mardi 14 mars 2017, dans le cadre du cycle de programmation du Goethe-Institut de Paris, n'est pas étranger à la sortie le même jour, de son dernier enregistrement, consacré à des transcriptions pour piano d'œuvres orchestrales (dans une une discographie riche d'une vingtaine d'albums).

Sur la scène de l'Auditorium du Goethe Institut, l'habituel grand Blüthner de la maison, et à côté de lui, bien frêle en comparaison, un « petit patron » Pleyel de 1839, modèle avec lequel la firme équipait chaque été de 1839 à 1846, la maison de George Sand à Nohant, pour l'usage de Chopin.

Yves Henri au Goethe-Institut de Paris, 14 mlars 2017. Photographie © jmw.

C'est l'occasion pour le pianiste compositeur de donner à la salle comble quelques explications quant à sa démarche et en quelques mots de caractériser le son  rayonnant et long, et le frappé  mailloché  du Pleyel (convenant aux salons), et le son puissant projeté des pianos fabriqués à partir de 1850, nécessaires aux salles de concert. Les premiers finissant par manquer de coffre et de résonance pour les exigences des nouvelles musiques, les seconds dont la super puissance convient au contraire d'être maîtrisée.

En fait Yves Henry aime jouer des pianos différents qui lui permettent d'explorer et d'expérimenter les ressources, mais aussi les limites, de l'instrument. L'intérêt qu'il porte aux transcriptions (qu'il faut différencier des réductions), est peut-être du même ressort, à savoir la possibilité de reporter au piano des effets orchestraux, comme le dédoublement des voix et des parties intérieures (ce qu'on appelle parfois les plans ou couches sonores), même en restant  dans une harmonie à quatre voix, le décalage des attaques, même imperceptibles dans les orchestres les mieux huilés, le rendu par des traits rapides, trémolos, trilles, ou autres subterfuges des longues tenues d'orchestre que le piano ne peut pas concurrencer.

Au programme de l'auditorium de l'avenue Iena à Paris, l'Impromptu en sol♭ majeur de Franz Schubert, la Grande valse brillante en mi♭majeur, dont les notes répétées sont un sérieux exercice de virtuosité sur les touches sans double échappement du Pleyel, « Warum», des Phantasiestücke, opus 12 de Robert Schumann, et Widmung dans la version de Franz Liszt, deux préludes de Serge Rachmaninov, et deux transcriptions à la virtuosité vertigineuse réalisées par le pianiste lui-même, Les danses polovtsiennes d'Alexandre Borodine, et L'apprenti sorcier de Paul Dukas. Quelques bis valsés de Chopin, et le très nostalgique nocturne opus 20, dédié « À ma sœur Ludwika comme un exercice avant de commencer l'étude de mon second Concerto ».

La fête continue sur le cédé, peut-être moins impressionnante qu'en concert, avec les transcriptions de L'apprenti sorcier et des Danses polovtsiennes, toujours de Pierre Henri, La valse de Maurice Ravel, mais encore Le prélude à l'après-midi d'un faune, de Claude Debussy, dans une transcription de Leonard Borwick, Pavanne pour une infante défunte, de Ravel, trois mouvements de Petrouchka, d'Igor Stravinsky, qui sont de grande difficulté pianistique.

1-5. Alexandre Borodine, Danses polovtsiennes du « Prince Igor » (1879), transcription par Yves Henry (Danse des jeunes filles polovtsiennes, Presto ; Danse ondulante des jeunes filles, Andantino ; Danse sauvage des hommes, Allegro vivo ; Danse générale, Allegro ; Danse finale, Presto.) ; 6. Claude Debussy, Prélude à l'après midi d'un faune (1892-1894), transcription par Leonard Borwick ; 7. Paul Dukas, L'Apprenti sorcier (1897), transcription par Yves Henry ; 8. Maurice Ravel, Pavane pour une infante défunte (1899) ; 9-11. Igor Stravinsky, Trois mouvements de Petrouchka (1910-1911), version de 1921 (Danse russe ; Chez Petrouchka ; La semaine grasse ; 12. Maurice Ravel, La Valse (1910-1920), transcription par Yves Henry.

Jean-Marc Warszawski
15 mars 2017
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