Enregistré à la Bayer Kulturhaus, Leverkusen, les 13-15 août 2010.
Dès la sortie de ce disque, en août 2011, la presse allemande s'est montrée élogieuse. C'est aussi que le duo de piano Yara Tal & Andreas Groethuysen, qui tient ses quartiers d'hiver à Munich Bavière Allemagne, jouit dans son pays d'une belle renommée, que ses enregistrements font partie des choses dont il faut parler.
Les Danses slaves de Dvorák sont depuis leur composition de gros succès : tout le monde en a quelque chose dans l'oreille.
Mes parents en avaient un quarante-cinq tours (avec le n° 1 de l'opus 46). Face au haut-parleur du Tépaz gainé de skaï beige, je dirigeais cette musique frénétique. C'est comme cela que j'ai commencé à me muscler et à aimer le sport. Pour dire qu'on n'est pas dans la découverte et le répertoire rare.
Quoique : il n'est pas courant d'entendre ces pièces au piano à quatre mains, même qu'on peut être surpris — t'es sûr ? — d'apprendre que c'est là leur version originale.
En effet, les 8 dances de l'opus 46 ont été composées pour piano à quatre mains entre le 18 mars et le 7 mai 1878, à la demande de l'éditeur Simrock, et orchestrées d'avril à août de la même année.
Peut-être pour la gloire ou mettre un peu de beurre dans les épinards, ou renouer avec la griserie du succès, Dvorák remet ça 26 opus plus tard en 1886, avec huit autres danses, encore pour piano à quatre mains, et mis à l'orchestre deux mois plus tard.
Bien sûr, il y a une différence entre le gros instrumentarium romantique et le piano, serait-il le plus romantique qui puisse être. Il y moins d'éclats, moins d'effets de dynamique, moins de clairons, de trompettes et de tambours. C'est peut-être pour cette raison que Chantal Nastasi, de la Nord Deutsche Rundfunk (Radio Nord Allemagne), trouve qu'il manque, dans cet enregistrement un grain de folie.
Mais il ne s'agit pas d'une réduction ou une traduction d'orchestre. L'œuvre, dégagée du frénétique et des effets de son, néttoyée comme on nettoierait une vieille peinture alourdie de rajouts, y gagne en modernité, en clarté, même en vivacité, avec des mélodies dansantes plus qu'agitées, nostalgiques sans dégoulinures (c'est slave, faut quand même verser une larme dans le godet de vodka), une harmonie sensuelle, et un plein de détails en contrechant et entre le chant des accords (il y en a un paquet et des épais).
Cela tient évidemment à la finesse, à la rare cohérence, à l'équilibre sonore, atteints pas Tal & Groethuysen, dans des œuvres certes pour deux pianistes, mais conçues comme des tableaux de genre, dans un esprit orchestral non concertant. Faut faire corps et pas trop discuter en somme.
Jean-Marc Warszawski
5 septembre 2011
Dances slaves opus 46 : 1. En do majeur, Presto. 2. En mi mineur, Allegretto scherzando ; Allegro vivo. 3. En la bémol majeur, Poco allegro ; Più mosso. 4. En fa majeur, Tempo di minuetto. 5. En la majeur, Allegro vivace. 6. En ré majeur, Allegretto scherzando. 7. En do mineur, Allegro assai. 8. En sol mineur, Presto.
Dances slaves op.opus 72 : 9. En Si majeur, Molto vivace ; Meno mosso.10. En mi mineur, Allegretto grazioso. 11. En fa majeur, Allegro.
12. En ré bémol majeur, Allegretto grazioso. 13. En Si bémol mineur, Poco adagio ; Vivace. 14. En Si bémol majeur, Moderato, quasi minuetto. 15. En Do majeur, Presto. 16. En la bémol majeur, Lento grazioso, quasi tempo di valse.
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