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Jean-Marc Warszawski, 6 février 2010.

Schubert, Schumann, Michel Strauss, Maria Belooussova

Musique de chambre à Giverny : Michel Strauss (violoncelle), Maria Belooussova (piano) : Schubert, Schumann. Disque Hybrid music, 2010. Enregistré en 2009 au Studio Sequenza, Montreuil. Prise de son : Thomas Vingtrinier.

Deux compositeurs à la vie tragique qui ont composé de magnifiques pages — pas très gaies, un son instrumental remarquable et remarquablement bien enregistré, deux musiciens en plein dedans. Un très beau moment de musique.

Robert Schumann (1797-1828) : 1-3. Fantasiestücke op. 73 (1849), Zart und mit Ausdruck ; Lebhaft, leicht ; Rasch und mit Feuer. 4-8. Stücke im Volkston op. 102 (1849), Mit Humor ; Langsam ; Nicht Schnell ; Nicht zu Rasch ; Stark und markiert. 9-10. Adagio und allegro op. 70 (1849). 11-12. Franz Schubert (1797-1828), Sonate pour arpeggione D. 821, Allegro moderato ; Adagio ; Allegretto.

L'encore jeune label hybrid'music, du Nord-Pas-de-Calais, a eu l'âme romantique, pour le 8e album de sa collection classique / Jazz , réalisé une fois encore, avec Thomas Vingtrinier aux commandes du studio Sequenza de Montreuil. Le Fazioli de concert, les violoncelles italiens, Gabrielli (1770) et Tecchler (1708) : quoi qu'on puisse dire, les bons ouvriers n'ont pas toujours de si bons outils.

Les trois pièces de Robert Schumann, sont de 1849, milieu d'une période de trois années (1848-1850), particulièrement productives et inspirées, en musiques vocales, mais aussi en musique de chambre instrumentale. Schumann est remis de la maladie dont il fut atteint, alors qu'il accompagnait Clara en Russie en 1843, puis il a accusé le coup, au décès de son ami Félix Mendelssohn. En 1850, il pourra assurer la direction de la musique de Düsseldorf. Donc, en 1849, il signe environ 25 œuvres, certaines comprenant de nombreux numéros, comme les Lieder-Album für die Jugend  (op. 79) ou les Spanische Liebeslieder (op. 138).

Les trois Fantasiestücke op.73, portent à l'origine le titre de Soiréestücke, et sont composées pour la clarinette et le piano, mais s'y adjoignent des versions pour le violon et le violoncelle. Il y a dans ces pièces un chantant sensuel, une volupté, voire des emportements, dont l'expression est proche du chant lyrique.

Les cinq Stücke im Volkston (pièces d'esprit populaire), composées à l'origine pour le violoncelle, mais aussi le violon, semblent, paradoxalement moins spontanées, moins écrites dans l'élan sentimental. Elles sont plus scandées : qui dit populaire dit dansant. Mais les beautés mélodiques, et la magnifique et riche harmonie, caractéristique de Schumann, qui semble parfois vouloir repousser l'horizon oppressant, et explorer les profondeurs, y sont bien sûr à l'œuvre.

L'Adagio et Allegro, portent à l'origine le titre de Romanze und Allegro, composés pour le cor, avec des versions pour le violoncelle et le violon, est comme l'opus 73, d'une belle expressivité, concertante entre les deux instruments, particulièrement l'Allegro qui est d'une grande richesse dans la variété et les contrastes.

La sonate pour arpeggione, un instrument ressemblant à une guitare à archet, qui connut une courte vogue, a été composée par Franz Schubert, en 1824, un an après que les premiers symptômes de la syphilis furent apparus, après l'échec des opéras. Année de voyage en Hongrie, chez les Esterhazy, lui qui quitta si peu Vienne. Dès la publication de la sonate, les violoncellistes s'emparèrent de cette œuvre. Non moins dramatique et expressive que celle de Schumann, cette musique, gardant encore un pied ferme dans le classicisme, chantante par nature, pratiquement toujours dans l'étendue, semble quant a elle ne pas avoir d'horizon proche. Au mieux plutôt nostalgique quand on la croit sereine, plus résignée, d'un pathos plus intérieur, elle n'en est pas moins poignante. Comment décrire cette impression qu'on a, d'une musique plutôt composée dans le tumulte de soi et du monde, et l'autre, dans le silence.

Michel Strauss s'est formé en France et aux États-Unis auprès de Paul Tortelier, Maurice Gendron et Aldo Parisot. Titulaire de la classe de violoncelle au Conservatoire National Supérieur de Paris depuis 1987. Il organise de nombreuses manifestations et des master-classes, en France, États-Unis et en Asie. Il se produit aussi avec de nombreux orchestres, en 1980, il est premier violoncelle solo du Nouvel Orchestre Philharmonique de Radio-France. Il est le dédicataire de plusieurs concertos, qu'il a créés. Michel Strauss est le directeur musical du festival Musique de chambre à Giverny depuis sa création [plus d'informations]

Maria Belooussova commence ses études musicales en Russie, qu'elle poursuit à l'Académie Musicale de Moscou (ex-Institut Gnessine) dans la classe de Vladimir Tropp. En 1992, elle se fixe en France, poursuit sa carrière de concertiste, et fréquente la classe de perfectionnement de Christian Ivaldi au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. Elle collabore avec des compositeurs, tels que Kristof Penderecki, Sofia Goubaidoulina, Philippe Hersant, Thierry Escaich. Elle est co- fondatrice du festival Musique de chambre à Giverny, avec Michel Strauss. Elle enseigne la musique de chambre au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris et depuis 1999, elle fait partie de l'ensemble Musique Oblique [plus d'informations]

Jean-Marc Warszawski
6 février 2010


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