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Bohuslav Martinů (1890-1959) : Quatuor à cordes no 2 H. 150

Martinů

Smyčcový kvartet č. 2 / Quatuor à cordes no 2, composé à Paris en 1925, dédicacé au quatuor Novák-Frank, créé le 12 novembre 1925 à Berlin par les dédicataires, Universal Edition, Vienne 1927. Durée 19 minutes. Source

Œuvre majeure et reconnue comme telle dès sa création, le quatuor no 2 plaça d’emblée Martinů au rang des com- positeurs importants de son temps. En plus de la Tchécoslovaquie, il fut alors joué avec succès en Allemagne, en Italie et en Belgique (par le Quatuor Pro Arte). Il n’a rien perdu de son attrait avec les ans, même si les quatuors suivants lui ont fait un peu d’ombre. Martinů lui-même l’a toujours chéri.

Peu après, en cette année 1925, Martinů écrira une page radicalement différente, le ballet La Révolte (H.151).

Malgré ses soucis personnels —  la vie matérielle n’était pas facile à Paris pour lui en 1925 — c’est une œuvre lumineuse. Souvent d’ailleurs Martinů nous habituera à des pages joyeuses voire légères en contraste total avec les circons tances de sa vie (la Sinfonietta giocosa H.282, par exemple, datant de fin 1940, composée à Aix-en-Provence).

Contrairement aux trois premiers quatuors qui sont écrits en quatre mouvements, Martinů se limite ici à trois mou vements où les tonalités s’articulent sans heurts autour de re.

Bohuslav Martinů, Quatuor à cordes no 2, H. 150 (1925), Moderato-Allegro, Andante, Allegro-Allegro ma non troppo, par le Quatuor Panocha.

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L’introduction du premier mouvement, Moderato, est très linéaire*, comme une monodie, suivie d’un Allegro vivace à la rythmique subtile, changeante, qui porte des thèmes familiers peu développés, renouvelés de surprise en sur prise. Malgré la densité de la musique, tout évolue dans la légèreté, et le mouvement trouve sa conclusion dans un galop gracieux […]. Le deuxième mouvement, Andante, repose sur des assises graves, lesquelles donnent naissance à un solo d’alto élégiaque qui cèdera devant une tension un peu sombre […]. Gai et primesautier, l’Allegro final est tout aussi gracieux, voué à la danse et de caractère tchèque. La formule rythmique croise un instant un souvenir baroque. La cadence du violon, magique plus que technique, s’envole pour amener, dans une invention permanente, une conclusion que l’on voudrait toujours retarder. (G. E. op. cit.)

L’influence qu’a pu avoir Roussel sur Martinů transparaît ici, mais de manière de plus en plus évidente la personnalité musicale de Martinů montre la capacité du compositeur à transformer ce qu’il absorbe et à exprimer par des moyens originaux ses idées et ses sentiments — les seconds toujours discrètement. C’est à tous points de vue, une œuvre de pleine maturité.

Composé dès 1924, le deuxième quatuor fut créé à Berlin en novembre 1925 par le Quatuor Novák-Franck. L'œuvre remporta un vif succès, le premier depuis l'installation de Martinů à Paris en 1923. Musique d'inspiration populaire, vivifiante par ses rythmes sautillants, ses répétitions de notes, sa cadence typiquement morave, ce quatuor reflète une joie de vivre qu'accentuent mélodies simples et naturelles — proches des ritournelles enfantines — et traitement des cordes dans une force quasi orchestrale.

Le premier mouvement s'annonce par dix-neuf mesures d'introduction : moderato-andante 76 à la noire, dans un contrepoint de croches régulières legato, où domine le registre aigu du violoncelle.

L'allegro vivace, 96 à la noire, de forme sonate, vient perturber l'unité mélodico-rythmique par son allure dansante, ses rythmes rebondis, saccadés même. Toute une vie fourmillant de mille intérêts envahit l'écriture, pizzicati, chromatisme, homorythmie, marches harmoniques, dynamique très poussée, révélant ainsi la prodigieuse facilité d'invention de Martinů : avec lui, la composition musicale devient un jeu d'enfant !

Le temps s'immobilise dans l'andante du second mouvement ; sur des variations longues, parfois en tuilages où tonalités et modalités se heurtent, s'élève une voix, chant ample et serein tout en demi-teintes. Mais le Martinů du folklore reste toujours présent : syncopes accentuées, nombreux changements de mesures : 4/4 3/4, 5/4, 6/4, octaves en mouvements parallèles, motifs en boucles, jeu d'imitation entre le premier et le second violon, resserrement du tempo à 96 la noire, souligné par le poco stringendo de la partition.

Le troisième mouvement provient directement du terroir morave ; c'est le mouvement de l'ivresse, du babillage en- fantin, sourire aux lèvres : point de répit dans ce tourbillon de doubles croches qui se termine même par un presto ! Le Roussel de la Sinfonietta pour cordes n'est pas loin ! L'originalité du mouvement relève de la longue cadence du premier violon, à la manière du Bartók de Contrastes (1938) le violon populaire s'offre à l'état pur, sans accompagnement, égrenant ses intervalles de quartes augmentées et de secondes mineures, sa modalité très prononcée, sa panoplie de doubles cordes, d'harmoniques et de cordes à vide. Dernier clin d'œil à l'univers folklorique, le presto terminant l'œuvre, qui n'est autre qu'une réexposition du début du mouvement, un rien défigurée. (Sylvie Clopet).

Discographie

BRILLIANT CLASSICS 9410 coffret 15 CD Quatuor Stamitz : Jan Peruška et Bohuslav Matoušek, violons, Josef Kekula, alto et Vladimír Peixner, violoncelle. (Tous les quatuors de Dvořák, Smetana, Janáček et Martinů + Trois Madrigaux pour violon et alto H.313 et Trio à cordes n° 2 H.238), 2013.

PRAGA 250205 (+ Quatuor n° 4 H.256, Quatuor n° 5 H.268) Quatuor Kocián, 2006.

NAXOS 8.553782 (+ Quatuor à cordes n° 2 H.150, Tři Jezdcí H.1) Martinů Quartet, Lubomír Havlák, Petr Ma- ceček, violons, Jan Jiša, alto, Jitka Vlašánková, violoncelle, 2000.

BAYER RECORDS 100152 - 3CD (intégrale des 7 Quatuors à cordes + Trois Madrigaux H.313, Trio à cordes n° 2 H.238,) Stamitz String Quartet, 1995.

SUPRAPHON SU3917 – 3 CD (Intégrale des 7 quatuors à cordes) Quatuor Panocha, 1979-83, réédité 2007.

Notes

* Harry Halbreich fait remarquer que ce type d’introduction ne sera écrit par Martinů que dans son Sextuor à cordes et les deux dernières Symphonies.

 

© Coussement Gauthier (direction),
L'œuvre de Bohuslav Martinů,
Cahier special du Mouvement Leoš Janáček,
2017.
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Lundi 16 Janvier, 2023