Franz Liszt : variations sur « Weinen, Klagen, Sorgen, Zagen »

Achevée en 1862, cette œuvre puissante fut sans doute suscitée à Liszt par la mort (en 1859 puis 1862) de deux de ses enfants, Daniel et Blandine, nés de son union avec Marie d’Agout. Son thème « provient du chœur d’introduction de la cantate BWV 12 de Johann Sebastian Bach, « Pleurer, gémir, se tourmenter, désespérer… », une basse de six notes chromatiques descendantes (…) que Bach utilise également dans le Crucifixus de la messe en si mineur. »⁴⁶ L’œuvre est une passacaille qui, après une libre fantaisie sur cette basse, non dénuée d’une influence dantesque dans l’expression de la peur et du désespoir, débouche sur le célèbre choral « Tout ce que Dieu a fait est bien fait » du Kantor de Leipzig. Comme l’écrivait Alfred Cortot, ce choral « qui intervient à l’instant le plus douloureux, comme pour nous délivrer de la rude et terrible emprise, et nous montrer la lumière, est un thème protestant aussi employé par Bach dans la même cantate… Quel sentiment de consolation et de glorification ce thème n’apporte-t-il pas, après l’attente éperdue, la terreur, les sensations de fatalité et de menace sous lesquels nous avons été accablés ! »⁴⁷

« Concentrée, émouvante à l’extrême, cette partition, qui dure une quinzaine de minutes, contient des progressions harmoniques d’une riche diversité, où s’annoncent tant un César Franck qu’un Scriabine .»⁴⁸

Liszt réalisa un an plus tard une transcription pour orgue de ces variations.