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5 décembre 2019 —— Alain Lambert.

Cinq cédés jazz  pour réchauffer un peu décembre

Du piano sur trois galettes, Cuba Cuba de Manuel Anoyvega Mora, Bach up de Dimitri Naïditch et Ni d'Eve ni d'Adam du trio normand Black Pantone. Et pour entrelacer d'autres paysages musicaux, One Kenechi Dream du duo expérimental Sélénites et l'Eklektik Band très électric du batteur Xavier Roumagnac.

Cuba Cuba (Foléo productions/Caroline International 2019) est le premier cédé du superbe pianiste Manuel Anoyvega Mora installé à Paris depuis vingt ans, y jouant avec Tito Puentes ou Azuquita y su Maleo. Il s'y souvient de sa ville natale Malanzas, de ses danzons ou guaguancos, mêlant dans ses rythmes et harmonies,  les airs chaloupés (Veneracion, Alizé, Cuba Cuba Perla Preciosa...) ou plus nostalgiques (Preludiosa Matanzas, Marinna, Soplos de Musas...). Il est magnifiquement accompagné par Guillaume Naturel au ténor ou à la flûte, Pierre Guillemant à la contrebasse, Abraham Mansfarroll à la batterie et Inor Solotongo aux percussions, tous deux aussi aux chœurs cubains envoûtants. De quoi vous faire bouger et rêver malgré les frimas prochains.

 

Selenites One Kenichi Dream (Mazeto Square 2019) est le second opus du duo Raymond Boni  Gilles Dalbis, après Improvisations en 2017. Le premier est à la guitare extraterrestre et à l'harmonica, le second à la batterie. Deux vieux de la vieille de l'improvisation concrète, pas si loin de Pierre Henry. Tout commence avec Kenichi flies to Selene, un long voyage lunaire de 15 minutes et un solo de batterie rejointe plus tard par la guitare saturée, réverbérée en écho et accompagnée par les peaux. Crazy Moon est une plainte d'harmonica aux percussions plus métalliques. Selenite Blues porte bien son titre façon mi dobro ou mi koto. Dancing suit, déstructuré, avant Moon Song, autre complainte. Mais Where is Kenichi ? Vous le saurez en écoutant ce cédé à l'étrangeté vivifiante.

 

Ni d'Eve ni d'Adam (autoproduction 2019 blackpjazz@gmail.com) de Black Pantone, un trio normand composé par ordre alphabétique du Havrais Antoine Bouchaud au piano, avec une once de célesta sur Crazy Z, de la Caennaise Clémence Gaudin à la contrebasse ou à la basse (Olov's Suite) et du Leixovien Martin Mabire à la batterie. Un jeune power trio qui connaît bien ses pairs lettrés (Bojan Z, E.S.T.) mais aussi ses classiques comme en témoigne Barcarolle de Juin inspirée de Tchaïkovski. Tout commence fort avec Nightingale, s'électrifie avec le long solo de contrebasse de Xeno-Alien-Virus sur un riff de piano fou. Puis Cacao 40 vient après la pause classique, avant Baby Seagull puis la venue du sax de Eric Golhen dans Olov's Suite. Un prélude bruité termine ce bel album.

À découvrir le 16 janvier à Saint-Adresse (76) et le 28 avril au théâtre de Caen.

 

L’Ep 78 Tours (Jazz Family 2019) par l'Eklectik Band de Xavier Roumagnac est un petit album, sans doute préambule à un plus long, qui lui permet de roder ses nouvelles orchestrations. Son quintet, déjà connu par l'album Sirènes : Robbie Marshall au sax ténor et à la clarinette basse, Yoann Kempst à la guitare, Công Minh Pham aux synthés, Guillaume Marin à la basse, s'est étoffé ici d'une section de cuivres, Sue Mc Carthy à la flûte, Julien Alour à la trompette ou au bugle et William Hountondji au sax alto. Un jazz fusion joyeux, cuivré et fort bien arrangé qui balance bien sur les compos du batteur, Vent Marin, Walking Man, Pop Club, 78 tours, avec aussi Duetto, l'arrangement d'un extrait de La clémence de Titus de Mozart.

À retrouver en direct le 16 janvier au Sunset à Paris.

 

Bach Up (Dinaï 2019) est le premier cédé d'une série consacrée au « classique en jazz » (suivront Mozart, Liszt, Tchaïkovski...). Dimitri Naïditch, installé en France depuis 30 ans, est au piano, Gilles Naturel à la contrebasse, Arthur Alard à la batterie. Après Jacques Loussier « Play Bach », les jazzmen se sont appropriés le compositeur baroque, comme John Lewis, sobrement, Édouard Ferlet en décalé, Dieter Ilg dans la rondeur de la contrebasse... Dimitri Naïditch apporte sa propre coloration au répertoire de Bach, piochant dans le Clavier bien tempéré comme dans les concertos pour violon ou les Suites pour orchestre, toujours avec bonheur, laissant le swing s'installer au jeu du trio. Avec parfois des clins d'oeil comme Piazzolla dans l'intro du Prélude en C Minor. L'album se clôt sur une impro plus romantique.

À écouter en live à Paris au théâtre des Mathurins le 3 février.

 

 

Alain Lambert
5 décembre 2019

© musicologie.org


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Samedi 7 Décembre, 2019 21:38