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Michel Rusquet, Trois siècles de musique instrumentale : un parcours découverte : La musique instrumentale de Wolfgang Amadeus Mozart

Introduction ; musique pour clavier ; musique de chambre ; musique symphonique ; musique concertante.

 

Les concertos pour piano nos 20 à 22, de Mozart

Sombre, tourmenté et passionné, le vingtième, K 466 en re mineur, s'est acquis une immense notoriété qui, depuis le xixe siècle, en fait LE concerto vedette du compositeur. Beethoven lui-même semble lui avoir porté un intérêt tout spécial puisqu'il écrivit de sa propre main des cadences pour cette œuvre. Terminé en février 1785, ce concerto, « considéré comme le premier des grands concertos symphoniques de Mozart, commence de façon tragique et implique un grave débat. L'œuvre, où passe un souffle avertisseur de Beethoven, évolue de l'orage à l'accalmie, de l'anxiété à l'espérance, avec des contrastes beaucoup plus marqués qu'auparavant. D'une immense importance historique, ce sombre concerto est presque autant mythe qu'œuvre d'art : il correspond au Mozart tenu pour le plus universel des compositeurs romantiques. »112 Difficile en tout cas, même quand on croit l'avoir trop souvent entendu, d'échapper à la grandeur tragique de ce chef-d'œuvre incontournable.

Wolfgang Amadeus Mozart, Concerto no 20 en re mineur, K 466 (I. Allegro), Martha Argerich (piano), Orchestra di Padova e del Veneto, sous la direction d'Alexandre Rabinovitch (Teldec 1999).

Presque aussi célèbre, le vingt-et-unième, K 467, en ut majeur, est au contraire d'humeur joyeuse et détendue, avec un majestueux premier mouvement, fier et décidé, et un finale si franchement allègre qu'on lui a presque reproché de trop verser dans l'opera buffa. Mais si ce concerto bénéficie d'une immense popularité, il le doit avant tout à un Andante d'anthologie qui, à plusieurs reprises, a fait le bonheur des cinéastes. Dans ce lumineux chant de paix, « le flux sonore avance sans répit, sans fléchissement et pourtant il n'est stimulé par aucun effet oratoire : cette musique ne va pas vers… ; elle tourne sans cesse sur elle-même et son mouvement giratoire est continuellement rechargé par des pulsions de poésie pure. »113 Une ineffable poésie s'en dégage en effet, dont on ne sait s'il faut la qualifier de « nocturne » ou plutôt de « lunaire », tant cette musique met l'auditeur en état d'apesanteur. On comprend d'autant mieux que Messiaen ait vu dans cette page « une des plus belles de la musique de Mozart et de toute la musique. »

Wolfgang Amadeus Mozart, Concerto no 21, en ut majeur, K 467, (2. Andante), par Alfred Brendel et The Academy of Sant Martin-in-the-Fields, sous la direction de Neville Marriner.

Troisième et dernier des concertos de l'année 1785, le K 482, en mi bémol majeur, que Mozart créa en décembre de la même année avec un immense succès lors d'un concert par souscription, représente un autre sommet dans son œuvre concertante et, par certains traits, rappelle le concerto « Jeunehomme ». Premier des concertos de Mozart à recourir aux clarinettes dans l'orchestration d'origine, son vaste premier mouvement, superbement inspiré et varié, réalise une alliance merveilleuse entre force vitale (sensible surtout dans les tutti orchestraux) et chaleur humaine (omniprésente dans la partie soliste). Suit un andante en ut mineur, douloureux et pathétique, sur lequel Messiaen s'est exprimé en ces termes : « Pièce terrible, feu central que cet andante ! En un dramatique raccourci, on y voit évoluer toutes les contradictions que peut susciter l'idée de la mort : désespoir, révolte, accablement, consolations célestes et certitude de la résurrection. » Et de fait, on se demande encore comment le public viennois de l‘époque, réputé si frivole, fit pour apprécier, au point de la bisser, une pièce aussi sombre et profonde. Après cela, le finale ne pouvait qu'apporter la délivrance, et ce rondo, qui baigne en effet dans une joie on ne peut plus radieuse, aurait suffi à notre bonheur, mais Mozart, ainsi qu'il l'avait fait dans le finale du « Jeunehomme », l'a enrichi d'une divine surprise en y insérant une longue plage Andantino cantabile, toute de recueillement et de poésie.

olfgang Amadeus Mozartn Concerto no 22 en mi bémol majeur (II. Andante), par D. Barenboim et le London Chamber orchestra (1972).

 

Notes

110. Hocquard Jean-Victor, Mozart, de l’ombre à la lumière. Jean-Claude Lattès, Paris 1993, p. 231-233.

111. Szersnovicz Patrick, dans « Le Monde de la musique » (265), mai 2002.

112. —— dans « Le Monde de la musique » (264), avril 2002.

113. Hocquard Jean-Victor, op. cit., p. 241.

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Dimanche 4 Février, 2018 1:44