Œuvres pour la main gauche (5), transcriptions inédites de Paul Wittgenstein (Mendelssohn, Schumann, Schubert, Gounod, etc.), par Maxime Zecchini. Ad Vitam 2015 (AV 150215).
Enregistré à la Maison de l'Orchestre d'Île-de-France, Alfortville en 2014.
Pour l'esbroufe, pour épater la galerie, les virtuoses du piano ont développé dès le milieu du xixe siècle un répertoire pour la main gauche seule, soit des arrangements d'œuvres connues pour les deux mains, des réductions d'airs d'opéra comme on aimait alors, ou des pièces originales composées sur mesure, souvent par les pianistes eux-mêmes. Cela pouvait avantager les gauchers, et parfois permettre à des handicapés de se produire comme ce fut le cas de Géza Zichy (1849–1924), compositeur et pianiste hongrois, amputé du bras droit alors qu'il était un adolescent, ou le compositeur et chef d'orchestre canadien Raoul Sosa (né en 1939), ayant perdu l'usage de sa main droite à la suite d'une chute. Il y a également la fameuse dystonie ou « crampe du musicien », accident musculaire ou psychologique, qui peut immobiliser une main, comme ce fut le cas du violoniste Maxim Vengerov, les pianistes Bertrand Chamayou, Murray Perahia ou Michel Béroff… Mais aussi Robert Schumann.
Le Carnage de la Grande Guerre n'épargne pas les musiciens, dont des pianistes qui ont perdu l'usage du bras droit, comme le Tchécoslovaque Otakar Hollmann (1894-1967), l'anglais Douglas Fox (1893-1978) également organiste et chef d'orchestre, l'Allemand Siegfried Rapp (1915-1982). Ils sont à l'origine d'œuvres spécifiques. Mais c'est l'Autrichien naturalisé américain en 1946 Paul Wittgenstein (1887-1946), amputé du bras droit, qui par sa fortune personnelle peut passer des commandes aux compositeurs renommés de son époque, dont le célèbre concerto pour la main gauche de Maurice Ravel, en donnant ainsi au genre son aura.
Maxime Zecchini, brillant pianiste, chef d'orchestre, compositeur, est tombé du fond de la main amoureux de ce répertoire, et s'est engagé dans l'enregistrement d'une anthologie de ce genre pianistique brillant, tant pour la virtuosité d'interprétation que pour l'écriture mobilisées pour exploiter toutes les ressources d'un instrument conçu pour les deux mains.
Prévue en 20 cédés, c'est ici le 5e volume de cette anthologie, débutée en 2012. . Il est consacré à des transcriptions inédites de Paul Wittgenstein.
Edvard Grieg, Pièces lyriques, opus 47 no 7 (plage 8) .1. Charles Gounod, Ave Maria ; 2. Franz Liszt, Liebesträume (Rêves d'amour) ; 3-6. Felix Mendelssohn, Lieder Ohne Worte (Romances sans paroles) : Opus 53, 2 ; 62, 6 ; 85, 1 ; 85, 4 ; 7. Robert Schumann, Rêverie ; 8-9. Edvard Grieg, Pièces lyriques, opus 47 : nos 7 et 5 ; 10. Frédéric Chopin, Valse, opus 64, no 2 ; 11. Franz Schubert, Du bist die Ruh ; 12. Johann Sebastian Bach, Sicilienne.
Signalons également la sortie en 2014, sans la série « musiciens dans la Grande Guerre », un cédé Hortus comprenant le Concerto pour me mains gauche de Maurice Ravel, Diversions de Benjamin Britten et le concerto opus 17 de Korngold, par Nicolas Stravy.
Jean-Marc Warszwaski
27 décembre 2015
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