Ce document pour l'étude est une partie du site Musicologie.org http://www.musicologie.org ===================================== Joseph Haydn SYMPHONIE NO 22 EN MI BÉMOL MAJEUR (LE PHILOSOPHE) SYMPHONIE NO 23 EN SOL MAJEUR SYMPHONIE NO 24 EN RÉ MAJEUR SYMPHONIE NO 25 EN DO MAJEUR Parmi les quatre symphonies qui sont enregistrées ici, trois, les numéros 22 à 24, sont reconnues pour avoir été composées en 1724. Haydn passa les premières années de son activité au service de la famille Esterhàzy, vivant presque exclusivement à leur château dans la ville d'Eisenstadt dans le Burgenland. Le merveilleux palais d'été d'Eszterhàza ne fut achevé que deux années plus tard: à partir d'environ 1766, les activités musicales de la cour y furent basées durànt la plus grande partie de l'année. De retour à Eisenstadt, Nikolaus succéda au premier employeur de Haydn, le Prince Paul Anton. Nikolaus acquit la renommée d'être l'un des mécènes les plus cultivés de la dernière moitié du dix-huitième siècle. Il commença bientôt à réorganiser entièrement l'infrastructure de la musique de cour, notamment en élargissant l'orchestre et en employant dans ses rangs plusieurs des meilleurs instrumentistes de l'époque. Ici, même en l'absence du Prince, les concerts étaient donnés tous les mardis et samedis après-midi, ce qui exigeait de Haydn un flot continu de symphonies et autres oeuvres. Il est remarquable que, même en étant l'auteur de plus de cent symphonies pendant une période dépassant trente-six ans, Haydn ne prit jamais la voie facile en utilisant des formules simples, ou en utilisant la pratique baroque qui consiste à emprunter la musique de différentes sources (comme Bach copiant Vivaldi). Même dans ces oeuvres relativement premières, nous le retrouvons en train de chercher constamment des solutions nouvelles et différentes à des problèmes de style et de forme symphonique, chaque symphonie étant délibérément composée d'une façon différente de celle qui la précède. Pour le Symphonie No 22, tout comme son prédécesseur le No 21 (l'ordre chronologique des symphonies n'est pas toujours clair), Haydn utilisa en tant que base la forme archaïque de la sonate d'église. Le trait qui la distinguait consistait en un mouvement lent d'ouverture (l'introduction lente, de plus en plus reconnue, du premier mouvement rapide des symphonies de Haydn – comme le No 25 – est de façon concevable, dérivée de cette ancienne forme). Dans le cas du No 22, cette oeuvre est virtuellement un prélude choral d'orchestre, et son cours lent et pensif (les croches régulières dans la mélodie de la basse sont pratiquement maintenues à travers l'oeuvre entière) a pu être l'inspiration derrière son titre apocryphe `Le Philosophe' (la nature pensive de la symphonie se distingue aussi par un climat plus sombre, dans lequel les hautbois qui sont utilisés habituellement ont été substitués par une paire de cors anglais). Graduellement les violons étouffés se libèrent du mouvement régulier des croches et s'engagent dans un contrepoint convenablement académique. Le Presto qui suit est typique des mouvements rapides des premières symphonies de Haydn, ne possédant qu'un thème principal: une forme sonate "de la dernière moitié du dix- huitième siècle", comme elle est appelée, qui graduellement développe ses deux idées principales contrastantes – les premier et second sujets. Ici, la musique module dans le ton de la dominante Si bémol, mais le résultat ne peut être appelé un 'thème' comme tel, mais plus une idée de transition. Le Menuet, plutôt austère, est tempéré par un trio dans lequel une paire d'instruments à vent (des cors, par nom du moins, `anglais' et 'français') résonnent au- dessus de l'accompagnement discret des cordes. Le Finale Presto est composé de façon typique avec une idée courte, une gamme descendante de trois notes, entendue au début de l'oeuvre, et formant la base d'un autre mouvement de sonate ne possédant qu'un seul thème. La Symphonie No 23 est une oeuvre de quatre mouvements de structure plus traditionnelle; l'instrumentation est elle aussi plus conventionnelle pour les hautbois, les cors et les cordes. L'Allégro du début est dominé par son thème d'ouverture, qui rappelle presque Handel avec ses rythmes pointés. L'Andante élargie en Do majeur est pour cordes seulement, leurs forces réduites possédant aussi le trio en canon du menuet pour eux seuls. Le Finale est un mouvement de sonate avec le mode de 'chasse' favori de Haydn dans le rythme six-huit qui s'accélère en un véritable perpetuum mobile. Un premier exemple de l'humour du compositeur est démontré dans la surprenante conclusion – la musique disparaît avec un accord pizzicato pianissimo. Le mouvement qui débute le Symphonie No 24 est l'un des plus dramatiques dans le répertoire des premières symphonies d'Haydn. En oubliant les subtilités des crescendos et des diminuendo, la partition est remplie de nuances piano et forte qui alternent entre elles, alors que le développement se transforme en une succession de mesures fortissimo qui se concentrent entièrement en un mouvement vigoureux et une modulation chromatique – la récapitulation se doit de commencer d'une façon étouffée, après une pause, pour dissiper cette énergie. Pendant les années que Haydn passa avec la famille Esterhàzy, il aimait à donner à ses instrumentistes talentueux la chance de briller dans ses symphonies, et pour le mouvement lent du No 24, il introduit un solo de flûte cantabile qui, comme plusieurs solos dans ces cas particuliers, aurait pu être dérivé d'un concerto. La flûte revient brièvement dans le trio du menuet, mais, à part ce moment, elle est silencieuse – plusieurs années passeront avant que l'instrument trouve une place permanente dans l'orchestre symphonique de Haydn. Le Finale revient vers les nuances contrastantes du mouvement d'ouverture. Les Symphonies Nos 22-24 peuvent être datées précisément grâce aux manuscrits qui survécurent, mais l'oeuvre Symphonie No 25 n'est pas aussi fortunée. Elle date probablement de l'époque entre 1761 et 1765. Elle est un peu hybride, et possède une introduction lente avant l'Allegro qui est trop brève pour être un mouvement d'ouverture d'une sonate d'église. Cette symphonie ne possède pas de mouvement lent à part celui-ci. L'écriture thématique de l'Allegro suggère une date antérieure à celle des symphonies mentionnées auparavant, mais ceci est peut-être la réponse de Haydn à la clef de Do majeur, qui était souvent associée avec les habilités mélodiques plus restreintes des cuivres du dix-huitième siècle (mais il n'introduit pas de trompettes et de tambours dans cette oeuvre, comme il le fit dans d'autres symphonies en Do majeur). Malgré cela, une variété de mélodies est présentée dans le menuet et le Finale presto trépidant. MATTHEW RYE ©1994 Treaduction ISABELLE DUBOIS