Ce document pour étude est une partie du site http://www.musicologie.org =============================== JOSEPH HAYDN : «LA FEDELTÀ PREMIATA» RÉSUMÉ DE L'ACTION Par Erik Smith Premier acte Réunis à Cumes, devant le temple de Dia-ne, des nymphes et des bergers implorent la clémence de la déesse. Le prêtre Melibeo accueille chaleureusement Amaranta qui apporte deux tourterelles pour le sacrifice. Après que la foule s'est éloignée pour se préparer à la chasse sacrée consacrée à Diane, Amaranta lit l'inscription qui figure sur le temple et qui explique l'affliction générale: "Tous les ans, le monstre devra engloutir deux fidèles amants: toutefois, si à leur place, de la même façon, une âme forte se donne volontairement la mort, vous vivrez en paix et cesserez de pleurer". "Melibeo s'empresse d'ajouter qu'il n'y a aucun danger pour celle qui l'aimera. Nerina accu-se violemment Lindoro, frère d'Amaranta, de l'avoir ignorée depuis l'arrivée de Celia. Irritée par son impertinence, la fière Amaranta demande à Melibeo d'user de son influence pour arranger un mariage entre Lindoro et Celia. A cette perspective, Lindoro saute de joie ("Già, mi sembra di sentire de' stromenti il gran fracasso"). Les faux serments d'amour d'Amaranta à Melibeo ("Per te m'accese amore un dolce foco in petto") sont interrompus par l'arrivée d'un Perrucchetto terrifié que des voleurs viennent d'attaquer. Le personnage entre-prend aussitôt de faire la cour à Amaranta et, du même coup, sa frayeur se transforme en joie. De toute évidence, Amaranta préfère un comte à un prêtre. Dans un air évoquant le combat de deux taureaux ("Midica, il mio signore"), Melibeo laisse sourdre une menace voilée à laquelle Amaranta, pas plus que Perrucchetto ne prêtent la moindre attention. Dans une nouvelle scène, Fileno est en train de se lamenter sur un amour perdu. Arrive une nymphe: c'est Nerina qui lui fait le récit de ses malheurs et à laquelle il raconte les siens. Son amour, dit-elle, lui a été dérobé par une certaine Celia. Sa bien-aimée Fillide, gémit-il, a été tuée par un serpent venimeux. Bien entendu, ni l'un ni l'autre ne se doutent qu'ils parlent de la même femme. Fileno promet à la nymphe de l'aider en persuadant Celia de laisser Lindoro tranquille. Nerina affirme qu'être amoureux c'est con-naître des tourments bien cruels, mais que vivre sans amour c'est encore pis (" È aurore di natura un barbaro, un crudele"). En un autre endroit de la forêt, Celia (dont le vrai nom est Fillide) garde ses moutons tout en déplorant son triste sorte. La croyant morte, son amoureux Fileno a disparu. Elle est partie à sa recherche sous le nom d'emprunt de Celia. Tandis qu'elle sombre dans le sommeil, Fileno est amené par Nerina. Il commence par chasser le lâche Lindoro qui montait jalousement la garde auprès de Ce- lia puis s'approche de la jeune fille endormie. Celle-ci se réveille. Les deux amoureux se reconnaissant. Surprise et joie. Du coin de l'oeil, Celia surprend Melibeo et Lindoro qui les épient. Elle comprend aussitôt le danger qui les menace: être désignés comme les Amoureux Fidèles de l'année. Alors que les autres s'approchent, elle nie avoir jamais vu Fileno auparavant. D'où la fureur et le désespoir de ce dernier ("Miseri affetti miel"). Celia s'élance à sa poursuite pour l'empêcher de faire des bêtises. Elle-même est suivie par Lindoro et par le regard fureteurde Perrucchetto. Ce qui provoque la colère d'Amaranta ("Vanne... fuggi... traditore!"). Celia a eu beau faire preuve d'une remarquable présence d'esprit, Melibeo soupçonne la vérité. II lui donne à choisir entre épouser Lindoro ou être jetée au monstre. Celia demande à Nerina d'oublier sa jalousie sans fondement et d'avertir Fileno du danger ("Deh soccorri"). Mais celle- ci comprend d'autant moins que le toujours amoureux Perrucchetto est maintenant en train de lui conter fleurette ("Coli' amoroso fo-co"). Une fois de plus, Amaranta surprend le jeu du comte et donne libre cours à sa colère. Nous en sommes maintenant au finale du premier acte. Dans la première partie de ce dernier ("Questi torii"), Amaranta, Lindoro et Melibeo discutent du plan qu'ils ont conçu pour obliger Celia à épouser Lindoro. Entrée de Celia, laquelle exprime sa tristesse ("Ah non tremarmi tante). Les avances de Lindoro ont tôt fait de la mettre en colère. Elle le giffle et s'enfuit ("Anima vil, rispondo"). Lindoro raconte ce qui vient de se passer. Amaranta est indignée ("Ah villana aile selve"). Nerina arrive, sur ces entrefaites, poursui-vie par Perrucchetto et chacun se livre à des commentaires sur les tourments provoqués par un amour non payé de retour. Amaranta, qui s'était élancée à la recherche de Ce-lia, ramène celle-ci de force ("Lasciami... che pretendi"). Celia refuse de se plier aux exigences qu'on veut lui imposer et supplie qu'on n'attente pas à la vie de Fileno. Mais voici celui-ci, enchaîné, et se désespérant de ce qu'il croit être l'infidélité de Celia ("Se non si trova"). Son courroux éclate lors-qu'on lui apprend que Celia va épouser Lindoro ("T'intendo, sr'). Pourtant, Celia ne peut rien dire, effrayée qu'elle est à l'idée du sort que le monstre leur réserve à tous les deux. L'irruption d'une troupe de satyres crée une nouvelle diversion ("Aiutatemi"). Ceux-ci surveillent Nerina mais c'est Celia qu'ils en-lèvent. Toujours entravé, Fileno - le seul homme courageux de l'assistance - ne peut intervenir. Dans la dernière partie du finale ("Ah che il duolo"), chacun se tord les mains et se lamente... Deuxième acte Le deuxième acte s'ouvre sur divers récita-tifs et sur un air de Lindoro que, semble-t-il, Haydn n'orchestra pas complètement, et qui ne fut sans doute pas chanté lors de la première représentation de l'opéra. Quoi qu'il en soit, dans cette section qui ne figure pas dans le présent enregistrement, nous aurions appris que Nerina, bonne fille, a dé-taché Fileno, que ce dernier a arraché Celia aux satyres mais, immédiatement après, l'a perdue de nouveau, qu'Amaranta et Perrucchetto se sont encore disputés puis se sont réconciliés à la grande fureur du jaloux Melibeo. Le sinistre prêtre donne son avis à Nerina sur la manière de s'y prendre pour gagner le coeur de Fileno ("Sappi che la bellezza"). Pour se venger de Celia, dont il sait qu'elle l'écoute, dissimulée, Fileno fait la cour à Nerina ("Se da'begli occhi tuoi") puis s'en va. Celia proteste auprès de Nerina. Celle-ci se contente de lui conseiller de ne plus s'intéresser à Fileno ("Volgi pure"). Suit une scène de chasse, laquelle commence après que le choeur s'est manifesté. En l'occurrence, les animaux sont les chasseurs. Poursuivi par un ours, Perrucchetto se réfugie dans un arbre. Attaquée par un sanglier, Amaranta est sauvée par Fileno qui se retire ensuite, modestement. Second Papageno, Perrucchetto descend de son perchoir et se présente comme l'intrépide défenseur qui a occis le sanglier ("Di questo audace ferro"). Viennent ensuite deux longues scènes, centre émotionnel de l'oeuvre. Désespéré, Fileno est décidé à mourir. II grave d'abord, sur un tronc d'arbre, le message suivant: "Pour Fillide, l'infidèle, est mort ... Fileno." Puis il s'en va. Arrivée de Celia. Lecture du message; désespoir. Celia s'adresse à l'es-prit de Fileno ("Ombra del taro bene") dont elle croit entendre la voix dans le roulement du tonnerre (timbales). Melibeo, dont le plan n'est pas loin de se réaliser, s'arrange pour faire attraper Celia et Perrucchetto qui se trouvaient tous les deux dans une caverne. Ce seront les prochaines victimes du monstre. Seule réaction d'Amaranta: une nouvelle explosion de fureur à l'idée que le comte lui a, encore une fois, été infidèle. Dans un récitatif accompagné et un air ("Barbaro conte"), cette jeune personne hautaine et sans scrupules se voit dotée d'une partie musicale encore plus belle que celle des deux grandes scènes précédentes. Fileno erre, à la recherche de Celia. Tourmentée par le remords, Nerina voudrait l'aider. Pourtant, elle n'ose pas. Un silence inquiétant accueille Fileno et le finale du deuxième acte commence. Dans l'Adagio "Quel silenzio", Nerina et Lindoro partagent l'inquiétude de Fileno. L'un et l'autre réalisent trop tard que l'intrigue lé-gère qu'ils ont montée avec Melibeo va avoir des conséquences horribles. Amaranta les rejoint ("Si vada ...") et les presse de délivrer le comte. Perrucchetto ne sera probablement pas un mari très satisfaisant mais, d'un autre côté, il est dur de voir la seule chance que l'on a de devenir comtes-se disparaître au petit déjeuner d'un monstre. Revêtu de ses habits de cérémonie, Melibeo amène solennellement les futures victimes ("Queste due vittime"). Sentiment d'horreur chez les assistants. Celia et Perrucchetto protestent de nouveau contre l'in-justice de leur sort ("Perfido cielo"). Melibeo leur impose silence. II enjoint à chacun de se hâter car Diane ne doit pas attendre ("Via su, si vada"). Dans l'allegro conclusif ("Che caso bararo"), le tonnerre annonciateur de la colère de la déesse jette la consternation parmi les personnages... Troisième acte Le troisième acte s'ouvre par un duo entre Celia et Fileno ("A, se tu vuoi ch'io viva"). Ceux-ci voudraient bien faire la paix mais les conventions théâtrales en usage du temps de Haydn ne permettent pas à Celia d'expliquer, à ce moment-là, son apparente trahison. Ainsi, la querelle entre les deux amoureux ne sera-t-elle pas résolue avant le dénouement de l'opéra. Melibeo mène maintenant toute la population sur le rivage et l'on entend le monstre. Tout espoir paraît perdu pour Celia et Perrucchetto. Pourtant, poussé par son amour et malgré l'infidélité de Celia, Fileno annonce qu'il est ce volontaire dont le sacrifice peut seul ramener la paix à Cumes. II se précipite à la rencontre du monstre. Soudain, au son des cors de chasse, celui-ci se métamorphose en une grotte dans laquelle Dia-ne est installée avec sa cour. Si la malédiction s'était abattue sur Cumes, c'était parce qu'une prêtresse sacrilège de la déesse avait fui avec un amoureux, non sans avoir au préalable soustrait du temple un coeur en or massif. Le coeur ayant été récupéré et la générosité de Fileno aidant. Diane accorde la paix tant souhaitée. Sauf pour Melibeo qui, lui, sera abattu immédiatement. Diane décide que Fileno épousera Fillide et que Perrucchetto se mariera avec Amaranta (Nerina ne saurait être promise à Lindoro car elle n'est pas présente sur le plateau: lors de la première, la même artiste chantait Nerina et Diane). L'opéra s'achève dans l'allégresse générale et dans les louanges célébrant la clémence de Diane. Traduction: Jean Dupart