vendredi 11 février 2011
______________________________ De Lifar à Preljocaj, l'Opéra de Paris présente ses ballets
au Bolchoï
L'Opéra de Paris présente au théâtre du Bolchoï
de Moscou la chorégraphie française du 20e siècle avec quatre ballets de grands maîtres, Serge
Lifar, Roland Petit, Maurice Béjart et Angelin Preljocaj, ont annoncé jeudi les organisateurs.
Cette tournée, la première au Bolchoï depuis 20 ans et qui
durera une semaine, prévoit trois soirées avec les mini-ballets « La suite » en Blanc de Lifar,
« l'Arlésienne » de Petit et « Boléro » de Béjart, et trois représentations
du « Parc » de Preljocaj.
« Nous avons choisi de présenter trois chorégraphes
qui s'appuient sur la technique classique, qui ont leur propre univers et que l'on peut en même temps appeler néo-classiques
», a souligné Brigitte Lefèvre, directrice de la Danse de l'Opéra National de Paris au cours d'une
conférence de presse.
« Le XXe siècle étant déjà le siècle
dernier, c'est une façon de présenter le répertoire du Ballet de l'Opéra de Paris », a-t-elle
poursuivi.
Quant au Parc, « c'est une forme d'hommage moderne au 18e siècle,
un ballet d'amour avec de magnifiques costumes, la musique de Mozart, et ce style très particulier d'Angelin Preljocaj
», a-t-elle souligné.
« C'est une fête pour le Bolchoï », s'est pour sa
part félicité le directeur du théâtre Anatoli Iksanov.
Le Bolchoï prévoit de son côté une tournée à
Paris en mai avec les ballets « Don Quichotte » et « Les flammes de Paris », a-t-il annoncé.
vendredi 11 février 2011
______________________________ Michel Lefeivre est élu président Scènes publiques et appelle
à la mobilisation
Le Syndicat National des Scènes Publiques, qui rassemble près
de 170 structures de spectacle vivant, a élu un nouveau président, Michel Lefeivre, et un nouveau Conseil syndical,
indique un communiqué jeudi.
Michel Lefeivre (Centre des Bords de Marne, Scène conventionnée/Le
Perreux sur Marne), jusqu'alors vice-président en charge de la négociation collective, succède à
Loïc Lannou, président du Syndicat pendant deux ans et qui cesse ses activités professionnelles.
Le nouveau président a demandé à l'Assemblée générale
réunie le 7 février, qui a élu le nouveau Conseil syndical, de voter deux motions. L'une appelle à
la mobilisation, « considérant que les scènes conventionnées (...) sont en danger »
(à travers notamment les redéploiements budgétaires dans les Drac).
L'autre appelle à la création d'un Bureau de Liaison du Spectacle
Vivant Subventionné, dont les contours restent à préciser, « afin de coordonner au mieux
les positions et actions collectives partagées de défense et de développement du Spectacle vivant ».
Le Syndicat National des Scènes Publiques, créé en 1995,
rassemble près de 170 structures de spectacle vivant, subventionnées principalement par les collectivités
territoriales et proposant à l'échelle d'un territoire une programmation artistique.
vendredi 11 février 2011
______________________________ Bernard Murat élu président du syndicat des Théâtres
Privés
Le Syndicat national des Théâtres Privés (SNDTP), qui regroupe
les principaux acteurs de la création et de la diffusion théâtrales privées, a élu jeudi
sa nouvelle direction portant Bernard Murat à sa tête, selon un communiqué.
Bernard Murat dirige le Théâtre Edouard VII à Paris depuis
2001. Il est metteur en scène, réalisateur et acteur.
Il a dirigé les plus grands acteurs français comme Daniel Auteuil,
Michèle Morgan, André Dussolier, Isabelle Huppert, Jean-Paul Belmondo ou Alain Delon.
Deux vice-présidents ont également été élus,
Stéphane Hillel (Théâtre de Paris) et Gérard Maro (Théâtre de l'Œuvre).
Le secrétaire général est Pedro Gomes (Théâtre
Mogador) et le trésorier Francis Nani (Théâtre du Palais-Royal).
Un bureau de six membres a également été élu.
vendredi 11 février 2011
______________________________ Décès du metteur en scène Michel Fagadau
Le metteur en scène Michel Fagadau, dont la dernière création
« Le Nombril » de Jean Anouilh est actuellement à l'affiche à Paris, est décédé
jeudi à l'âge de 80 ans, a annoncé son service de presse.
Michel Fagadau était depuis 1994 directeur de la Comédie des Champs-Elysées
où est joué « Le Nombril », et du studio des Champs-Elysées.
Il avait été directeur artistique du Théâtre de la
Gaîté-Montparnasse de 1960 à 1990.
A la Comédie des Champs-Elysées, il avait présenté
des mises en scène très remarquées, comme « Colombe » de Jean Anouilh en 1996, « Love
» de Murray Schisgal en 2001, « Le Miroir » d'Arthur Miller en 2005, « Le Plan B »
d'Andrew Payne en 2008, « L'Anniversaire » d'Harold Pinter et « Le Démon de Hannah »
d'Antoine Rault en 2009.
Né à Bucarest en 1939, le metteur en scène franco-roumain
se caractérisait par son cosmopolitisme.
Sa vocation pour le théâtre naît alors qu'il assiste, à
l'âge de huit ans, à une représentation des « Revenants » d'Ibsen. Il décide
d'aller suivre des études théâtrales en Grande-Bretagne où il est admis à la Royal Academy
of Dramatic Arts.
A sa sortie, en 1957, il est engagé à la Royal Shakespeare Company.
Il y interprète notamment Laërte dans « Hamlet » de Shakespeare et Orphée dans « Eurydice
» de Jean Anouilh.
Mais Michel Fagadau éprouve très vite le désir de diriger
lui-même des acteurs. Sa première mise en scène « Voulez-vous jouer avec moâ ? »
de Marcel Achard, est jouée à la Royal Shakespeare Company.
Dans les années soixante, de passage à Paris, il croise deux producteurs
anglais qui lui confient la direction du Théâtre de la Gaîté-Montparnasse.
Michel Fagadau, qui n'a que 24 ans, dirige le théâtre en parvenant
à satisfaire les exigences tant économiques qu'artistiques. Il n'hésite pas à traduire et mettre
à l'affiche des écrivains étrangers, en général anglophones, encore inconnus du public
parisien tels que Ann Jellicoe (« Le Knack« en 1971, Grand prix Dominique de la mise en scène),
Murray Schisgal (« Love »), John Guare (« Un pape à New-York »).
« Ce qui m'a poussé à choisir »Le Nombril« ,
dernière pièce de Jean Anouilh, quasi testament, c'est qu'à travers la comédie de caractère
et de mœurs, plus actuelle que jamais et assez moliéresque, se dessine le désarroi de l'auteur quant à
sa véritable identité », écrivait-il pour présenter sa dernière mise en scène.
Il concluait : « Telle la fin du »Formidable Bordel«
(de Ionesco), on peut vraiment se demander si la vie elle-même n'est pas un théâtre de l'absurde ».
vendredi 11 février 2011
______________________________ Les frères Coen ouvrent la Berlinale avec l'âpre et sombre «
True grit »
Après avoir épuisé une grande partie des genres hollywoodiens,
les frères Coen ouvrent la Berlinale jeudi avec un western, « True grit », sombre remake de « Cent
dollars pour un shérif » qui révèle la jeune Hailee Steinfeld en adolescente revancharde.
Le film, dont le festival de Berlin accueille la première européenne,
est sorti aux Etats-Unis en décembre, juste à temps pour concourir aux Oscars, auxquels il est nommé
dans pas moins de dix catégories, dont celles de meilleur film, meilleure réalisation et meilleur acteur pour
Jeff Bridges.
Ce dernier reprend le rôle qui avait valu à John Wayne le seul
Oscar de sa carrière, en 1970, dans la première adaptation du roman de Charles Portis pour le grand écran,
« Cent dollars pour un shérif », signé par l'un des maîtres de l'âge d'or du western
hollywoodien, Henry Hathaway.
La version de Joel et Ethan Coen, beaucoup plus fidèle à l'âpreté
et à la violence du roman, commence par une voix off qui résume l'histoire à venir.
« Les gens n'arrivent pas à croire qu'une jeune fille de 14
ans puisse quitter sa maison et prendre la route, en plein hiver, pour venger le sang de son père. Mais ce n'était
pas si étrange, en ce temps-là — même si je dois reconnaître que cela n'arrivait pas tous
les jours... ».
La voix est celle de Mattie, une femme « qui en a » — comme
l'affirme le titre original en anglais — et qui va raconter, deux heures durant, comment elle avait embauché
Rooster, un marshal acariâtre (Jeff Bridges) pour liquider Tom Chaney (Josh Brolin), l'assassin de son père.
En chemin, le marshal et l'adolescente — brillamment interprétée
par Hailee Steinfeld, la révélation du film, nommée à l'Oscar du meilleur second rôle féminin
— vont croiser la route de LaBoeuf (Matt Damon), un ranger texan quelque peu imbu de sa personne, lancé lui aussi
aux trousses de Chaney.
Quand Henry Hathaway, dans la grande tradition du western hollywoodien classique,
faisait évoluer ses personnages dans un Ouest américain verdoyant dopé au technicolor, les frères
Coen optent pour un film plus âpre et plus sombre, dépeignant un ouest poussiéreux, inhospitalier et
violent.
L'humour, comme toujours avec les deux cinéastes, n'est cependant jamais
très loin et le langage ampoulé utilisé par certains personnages — notamment Mattie et LaBoeuf
— contribue à installer le film, volontiers bavard, dans une étrangeté parfois comique, malgré
son fond foncièrement tragique.
Et malgré ses longueurs, « True grit » offre plusieurs
scènes d'une force visuelle subjugante, telle cette chevauchée nocturne finale, qui révèle, in
extremis, la tendresse de Rooster pour sa jeune protégée.
Après l'échec sans appel de « A serious man »,
Joel et Ethan Coen ont signé avec « True Grit » leur œuvre la plus profitable à ce jour.
Premier film des deux frères à avoir franchi la barre des 100
millions de dollars en Amérique du Nord, « True grit » a déjà rapporté plus
de 160 millions de dollars de recettes, alors que sa carrière n'a pas encore commencé en Europe, où
les Coen jouissent d'un public enthousiaste et fidèle.
Les deux cinéastes avaient remporté leur premier Oscar en 1997
pour le scénario de « Fargo », avant de connaître la consécration du gotha hollywoodien
en 2008 avec les quatre Oscars de « No country for old men - Non, ce pays n'est pas pour le vieil homme ».
Le duo était reparti avec les statuettes de meilleur film, meilleur réalisation et meilleur scénario,
tandis que l'Espagnol Javier Bardem avait remporté l'Oscar du meilleur second rôle.
vendredi 11 février 2011
______________________________ La fillette de « True Grit » sait tenir les stars en respect
Du haut de ses 14 ans, Hailee Steinfeld, la fillette qui veut venger son père
dans « True Grit », le western des frères Coen, a su tenir les stars du film en respect, a rapporté
Jeff Bridges jeudi à Berlin.
Le film devait être projeté hors compétition dans la soirée,
en ouverture de la 61e Berlinale.
Hailee est nominée pour un Oscar du meilleur second rôle et Jeff
Bridges, le shérif, déjà oscarisé l'an passé pour « Crazy Heart », celui
du meilleur acteur pour ce film qui totalise dix citations dont celle de meilleur film.
« Elles nous a tenus en respect », a raconté Jeff Bridges
à la presse en parlant aussi au nom de ses coéquipiers, Matt Damon et Josh Brolin. « Elle avait
un genre de vase, et si on lâchait le mot de cinq lettres, je crois que c'était cinq dollars ».
« J'ai une ardoise et je lui dois encore pas mal d'argent »,
a-t-il plaisanté.
« Elle a probablement fait plus d'argent avec ce pot qu'avec le film
» a renchéri Josh Brolin, qui joue le méchant dans « True Grit ».
Hailee Steinfeld est une jeune fille qui cherche à venger le meurtre
de son père, à la fin du 19e siècle dans l'ouest des Etats-Unis. Elle a assuré que ce casting
de star l'avait prise sous son aile.
« Au départ j'étais plutôt un peu intimidée,
jusqu'à ce que je rencontre Joel et Ethan, Jeff, Josh et Matt: ils se sont tous montrés si gentils, ils sont
tous devenus comme des pères pour moi ».
Joel Coen, en retour, a rendu hommage à la discipline de la jeune fille
pendant le tournage, même pour les scènes les plus audacieuses.
« Je disais, Hailee, tu vas descendre dans cette rivière
glacée puis monter dans cet arbre et te retrouvée pendue à cinq mètres du sol... et elle
disait, ah oui, ok, je vois ».
Acclamé aux Etats-Unis, « True Grit » entame à
Berlin sa carrière européenne.
vendredi 11 février 2011
______________________________ Berlinale: mystère autour d'un documentaire sur Khodorkovski
La présentation à la 61e Berlinale (10 au 20 février) d'un
documentaire sur l'ex-magnat russe aujourd'hui emprisonné Mikhaïl Khodorkovski a pris un tour pour le moins mystérieux,
le réalisateur allemand ayant été victime de deux cambriolages suspects.
Le film de Cyril Tuschi s'intéresse au comportement de Khodorkovski,
ancien magnat du pétrole et ex-patron du géant pétrolier Ioukos, ennemi juré du Premier ministre
russe Vladimir Poutine, et à celui des autorités russes dans le bras de fer à rebondissements qui les
oppose.
En prison depuis 2003, Mikhaïl Khodorkovski a vu sa peine prolongée
en décembre jusqu'à 2017, dans ce que beaucoup d'observateurs considèrent comme un règlement
de comptes politique contre un homme d'affaires ayant tenu tête au Kremlin et qui finançait l'opposition.
« Le mystère qui entoure les raisons de son retour en Russie
(en 2003) explique pourquoi j'ai fait ce film », a expliqué Cyril Tuschi à l'AFP au cours d'un entretien
réalisé la veille du cambriolage des locaux de sa société de production.
« Pourquoi une personne si rationnelle, intelligente et logique commet-elle
une erreur si illogique avec les deux yeux grand ouverts? J'ai trouvé ce drame shakespearien — comment une personne
ayant atteint un tel niveau peut tomber aussi bas — fascinant ».
Cyril Tuschi, dont le film doit être présenté dans la section
« Panorama Documents » de la Berlinale, à partir du 14 février, a expliqué s'être
déjà montré très prudent lors du tournage en Russie.
« Pendant que nous étions en Sibérie, nous avons été
suivis et je crois que nos téléphones ont été mis sur écoute », selon le réalisateur
de 42 ans.
La semaine dernière, plusieurs de ses ordinateurs sur lesquels se trouvait
« du matériel de travail » et une version finale du film ont été volés lors
d'un cambriolage des locaux de sa société de production.
Le disque dur d'un ordinateur comprenant certains passages du film avait déjà
été volé il y a quelques semaines dans une chambre d'hôtel, a précisé le producteur,
Farbfilm-Verleih. Les objets de valeur ont été ignorés.
Le réalisateur est désormais hébergé par des amis,
selon la presse, et refuse de répondre aux journalistes. « Quelqu'un essaie de me faire peur et je dois
dire qu'ils ont réussi », a-t-il néanmoins indiqué au quotidien Süddeutsche Zeitung.
Le film présente également l'une des rares interviews à
l'image de l'homme emprisonné. « Je croyais que je devais me défendre moi même devant la cour
», explique-t-il pour justifier son retour en Russie en 2003. « Je crois aussi en quelque chose qui s'appelle
la justice ».
Pour Tuschi, Khodorkovski est animé par un sens de l'honneur. « Je
crois que c'est comme cela qu'il arrive à rester fort », explique-t-il. « Cela m'a fortement impressionné
»
vendredi 11 février 2011
______________________________ Le sexe dans tous ses états exposé aux plus de 16 ans à Londres
Le vénérable Natural History Museum de Londres se lance pour la
première fois dans une exploration tous azimuts du sexe dans la nature, avec une exposition destinée « aux
adultes et plus de 16 ans » où le bizarre le dispute au poétique.
L'exposition dit tout et montre tout sur le sujet, avec des lapins et hérissons
-empaillés- en pleine action, des pénis riquiqui (de la taille d'un cheveu chez la chauve-souris) ou impressionnant,
comme chez le morse.
L'humour est de la partie, avec une série de petits films baptisés
« porno vert » où l'actrice Isabella Rossellini interprète les animaux les plus variés,
escargot, canard ou araignée, en pleine stratégie de reproduction.
La sexualité humaine semblera bien simple, comparée au pénis
détachable que l'argonaute (un mollusque) dépose chez sa femelle, ou à celui du bernacle, un crustacé
qui peut déployer un pénis faisant 30 fois sa taille.
« Guy le gorille », véritable mascotte du Zoo de Londres
pendant des années et à présent empaillé, occupe une place d'honneur dans l'exposition. Impressionnant,
il entretenait un véritable harem et tenait à bonne distance ses rivaux tout en étant capable d'une
grande gentillesse.
Les bonobos, capables de faire l'amour à tout moment, un bébé
sur le dos, ou en train de manger un ananas, ne manqueront pas de fasciner.
« Nous demandons aux visiteurs de laisser leurs préjugés
au vestiaire », a expliqué à l'AFP Tate Greenhalgh, commissaire de l'exposition. « L'exposition
décrit la relation entre le sexe, l'évolution et les adaptations surprenantes que les animaux ont mis au point
pour se reproduire avec le meilleur succès possible. »
Un petit oiseau au magnifique plumage bleu, le Mérion superbe, peut produire
une dose record de 8 milliards de spermatozoïdes en une seule fois, espérant être l'heureux père
des oisillons alors que la femelle a un comportement sexuel très libre, exacerbant la compétition.
Quant au hérisson, il n'hésite pas à fermer le vagin de
la femelle qu'il a fécondée avec une substance séminale qui durcit, repoussant ses éventuels
rivaux.
La poésie a sa place, avec un mur où le visiteur est invité
à apposer ses propres mots, à quelques jours de la Saint-Valentin.
« Sexual Nature », 11 février au 2 octobre 2011, Natural
History Museum
vendredi 11 février 2011
______________________________ Il y a 3,2 millions d'années, Lucy et ses semblables étaient déjà
bipèdes
Un os du pied d'un hominidé similaire à la célèbre
Lucy, un ancêtre de l'homo sapiens vieux de 3,2 millions d'années, montre que cette espèce était
bipède comme l'homme, selon une découverte publiée jeudi et qui pourrait modifier l'histoire de l'évolution
humaine.
La forme de cet os fossilisé — un métatarsien — retrouvé
à Hadar en Ethiopie montre que ces hominidés, Australopithecus afarensis (A. afarensis) avaient des pieds arqués,
une caractéristique physiologique indispensable pour se tenir debout sur deux jambes et marcher.
« Le quatrième métatarsien est le seul connu ayant
appartenu à un A. afarensis et constitue une indication clé de l'évolution d'une façon de marcher
unique à l'humain », explique William Kimbel, paléontologue à l'Université d'Arizona (sud-ouest),
l'un des co-auteurs de cette découverte parue dans la revue américaine Science datée du 11 février.
Comme le pied humain, celui de l'afarensis comptait aussi cinq métatarsiens
formant le métatarse, la partie du pied située entre le tarse (ensemble de sept os situés entre les
extrémités du tibia et du péroné) et les orteils.
« Le développement d'un pied arqué a marqué
un changement fondamental dans l'évolution vers la condition humaine, à savoir la disparition de la capacité
d'utiliser le gros orteil pour s'accrocher aux branches, indiquant que ces ancêtres avaient finalement abandonné
la vie dans les arbres pour vivre sur le sol », poursuit ce chercheur.
« Maintenant que nous savons que Lucy et ses semblables avaient un
métatarse arqué, cela change beaucoup la manière dont nous voyons cette espèce d'hominidés
car cela nous révèle où ils vivaient, ce qu'ils mangeaient et comment ils évitaient les prédateurs
», souligne Carol Ward, professeur d'anatomie à l'Université du Missouri (sud), un autre co-auteur de
ces travaux.
Les A. afarensis ont représenté dans l'évolution une nouvelle
espèce d'hominidé, fondamentalement différente de celles qui ont précédé, comme
l'Ardipithecus ramidus ou Ardi, qui ne marchait pas debout, en tout cas pas de façon permanente.
Les Ardipithecus vivaient il y a 4,4 millions d'années dans ce qui est
aujourd'hui l'Ethipie. Ils sont les plus anciens hominidés connus et constituent un jalon vers l'ancêtre commun
à l'homme et au singe.
Avec un pied arqué, les A. afarensis pouvaient sans problème sillonner
la campagne et quitter la forêt en quête de nourriture quand ils en avaient besoin.
Dotés d'une solide mâchoire, ces hominidés pouvaient manger
différents types de nourriture dont des fruits, des graines, des noix et des racines, relèvent les auteurs
de l'étude.
Combinant la puissance de leur mâchoire et de leurs nouvelles capacités
de marcher, Lucy et ses semblables pouvaient à loisir vivre dans des zones ouvertes de savane aussi bien que dans
la forêt, en déduisent-ils.
Cette forme arquée du métatarse agit comme un ressort et une plateforme
solide pour se propulser vers l'avant, ce qui permet de se tenir debout en marchant, précisent ces chercheurs.
« C'est une caractéristique clé de la marche chez les
humains et ceux qui aujourd'hui ont les pieds plats ont de nombreux problèmes d'articulation dans tout leur squelette
», note Carol Ward.
« Savoir que cette forme arquée du pied est apparue très
tôt dans notre évolution montre que cette structure unique est fondamentale à la locomotion humaine »,
poursuit-elle.
« Si nous pouvons comprendre les raisons de la conception de notre
corps et la sélection naturelle qui a façonné le squelette humain, nous avons un nouvel éclairage
sur son fonctionnement aujourd'hui », ajoute cette spécialiste de l'anatomie.
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