musicologie   lundi 20 décembre 2010

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Les lauréats du premier concours international de bel canto Vincenzo Bellini

Le samedi 18 décembre, le Théâtre des Hauts-de-Seine à Puteaux, faisait salle comble pour la finale du premier concours international de belcanto Vincenzo Bellini, co-organié avec Catane, la ville natale de Bellini en Italie. Les membres du jury ont proclamé le palmarès devant un public enthousiaste :

Pretty Yende, déjà célèbre dans son pays, à remporté de nombreux prix internationaux.

Pretty Yende et Andrea Bocelli à Johannesburg, le 9 juillet 2010

Étaient en copétition : Bruno Robba (France), Kyungran Kim (Corée du Sud), Julie Cherrier (France), Fabienne Conrad (France), Júlia Farrès (Espagne), Ekaterina Gaidanskaya (Italie), Saioa Hernandez (Espagne), Mikheil Kiriq (Géorgie), Avi Klemberg (France), Sandra Liz-Cartegena (Colombie), Bruno Robba (France), Pretty Yende (Afrique du Sud), Jihan Shin (Corée du Sud)

Le jury présidé par Alain Lanceron était composé de June Anderson, Philippe Entremont, Vincenzo De Vivo, Gioacchino Lanza Tomasi, Enrico Castiglione, Daniel Borniquez, Sergio Segalini.

Pretty Yende, dans la « Chauve-souris » de Johann Strauss

 

Pretty Yende, dans la «  Somnambule » de Bellini

 

Des scènes de rue en chansons à l'amphithéâtre de l'Opéra Bastille

« New York, Songs From Street Scene » (« New York, scène de rue en chansons »), de Kurt Weill (1900-1950), est présenté pour quelques jours à l'amphithéâtre de l'Opéra Bastille par les jeunes talents de l'Atelier lyrique de l'Opéra de Paris, dont l'enthousiasme imbibe le spectacle.

L'Atelier lyrique, créé en 2005, a pour objet d'aider pendant deux ans de jeunes chanteurs et pianistes à approfondir leurs connaissances et leur pratique de l'art lyrique, sur la base de projets ensuite présentés au public.

« New York, Songs From Street Scene » a été écrit en 1947 par Weill, Allemand devenu Américain après avoir fui son pays et le nazisme en 1935. L'oeuvre tient aussi bien de l'opéra que de la comédie musicale et a été qualifiée de « comédie musicale dramatique ». Elle est chantée en anglais (avec sous-titres), et les passages parlés le sont en français.

L'action se passe dans une rue d'un quartier populaire de New York, accablée de chaleur (on y rêve d'ailleurs qu'il neige « un tout petit peu »). Une multitude de personnages, désespérés par le vide de leur vie qu'ils meublent de ragots, se croisent et recroisent devant les immeubles délabrés qu'ils habitent et où se dérouleront aussi bien une naissance que deux meurtres.

L'oeuvre reste d'actualité, avec le marchand de glaces italien qui appelle de ses voeux une révolution anti-capitaliste tandis que le mari violent veut que les choses « redeviennent comme elles ont toujours été » et que les étrangers « retournent d'où ils viennent ».

Elle a ses grands airs comme « Wouldn't You Like to be on Broadway », « Le sextet de la crème glacée » -« ah la crème glacée, ah la crème glacée ! »- entonné par les habitants, ou encore le très sentimental « We'll Go Away Together » et le duo d'adieu mélancolique « Remember That I Care ».

Le tempo est enlevé, soutenu par une bande de chanteurs pleins d'allant et un pianiste de 24 ans, Alphonse Cemin, qui joue sans discontinuer pendant deux heures.

Kurt Weill a travaillé avec Bertold Brecht et a écrit avec lui « L'Opéra de quat'sous », dont la chanson d'ouverture fut reprise par Louis Armstrong et Ella Fitzgerald sous le titre « Mack The Knife ». Une autre oeuvre de Weill devint un succès des Doors sous le titre « Alabama Song ».

« Street Scene » se joue jusqu'au 22 décembre. Le prix des places va de 10 à 30 euros.

Une année de fréquentation record pour le Festival d'automne à Paris

Le Festival d'Automne à Paris, une manifestation culturelle internationale et pluridisciplinaire, a connu une année record pour son édition 2010 avec un taux de fréquentation de 95%, soit près de 170.000 spectateurs, pour le théâtre, la musique, et la danse, selon ses organisateurs.

« C'est du jamais vu », selon la directrice générale par intérim, Marie Collin.

Des représentations ont été rajoutées pour certains spectacles en raison de leur succès, comme « La Loi du Marcheur », un entretien avec Serge Daney malade du sida, « Une Flûte enchantée » de Peter Brook, « Notre Terreur », une création collective de la Compagnie d'ores et déjà, « Where were you on January 8th? » du metteur en scène iranien Amir Reza Koohestani et « Scratching on things I could disavow », une histoire de l'art dans le monde arabe conçue par Walid Raad.

Pour le cinéma et les expositions, le nombre des entrées est estimé à 20.000.

Le nombre d'abonnés a également augmenté de 25%, avec une moyenne de six spectacles pour chacun. Cette progression est constante, selon les organisateurs.

Depuis sa création en 1972, le Festival d'Automne, voué aux arts contemporains et à la rencontre des disciplines, donne de septembre à décembre plus de cinquante manifestations dans 22 lieux partenaires, à Paris et dans sa banlieue. Les spectacles réalisés en co-production font l'objet de tournées internationales.

L'an prochain, le Festival mettra l'accent sur l'Amérique latine avec des productions venant notamment du Mexique et d'Argentine.

 

Cuban Ensemble et Orquesta Aragón, deux styles afro-cubains à Pleyel

Le Cuban Ensemble du saxophoniste de jazz David Murray et le vénérable Orquesta Aragón offriront à la Salle Pleyel à Paris les 21 et 23 décembre deux versions des musiques afro-cubaines, moderne et jazz pour l'un, plus classique pour le second.

David Murray, saxophoniste aux accents free, au souffle puissant, aux chorus tonitruants, accomplit depuis plusieurs décennies un travail de confrontation du jazz afro-américain actuel avec ses racines africaine, antillaise, néo-orléanaise, à la tête de diverses formations.

Avec le Cuban Ensemble – cinq cuivres, un percussionniste, une rythmique piano-basse-batterie –, soutenu par un orchestre à cordes, il offre de nouveaux arrangements d'anciennes compositions d'auteurs cubains, mais aussi mexicain et argentin, chantées en espagnol en 1958 et 1962 par le crooner-pianiste Nat King Cole.

Ce répertoire est la matière d'un disque paru récemment, « Cuban Ensemble plays Nat King Cole en Español » (3D Family/Universal). Il sera joué à Pleyel avec l'illustre chanteuse Omara Portuondo en invitée.

L'Orquesta Aragón est une très ancienne « charanga », un type de formation spécifique apparu à Cuba dans les années 1920, pour cordes, flûte, percussions et piano.

Créée en 1939 à Cienfuegos (centre de Cuba) par le contrebassiste Orestes Aragón, composée depuis toujours de douze musiciens, elle a construit de génération en génération un important répertoire de danzones, cha-cha-chas, mambos, guajiras, boleros, issus du double héritage africain et européen.

Elégance des cordes, légèreté des percussions, touches jazz du pianiste: l'Orquesta lie avec raffinement tous ces ingrédients, ce qui a contribué au succès international du groupe, très populaire en Afrique notamment.

Dirigée depuis 1982 par Rafael Lay Bravo, fils de Rafael Lay, un de ses fondateurs, l'Orquesta Aragón compte dans ses rangs Eduardo Rubio, un flûtiste époustouflant.

Au-delà de leurs différences, l'Orquesta Aragón et le Cuban Ensemble ont plusieurs points communs: la sophistication et le soin apporté aux arrangements, et « El Bodeguero », une composition figurant sur le disque de David Murray et du Cuban Ensemble et signée par Eduardo Egües Martinez, membre dans les années 50 de l'Orquesta Aragón.

 

Annulation du concert de Lady Gaga en raison des intempéries à Paris

Le concert de Lady Gaga, prévu dimanche soir au Palais Omnisports de Paris Bercy, a été annulé en raison des intempéries, une partie des camions de la tournée étant bloqués par l'interdiction préfectorale de circuler en Ile-de-France, ont annoncé les organisateurs.

Le concert pourrait être reporté à mardi, mais l'information ne sera confirmée que lundi. En revanche, le concert prévu lundi soir à Bercy est maintenu.

En octobre dernier, les deux concerts que devait donner la star américaine au Palais omnisports de Paris Bercy avaient déjà été annulés à cause des grèves en France

 

Les acteurs du cirque s'installent dans de nouvelles pratiques

Jongleurs, trapézistes, acrobates tourbillonnant dans les airs ou virevoltant autour d'un mât, les acteurs du cirque, qui restent des artistes chéris du public, s'installent de plus en plus dans de nouvelles pratiques.

« On pense que le cirque, c'est les animaux et les clowns », affirme Alain Pacherie, fondateur et directeur du cirque Phénix à Paris, qui accueille en ce moment 30.000 spectateurs par week-end.

« Certains cirques ont un patrimoine à défendre, moi je voulais montrer un cirque de notre époque », explique-t-il. Emporté par la tempête en 1999, son chapiteau a été reconstruit sur la Pelouse de Reuilly à Paris, qui accueille les cirques durant la saison des représentations, de novembre à janvier.

Le chapiteau est sans mât, comme un pont suspendu, avec une capacité d'accueil de 5.500 personnes. Trois millions de spectateurs s'y sont pressés en dix ans à raison d'une saison de six semaines par an, avec jusqu'à quatre représentations par jour durant les fêtes.

A l'entrée, les spectateurs reçoivent leurs lunettes 3D pour suivre les évolutions d'une petite abeille au discours écolo et de son jeune ami Loulou. Depuis leur écran, ils promènent le public à travers les différents numéros du spectacle, où les clowns n'ont ni nez rouge, ni grandes chaussures et d'où les animaux sont absents. Les numéros d'acrobates, de jongleurs, de contorsionnistes viennent du monde entier.

Un peu plus loin, s'étale le Cirque Pinder avec ses célèbres camions où sont transportés durant les tournées artistes et animaux. Pinder s'affirme comme l'un des représentants de la pérennité du cirque traditionnel avec les fameux clowns, dont le raisonnable au visage fardé de blanc et l'Auguste au nez rouge. Mais surtout il s'appuie sur ses numéros présentant des animaux qu'il appelle des « artistes à quatre pattes », les fauves, les éléphants, les chevaux et leurs cavaliers.

Leur utilisation est la principale ligne de fracture entre les cirques traditionnels qui se perpétuent pour beaucoup de générations en générations et les tenants du cirque moderne.

Mais aussi, le parcours d'Alain Pacherie, qui n'est pas né dans une famille du cirque, aurait été impossible autrefois, selon lui.

C'est Annie Fratellini, pourtant héritière de l'une de ses familles du voyage, qui a créé en 1974 l'une des premières écoles du cirque, maintenant au nombre de 800 en France, permettant à des artistes non issus du sérail de faire leur chemin dans cet univers.

L'Académie Fratellini, le premier cirque en dur inauguré en France en 2003 dans la banlieue parisienne, qui peut accueillir 1.600 spectateurs, abrite ainsi un centre de formation supérieure des arts du cirque.

Son spectacle actuel, « Cirkipop », mis en scène par Coline Serreau, mêle jongleurs, trapézistes, acrobates à une équipe de danseurs hip hop virtuoses, évoluant sur le mode des grands frères de banlieues. Avec un slogan: « 50% cirque, 50% hip-hop, 100% virevoltant ».

Archaos est aussi le défenseur d'un cirque contemporain, différent. Son spectacle « In Vitro 09 », actuellement présenté à la Villette à Paris, est l'histoire d'un scientifique déjanté qui manipule la génétique dans l'espoir de créer des êtres plus compétitifs.

Un kiosque tournant utilisé comme un agrès de cirque, propice à toutes les acrobaties, est installé au milieu de la piste devant un public plutôt adulte. La musique franco-brésilienne est l'un des attraits du spectacle, qui entend dans ce scénario « utiliser le cirque comme outil métaphorique (...) pour poser la  »question de la bête de cirque, de la présence de l'animal au cirque« .

 

Jacqueline de Romilly : le grec la rendait heureuse

Jacqueline de Romilly, décédée samedi à l'âge de 97 ans, incarnait l'enseignement des études grecques classiques en France ainsi qu'une conception exigeante et humaniste de la culture.

Académicienne, Jacqueline de Romilly a écrit une oeuvre considérable sur cette Athènes du Ve siècle (d'avant JC) d'où  »tout est sorti brusquement« : la philosophie, l'histoire, la tragédie, la comédie, les sophistes.

 »Emerveillée » par cette époque, elle a ainsi beaucoup travaillé sur l'historien Thucydide (un des « hommes de sa vie », disait-elle), Homère, Eschyle ou Euripide. On lui doit également un livre sur la Provence, un roman et quatre volumes de nouvelles.

« Je regrette que l'on n'oeuvre pas suffisamment pour ce qui développe la formation de l'esprit par la culture, par les textes et l'intimité avec les grands auteurs, perdant ainsi un contact précieux avec ce que les autres ont pensé avant nous », estimait-elle.

Ceux qui ont rencontré cette petite dame pétillante aux cheveux blancs constataient que le grec la rendait heureuse, tant elle se montrait habitée par une profonde tranquillité intérieure, passionnée et pleine d'humour dans ses propos, malgré une cécité des dernières années.

Jacqueline David est née le 26 mars 1913 à Chartres (Eure-et-Loir). Son père, philosophe, est tué au front quand elle a un an. Sa mère, romancière, l'élève. Elle rencontre un homme dont elle divorcera. Sa famille s'appelle Worms et possède « Le Petit Echo de la mode ». « Au moment de la Révolution française, dira l'hélléniste, les Worms avaient acheté le château de Romilly, ajouté froidement de Romilly et s'étaient appelés Worms de Romilly ».

Elle est tour à tour la première lauréate au Concours général, la première normalienne intégrant la rue d'Ulm, la première femme, en 1973, professeur au Collège de France. Elle ne fut toutefois que la deuxième, en 1989, après Marguerite Yourcenar, à siéger à l'Académie française, après avoir enregistré un premier échec.

La modernité des Grecs anciens l'intéressait plus que la mythologie à proprement parler. Elle admirait cette démocratie qui a eu le mérite d'avoir été inventée là, même si elle excluait nombre de catégories, notamment les femmes et les esclaves.

Jacqueline de Romilly savait parler de la pertinence de cette période historique dans l'Europe actuelle.

« On veut que les enfants sachent ce qui se passe autour d'eux. Mais quelle merveille de découvrir un monde autre pendant une heure. Pourquoi tirerait-on davantage d'une rencontre avec n'importe qui que d'un tête-à-tête avec Andromaque ou Hector ? », demandait-elle.

Elle déplorait que l'ensemble des connaissances soit aujourd'hui miné par l'utilitarisme. Sous-entendu: une société qui néglige Homère finira par oublier Voltaire.

Pour elle, le grec ancien devrait être accessible à tous. Elle a d'ailleurs écrit la préface de la seconde édition de l'Assimil du grec ancien, qui fut un inattendu best-seller.

Grand Croix de la légion d'honneur - seule une poignée de femmes y a eu droit -, Jacqueline de Romilly disait avec malice ne pas avoir eu, « bien sûr », la vie qu'elle souhaitait: « Avoir été juive sous l'Occupation, finir seule, presque aveugle, sans enfants et sans famille, est-ce vraiment sensationnel ? Mais ma vie de professeur a été, d'un bout à l'autre, celle que je souhaitais ».

Ni nostalgie pourtant, ni pessimisme chez cette grande intellectuelle qui jugeait les années 2000 « inquiétantes et pleines de périls », mais restait confiante dans la « possibilité humaine de se reprendre, de se redresser et, avec l'aide du passé, d'inventer quelque chose de mieux ».

Les Grecs contemporains l'adoraient et lui avaient souvent exprimé leur gratitude. Membre correspondant étranger de l'Académie d'Athènes, Jacqueline de Romilly avait obtenu la nationalité grecque en 1995 et avait été nommée ambassadrice de l'hellénisme en 2000.

Le préfet Rey et la fresque de Billière

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Trois cents personnes, dont de nombreux élus et les représentants de 22 associations, se sont réunies samedi 18 décembre, devant la fresque des expulsés à Billère.

Inaugurée le 5 septembre 2009 à la suite de l'arrestation et de l'expulsion de plusieurs familles étrangères, cette fresque réalisée par le studio Tricolore sur un mur d'une salle communale en plein centre de Billère, rappelait que chaque jour des familles, des enfants étaient expulsés au mépris des valeurs de la République.

Le préfet Rey a saisi la justice, et après 16 mois de combat judiciaire, le tribunal administratif a condamné la mairie à effacer cette fresque murale, au prétexte que cette commande officielle ne respectait pas son obligation de devoir de neutralité vis-à-vis de la politique gouvernementale (voilà un concept qui a de quoi inquéter).

La fresque doit désormais être effacée. Mais elle sera reproduite et diffusée sur tous supports. Déjà, les militants du Réseau Éducation sans frontières (RESF) vendaient samedi des t-shirts à l'effigie de la fresque tandis que les compagnons d'Emmaüs vont la reproduire à Lescar juste en face du péage autoroutier, il y a aussi des cartes de vœux.

Il est assez rare qu'un pouvoir ordonne la destruction d'œuvres d'art.

Pour commander les T-Shirts : veronique.dehos@gmail.com

La République des Pyréées : Billère: la fresque des expulsés va se multiplier, par Laurent Vissuzaine.

Sud-Ouest : Le mur des expulsés de Billère survivra, par Odile Faure.

 

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Jeudi 23 Janvier, 2020