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Monaco, 13 novembre 2015, Jean-Luc Vannier —

Les héros de l'ombre - Haendel de Nathalie Stutzmann en pleine lumière à l'opéra de Monte-Carlo

Nathalie Stutzmann. Photographie © Alain Hanel.Nathalie Stutzmann. Photographie © Alain Hanel.

Pour ouvrir sa saison lyrique, l'opéra de Monte-Carlo prenait peu de risques en invitant, mercredi 11 novembre salle Garnier, Nathalie Stutzmann et son orchestre ORFEO 55 dans un programme inspiré de son dernier enregistrement Handel – Heroes from the shadows » (2014, Erato/Warner Classics). La contralto française avait déjà conquis les mélomanes monégasques depuis sa direction de L'elisir d'amore en février 2014 ou, davantage encore, depuis son récital « Prima donna » entièrement dédié en décembre 2011 au compositeur italien Antonio Vivaldi. À la tête de son orchestre ORFEO 55, l'artiste associée de la Fondation Singer-Polignac a souhaité cette fois-ci mettre en lumière ces « héros de l'ombre » — les seconds ou même troisièmes rôles — en puisant dans la quarantaine d'ouvrages lyriques de Georg Friedrich Haendel.

Après une « Ouverture » brillante, aux rythmes bien scandés et aux sonorités des plus lumineuses, du Giulio Cesare, l'orchestre ORFEO 55 nous a ravi par une Sinfonia HWV 40 de l'acte III de Serse (1738), charmante et gracieuse par la légèreté de ses ondulations ou par l'énergie maitrisée des attaques dans l'Allegro du concerto grosso, opus 6/3 HWV 321. Nathalie Stutzmann nous a, quant à elle, sincèrement ému par l'air d'Alceste « Son qual stanco pellegrino » extrait à l'acte II de l'opéra Ariana in Creta (1734) : une superbe prestation vocale nourrie d'une rare densité émotionnelle qui a littéralement pris possession du public. À mesure que s'intensifiait la profondeur de l'interprétation où la contralto engage un magnifique dialogue avec le violoncelle à 5 cordes (Patrick Langot), le silence de la salle Garnier se faisait plus respectueux afin ne pas perdre une seule seconde de la supplique d'Alceste adressée à Carilda. Plus à l'aise pour le souffle et les notes hautes dans les arias aux tempi lents, conséquence probable des inévitables évolutions de sa voix, Nathalie Stutzmann réussit de chaleureux aigus dans l'air d'Ottone tiré de l'opéra Agrippina (1710) « Voi che udite il mio lamento » ou dans celui très poignant d'Arsamene de Serse  « Non so se sia la speme ». Entretemps, l'Allegro du concerto grosso, opus 6/6 permet au premier violon (Anne Camillo) une envolée d'une remarquable virtuosité. Quatre bis : « Dover, giustizia, amor », Ariodante (1734) ; « Senti, bell'idol mio », Silla (1713) ; Sinfonia, Scipione (1726) ; « Ballo di pastori e pastorelle », Amadigi di Gaula (1715) auront  – à peine – suffi pour calmer l'enthousiasme non dissimulé de l'audience. Pour preuve : à l'issue de cette admirable performance, S.A.R. la Princesse de Hanovre a remis à l'artiste la médaille de l'Ordre du Mérite Culturel.

Nathalie Stutzmann. Photographie © Alain Hanel.Nathalie Stutzmann. Photographie © Alain Hanel.

Monaco, 13 novembre 2015
Jean-Luc Vannier


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