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Ranz des vaches

Le ranz des vaches est un chant de bouvier (armailli) a cappella pour appeler le bétail, de Suisse francophone des Alpes fribourgeoises et vaudoises.

Le mot serait une traduction de l'allemand Kuhreihen (kuoreien), rangs, files de vaches, qui apparaît dans une chanson populaire de 1531.

Ce chant comporte l'appel des bêtes avec le lyoba ou liauba, Lobe en suisse alémanique), l'énumération du nom des vaches et une partie où le bouvier chante les choses de sa vie de manière improvisée.

En 1545, l'éditeur Georg Rhau, dans le second livre de son Bicinia Gallica, Latina et Germanica (chants latins, galicans et germaniques) publie une version à deux voix (sans les paroles) de Er Appenzeller Kureien (ici voix supérieure seulement).

L'absence de paroles a pu faire croire qu'il s'agissait d'une version pour 2 instruments. Or, il peut s'agir d'une mélodie vocale sans paroles, et la nature de ce chant ne permet pas de fixer des paroles, quant à l'énuméraiton du nom des vaches et des parties improvisées.

On retrouve ce ranz des vaches d'Appenzell en 1730, dans un recueil de chants de l'Appenzelloise Maria Josepha Barbara Broger (1704-1775).

Voyageant avec Johann Wolfgand Goethe, le comte et poète Leopold de Stolberg (1750-1819), a transcrit en 1794 une Marche des vaches d'Appenzell (un village au sud du lac de Constance).

En 1688, dans sa thèse en médecine, De Nostalgia vulgo Heimwehe oder Heimsehnsucht (la nostalgie et le mal du pays), Johannes Hofer; le médecin de Mulhouse, rapporte qu'en entendant le ranz des vaches les Suisses au service étranger étaient frappés de delirium melancholicum et poussés à la désertion. Le soldat qui le jouait ou le chantait était passible de la peine de mort. Cette thèse est rééditée en 1710 par Theodor Zwinger (De Pothopatridalgia. Vom Heimwehe), il ajoute le ranz des vaches Cantilena Helvetica.

Le cinquième numéro d'un collectage des textes des chanson, poèmes, et autres textes du canton de Bern, publié en 1805 (rééditions en 1818 et 1826), reproduit les textes de 8 ranz des vaches [voir le fac-similé].

Époque où cette pratique s'est perdue.

En 1921, l'abbé Joseph Bovet (1879-1951), compositeur et chef de chœur a adapté le ranz des vaches de gruyère, qui a été adopté par les suisses francophones. C'est notamment l'hymne de la fête des vignerons qui se tient environ tous les vingt ans à Vevey.

Joseph Bovet, Ranz des vaches, Chœur des XVI, de Fribourg, sous la direction d'André Ducret. Onzième concours de chœurs de chambre de Marktoberdorf, 2009.

Le cor des Alpes, destiné également à l'appel des troupeaux, est souvent associé au ranz des vaches.

Dans son dictionnaire de musique, Jean-Jacques Rousseau écrit que le rans des vaches « est un air célèbre parmi les Suisses, que les jeunes bouviers jouent sur la cornemuse en gardant le bétail dans les montagnes. Il reproduit un air suisse appelé rans des vaches » :

À l'article musique, il passe en revue les effets de la musique sur les « affections de l'âme » et sur le corps, il note :

J'ai ajouté dans la même planche fig. 2 [ci-dessus] le célèbre rans-des-vaches, cet air chéri des Suisses, qu'il fut défendu, sous peine de mort, de jouer dans leurs troupes, parcequ'il faisoit fondre en larmes, déserter ou mourir ceux qui l'entendoient, tant il excitoit en eux l'ardent désir de revoir leur pays. On chercheroit en vain dans cet air les accents énergiques capables de produire de si étonnants effets : ces effets qui n'ont aucun lieu sur les étrangers, ne viennent que de l'habitude, des souvenirs, de mille circonstances qui, retracées par cet air à ceux qui l'entendent, en leur rappelant leur pays, leurs anciens plaisirs, leur jeunesse, et toutes leurs façons de vivre, excitent en eux une douleur amère d'avoir perdu cela. La musique alors n'agit point précisément comme musique, mais comme signe mémoratif.

Jean-Jacques Rousseau fait ici référence à la thèse de Johannes Hofer.

Pour la couleur pastorale, des ranz des vaches son utilisés par les compositeurs (ouverture de Guillame Tell, de Rossini).


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Bibliographie

Rousseau Jean-Jacques, Dictionnaire de musique. Fac-similé, Arts et cuktre, Paris 1977.

Max Peter Baumann, Ranz des vaches. Dans « Dictionnaire historique de la Suisse ».

Joe Manser et Urs Klauser, «  Mit wass freüden soll man singen », Transkription aller Noten und Texte, Erläuterungen, ausgewählte Reproduktionen, synoptische Vergleiche. 1996. Zweite, erweiterte Auflage 2003 mit einem Revisionsbericht und Rekonstruktionen einiger Liedsätze von Albrecht Tunger.


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Mardi 15 Février, 2022