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Michel Rusquet, Trois siècles de musique instrumentale : un parcours découverte.

III. Le temps de Bach : Allemagne.

Les Toccatas de Johann Sebastian Bach

Johann Sebastian Bach

Les sept toccatas pour clavecin BWV 910 à 916  sont toutes, à des degrés divers, des œuvres du jeune Bach, leur composition s'étant échelonnée selon toute vraisemblance entre 1705 et 1712, sans que le musicien ait songé le moins du monde à en faire un recueil. D'ailleurs, leur organisation varie sensiblement, certaines ne comptant que trois mouvements alors que la plus développée en compte six, mais toutes comportent une ou deux fugues. Et on ne s'étonnera pas d'y voir le jeune homme, encore à l'école des vieux maîtres, laisser libre cours à sa fantaisie et enchaîner sections virtuoses et épisodes expressifs.

A l'image d'un Glenn Gould qui confiait avoir des sentiments mélangés à leur propos, on peut être quelque peu dérouté par ces œuvres qui n'offrent ni la maîtrise ni surtout le souverain équilibre du Bach de la maturité. Mais « ces sept pièces tour à tour exaltées, pathétiques, vibrantes d'allégresse ou de passion, le représentent au point le plus haut de sa jeunesse. »80  Les deux plus anciennes du lot (BWV 913 en mineur et BWV 914 en mi mineur), notamment avec les moments forts que sont le quatrième mouvement (Adagio plein de modulations plaintives) de la BWV 913 et la superbe fugue finale de la BWV 914, méritent déjà le détour. Et l'intérêt ne fera que se confirmer avec les suivantes, tout particulièrement à l'écoute des BWV 910 en fadièse mineur et BWV 911 en ut mineur qui sont probablement les plus tardives de ces sept pièces. Très introspective, culminant dans le bouleversant Arioso qui en constitue le deuxième mouvement, la BWV 910  est certainement « la plus belle, la plus émouvante de la série ; sombre, tourmentée, parfois farouche ; brûlant d'un feu dont elle essaie de dissimuler les tisons et les cendres ; une œuvre vécue, éloignée de toute spéculation, reflétant des chagrins, des alarmes, de sourdes angoisses. »81  Quant à la BWV 911, très différente d'esprit et réduite à trois mouvements dont une fugue seulement, elle marque durablement les esprits précisément par sa colossale et magnifique fugue finale.

occata en fadièse mineur BWV 910, Trevor Pinnock.
Toccata en ut mineur BWV 911 (fugue), Martha Argerich.

Notes

80.  Sacre Guy, La musique de piano : dictionnaire des compositeurs et des œuvres. « Bouquins », Robvert Laffont, 1999, p. 162.

81.  Ibid., p. 172 .


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Jeudi 4 Avril, 2024