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Michel Rusquet, trois siècles de musique instrumentale : un parcours découverte. III. Le temps de Bach.

Les petits préludes pour clavier de Johann Sebastian Bach

Johann Sebastian Bach

Ces « petits préludes », on en décompte une petite vingtaine et, pour la plupart, leur notoriété tient à la place de choix qui leur a été dévolue de longue date dans l'apprentissage des jeunes élèves. De là à les considérer avec la moue dédaigneuse qu'on réserve aux partitions pédagogiques de base, voilà un pas qui serait trop vite franchi. Car si ces pages sont fort courtes et d'ambition modeste, elles sont loin d'être négligeables. Beaucoup sont même de véritables petits joyaux, ce qui d'ailleurs ne saurait étonner quand on sait que Bach les écrivit vers 1720, au cours de son séjour à Coethen, si fertile en chefs-d'œuvre instrumentaux. Mais, pour s'en rendre vraiment compte, sans doute faut-il avoir la chance de les entendre sous les doigts d'un artiste confirmé…

Les six petits préludes du Clavierbüchlein de Wilhelm Friedemann (BWV 924 à 928et BWV 930) sont aussi variés que charmeurs. On peut en dire tout autant des cinq Petits Préludes de la collection Kellner(BWV 939 à 942et BWV 999), du nom d'un élève de Bach qui réunit cette collection. Le dernier de ces cinq morceaux, le BWV 999 en ut mineur, jouit d'ailleurs d'une belle célébrité … grâce surtout aux guitaristes qui l'inscrivent volontiers dans leurs récitals, ce qui ne saurait passer pour une trahison puisqu'à l'origine, il s'agit d'une pièce écrite pour le luth.

Petit prélude en mineur BWV 926, par Richard Egarr.

Et, datant de la même époque, mais beaucoup plus élaborés, il y a les six Petits Préludes à l'usage des commençants (BWV 933 à 938). Ici, on prètera une oreille particulièrement attentive aux BWV 935, 937 et 938 qui « sont de véritables inventions à deux voix, auxquelles il ne manque ni l'étendue, ni la fermeté, ni la profonde musicalité »82, et, plus encore, au BWV 936 en majeur, « pure effusion mélodique, sur un sobre continuo de croches », dans lequel le même Guy Sacre voit « la merveille du cahier ».

Petit Prélude en majeur BWV 936, par Ton Koopman.


La partition analytique en couleurs de Claude Charlier

Notes

82. Sacre Guy, La musique de piano : dictionnaire des compositeurs et des œuvres. « Bouquins », Robert Laffont, Paris 1998, p. 161-162.


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Jeudi 4 Avril, 2024.

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