musicologie
Michel Rusquet, Trois siècles de musique instrumentale : un parcours découverte.

Les concertos pour violon de Johann Sebastian Bach

Johann Sebastian Bach

Deux concertos pour violon, les BWV 1041 en la mineur et 1042 en mi majeur, et un concerto pour deux violons, le BWV 1043 en re mineur : voilà tout ce qui nous est parvenu des diverses œuvres concertantes que Bach a spécifiquement écrites pour le violon, mais on se consolera avec Karl Geiringer en se disant que les trois œuvres conservées doivent avoir été parmi les toutes meilleures que le musicien ait écrites dans ce domaine.

Nous avons là en effet trois vrais chefs-d'œuvre qui, s'ils adoptent la structure en trois mouvements chère à Vivaldi et présentent des traits qui les rapprochent des modèles italiens, se distinguent par leur richesse contrapuntique, par leur densité d'écriture ainsi que par l'ampleur de leurs développements. Des qualités qui éclatent tout particulièrement dans le BWV 1042 en mi majeur, d'une architecture extrèmement puissante, et dans le concerto pour deux violons, d'une architecture tout aussi élaborée, où les deux solistes échangent avec régularité trames mélodiques et contrapuntiques et où, au beau milieu du dernier mouvement, on assiste à un étonnant échange de rôles entre solistes et orchestre : « les deux violons solistes jouent des accords en doubles cordes larges comme des accords d'orgue, la mélodie et les figures virtuoses sont jouées en un vigoureux unisson par l'orchestre. D'une façon générale, l'émancipation de l'orchestre, jointe à la vigueur et à l'originalité de l'exploitation thématique dans les trois concertos, revêt ces derniers d'un intérêt et d'une importance qui dépassent tout ce que firent dans ce genre devanciers et contemporains. »107

Et puis, dans ces œuvres où le violon soliste est appelé à s'exprimer par le chant et non par les prouesses virtuoses, il y a ces merveilleux mouvements lents qui ont de quoi faire craquer le non mélomane le plus endurci. Ceux des concertos en la mineur et en mi majeur « offrent à la basse des figures répétées dont le caractère sérieux fait d'autant mieux ressortir la douceur  du violon solo. Le Largo ma non tanto en fa majeur du double Concerto en re mineur, sur un mouvement de sicilienne d'un caractère superbement lyrique, offre une des cantilènes les plus émouvantes que Bach ait écrites. »108

Johann Sebastian Bach, concerto en la mineur BWV 1041, Vesko Eschkenazy, Concertgebouw Kamerorkest.
Johann Sebastian Bach, concerto en mi majeur BWV 1042 I. Allegro, Anne Sophie Mutter, London Symphonie Orchestra, sous la direction de Valery Gergiev.

Johann Sebastian Bach, doule concerto en re mineur BWV 1043, I Vivace, Yehudi Menuhin et Chritian ferras.


Johann Sebastian Bach, double concerto en re mineur BWV 1043 (II. Largo, ma non tanto), Yehudi Menuhin et David Oistrakh.

Notes

107.  Szersnovisz Patrick, dans « Le Mondede la musique » (280) octobre 2005.

108.  Ibid.


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Samedi 27 Janvier, 2024