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Michel Rusquet, Trois siècles de musique instrumentale : un parcours découverte.

II. Le xviie siècle baroque

Italie

Quelques œuvres de musique instrumentale de l'Italie baroque

Dans cette Italie du XVIIe siècle marquée par une déferlante de compositeurs violonistes, quelques autres noms s'imposent avec de réels arguments.

Giuseppe Torelli (1658-1709)

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Contemporain de Corelli, violoniste, pédagogue et compositeur, il fit une brillante carrière à Bologne, ville dont il s'éloigna cependant quelques années pour travailler en Allemagne puis à Vienne. Dans sa production, essentiellement instrumentale, on n'attache que peu d'intérêt à ses premiers opus, l'attention se tournant vers son Op 6 de 1698 et plus encore vers son Opus 8 de 1708, deux recueils qui, aux côtés de l'Opus 6 de Corelli, proposent les premiers modèles accomplis de concerti grossi, et qui, de plus, comportent l'un et l'autre des concertos pour un seul instrument soliste, ce qui leur confère une certaine importance dans l'histoire de la naissance du concerto moderne. Toutes d'élégance, de noblesse et de fluidité, ces œuvres valent le détour sans pouvoir toutefois rivaliser tout à fait avec celles du grand Corelli.

Giuseppe Torelli, Sonate en ré majeur, par Niklas Eklund (trompette), The Drottningholm Baroque Ensemble, sous la direction de Nils-Erik Sparf.

 

Giuseppe Torelli, Concerto grosso opus 8 n° 6 par Beatha Halska (violonh) et Theodore Coman (alto)

 

Giuseppe Torelli, oncerto pour 4 violons en la mineur par Musica Antiqua Köln, sous la direction de R. Goebel.

 

Antonio Bertali (1605-1669)

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Ne serait-ce que pour sa monumentale et superbe Ciaccona pour violon seul et basse continue, « dix minutes de basse obstinée dansante, modulant parfois avec une folle audace harmonique, sur laquelle improvise un violon lunatique et virtuose »1, le nom de Bertali  mérite une place dans notre panthéon des compositeurs pour violon. Au sein d'une production très vaste et couvrant tous les domaines, ce natif de Vérone, qui fit l'essentiel de sa carrière à Vienne, comme violoniste puis maître de chapelle, nous a laissé de nombreuses pièces instrumentales dans lesquelles il a expérimenté toutes sortes de combinaisons faisant intervenir cuivres ou vents aux côtés des cordes. Une musique aussi inventive que virtuose, où se côtoient des pièces légères ou décoratives et des œuvres frémissantes et riches en surprises, telle une certaine Sonata X  pour deux violons et viole de gambe, aux étonnants chromatismes, ou encore la Sonate en mi mineur.

Antonio Bertali, Ciaccona, par Veronika Skuplik (violon) et L'Arpeggiata sous la direction de Christina Pluhar.

 

Antonio Bertali, Sonata a 3 due violini, trombone o fagotto e continuo, par le Combattimento Consort Amsterdam.

 

Antonio Bertali, Sonata a 13, par le Concerto Palatino, sous la direction de Konrad Junghänel.

 

Notes

1. SERGE GREGORY, Répertoire (116), septembre 1998.

Notice biographique d'Antonio Bertali dans musicologie.org

Giovanni Battista Vitali (1632-1692)

L'auteur d'une autre fameuse Chaconne, vous direz-vous ? Erreur : ladite chaconne est attribuée (et à tort, semble-t-il…) à un autre Vitali, Tommaso Antonio, dit Vitalino (1663-1745), fils de celui qui nous intéresse ici. Mais qu'importe : même si la renommée du fils dépasse aujourd'hui celle du père, celui-ci mérite une plus ample considération en raison du rôle déterminant qu'on lui attribue dans le développement de la sonate baroque. Réparties entre plusieurs numéros d'opus (l'opus 2 de 1667, l'opus 5 de 1669 et l'opus 11 de 1684), ses Sonates constituent, avant Corelli, une étape importante dans l'évolution de cette forme, notamment par l'utilisation fréquente que fait le musicien de variantes d'un même thème dans les mouvements successifs, un procédé aux vertus unificatrices évidentes.

Giovanni Battista Vitali, Sonata a 6 en sol mineur (extrait de l'opus 11), par le Semperconsort, sous la direction de Luigi Cozzolino.

 

width="566"Tarquino Merula.

Enfin, qu'ils aient été ou non des spécialistes du violon, il nous faut ici citer les noms de quelques autres compositeurs qui en ont enrichi la littérature : Maria Bononcini (1642-1678), Tarquinio Merula (v.1594-1665),

Tarquinio Merula, Ruggiero par Hespérion XXI, sous la direction de Jordi Savall.

Biographie de Tarquinio Merula.

Maurizio Cazzati (v.1620-1677),

Maurizio Cazzati, Ciaconna, par L'Arpeggiata, sous la direction de Christina Pluhar.

Biographie de Maurizio Cazzati.

width="566"Giovanni Legrenzi.

Giovanni Battista Bassani (v.1647-1716), Giovanni Legrenzi (1626-1690),

Giovanni Legrenzi, Sonata « La Manina » (da Sonate a 3, opus 2), par Aura Soave.

 

Giovanni Battista Mazzaferrata ( ? – 1691), mais aussi  Nicola Matteis ( ? – v.1714),

Nicola Matteis, Diverse bizzarie sopra la Vecchia Sarabanda o pur Ciaccona, par Gli Incogniti, sous la direction d'Amandine Beyer.

Biographie de Nicola Matteis (...- v.1714).

le brillantissime Napolitain de Londres, Alessandro Stradella (1639-1682), ce musicien dont la vie fut si peu banale qu'elle devait par la suite susciter non pas un roman mais …trois opéras,

Alessandro Stradella, Sonate n° 11 en la mineur pour violon et basse continue (Tema con 24 variazioni), par Ingrid Matthews, Paul O'Dette, Mary Springfels, Barbara Weiss.

width="570"Alessandro Scarlatti.

et bien entendu le grand Alessandro Scarlatti (1660-1725), même si la part instrumentale de son catalogue, au demeurant très modeste face à ses 115 opéras et à ses innombrables cantates et oratorios, est carrément négligée.

Alessandro Scarlatti, Concerto grosso n° 2 en ut mineur (Allegro), par L'Europa Galante, sous la directrion de Fabio Biondi.

Biographie d'Alessandro Scarlatti

Et s'il nous prenait de tourner le dos au violon pour nous intéresser au répertoire pour clavier, trois noms au moins seraient à ajouter à celui de Pasquini : Giovan Battista Ferrini (v.1601-1674), Alessandro Poglietti (1641-1683), et Bernardo Storace (milieu du xviie siècle), ce compositeur fort mystérieux dont on ne sait rien ou presque sinon qu'il publia en 1664 un très beau recueil de pièces pour clavier. Sans oublier tout à fait, ici encore, Alessandro Scarlatti qui, au soir de sa vie, fit paraître quelques œuvres pour clavier (variations et surtout toccata).

Alessandro Poglietti, Ballo di Mantova, par Fancesco Di Lernia (orgue).

 

Alessandro Poglietti, Toccatina sopra la Ribellione d'Ungheria, par Jorg-Andreas Botticher.

Biographie d'Alessandro Poglietti

Bernardo Storace, Ricercare, par R. Alessandrini.

 

Alessandro Scarlatti, Toccata pour clavecin en sol mineur.

 

Michel Rusquet
© musicologie.org
2012


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Samedi 21 Janvier, 2023