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L'Ombre de Monteverdi : La querelle de la nouvelle musique(1600-1638).

Bisaro xavierBisaro Xavier, Chiello Giuliano, Frangne Pierre-Henri,L'Ombre de Monteverdi : La querelle de la nouvelle musique (1600-1638) : L'Artusi, ou des imperfections de la musique moderne de Giovanni Artusi (1600).« Æsthetica », Presses Universitaires de Rennes, Rennes 2008 [224 p. ; ISBN 978-2-7535-0673-2 ; 18 €].

Depuis tant d'années, on répète que cet attardé de Giovanni Artusi n'a vraiment rien compris à musique, donc en conséquence, à pas grand- chose. Comment a-t-il pu critiquer le génie de Monteverdi, faire l'injuste violence d'avoir trouvé cette musique laide ; comment est-il possible de passer à côté d'une révolution aussi évidente et écrite d'avance par les histoires de la musique après ?

Mais comment aussi, peut-on avoir l'idée d'aller voir de plus près, ce qui est si bien ancré et harmonisé dans la mémoire collective ? C'est comme cela que naissent les cas d'école. Après tant d'années de certitudes, on peut avoir l'idée de traduire en français, pour la première fois après quatre siècles, les divagations de ce Giovanni Artusi, qui ne devrait sa notoriété qu'à sa pitoyable critique du grand Monteverdi. D'un autre côté, c'est aussi grâce à lui que Monteverdi gagne ses galons de révolutionnaire contre l'adversité.

En réalité, les deux dissertations d'Artusi contre la nouvelle musique, sont loin d'être des pamphlets de polémique sournoise.

L'élève de Zarlino, défend l'équilibre d'un monde peaufiné par une tradition pugnace. Un monde, une représentation du monde, un ordre du monde et du ciel, dans lequel la musique, avec sa théorie, a sa place.

Il est musicien, compositeur, et savant, et pose des questions théoriques qui, si elles sont résolues dans les pratiques musicales, sont toujours ouvertes pour la théorie d'aujourd'hui, particulièrement cette question de l'opposition de la résonance naturelle, et du tempérament égal, et de la transposition égale dans un système qu'on ne peut imaginer égal, et qui ne le sera jamais vraiment, pour l'arithmétique.

C'est un ouvrage difficile à lire, plus à cause de la forme, qui se place dans la tradition des ouvrages dialogués savants de l'époque, que du fond.

Mais ce livre vaut aussi par son introduction, par laquelle les auteurs, certainement lecteurs de Michel de Certeau, rappellent que les choses de l'histoire n'ont pas la simplicité des modes de représentation historiques, mais celle de ne plus être dans les conditions dans lesquelles, ce qu'on observe aujourd'hui, a été produit.

Aujourd'hui n'a pas à juger d'hier, mais doit comprendre comment les choses ont été produites.

Les pratiques liées au développement urbain, celui de la culture profane des cours princières avec, a poussé la vie, plus fort que les théories les plus assurées. Il faudra attendre 150 ans, pour que Rameau, donne à cette nouvelle musique, des principes théoriques définitifs.

Jean-Marc Warszawski
28 janvier 2009

Notice sur Giovanni Maria Artusi
Notice sur Monteverdi

L'ouvrage propose la première traduction française annotée et commentée du traité de musique L'Artusi, ou des imperfections de La musique moderne que le chanoine Giovanni Artusi fit paraître à Venise en 1600. Bien que le nom même de Claudio Monteverdi n'y apparaisse jamais, le texte d'Artusi est imprégné de la musique et de la personnalité du grand musicien italien.

En  effet, citant et analysant les madrigaux de Monteverdi, Artusi proteste vigoureusement contre ce que le compositeur lui-même considérera peu après comme une seconde pratique (seconda prattica) qui est une reconsidération radicale de la finalité et des moyens de la musique de son temps. Ce livre plonge ainsi le lecteur contemporain, qu'il soit ou non musicien, au cœur d'une des querelles artistiques les plus importantes de l'histoire de la musique puisque s'y inventent, dans le dialogue des arguments de deux personnages, la pratique, l'écoute et la pensée de la musique moderne. Par-delà l'intérêt historique de ce traité, la connaissance directe de la pensée d'Artusi nous ramène aux principes musicologiques, esthétiques et philosophiques de la musique de Monteverdi. Elle nous permet de saisir, au moment fragile de l'invention de cette musique, ce que cette dernière avait (et qu'elle a encore) d'étonnant et d'émouvant parce que tel était justement son projet explicite. Bref, la connaissance directe de la pensée d'Artusi nous permet de comprendre notre relation à la musique et à l'art comme se tenant bien, depuis plus de quatre siècles, dans l'ombre de Monteverdi.

Sommaire

Studiosi lettori… Aux studieux lecteurs

L'Artusi, ou des imperfections de la musique moderne

Voir le brillant texte d'introduction mis généreusement à disposition par les Presses niversitaires de Rennes

Presses Universitaires de Rennes


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