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Dijon, Plateau de l'Auditorium, 29 janvier 2014, par Eusebius ——

Musique à la cour d'Espagne

Los Músicos de Su Alteza Los Músicos de Su Alteza.

Si nous sommes redevables pour une large part à Jordi Savall de la redécouverte des musiques anciennes ibériques, ses qualités extraordinaires et sa notoriété semblent reléguer dans l'ombre des ensembles confirmés comme « Los Musicos de Su Alteza », fondé par Luis Antonio Gonzales en 1992. Ce dernier, infatigable défricheur de musiques anciennes, claveciniste et musicologue, conduit un travail patient de restitution de pans entiers du répertoire espagnol. Toutes les œuvres présentées appartiennent à la première moitié du XVIIIe siècle et ont été rassemblées pour commémorer la Guerre de Succession qui embrasa l'Europe, et les traités d'Utrecht et de Rastatt qui y mirent un terme. Si l'Espagne est naturellement au rendez-vous, les influences italienne, française, flamande sont perceptibles, liées aux aléas politiques de la péninsule autant qu'à la curiosité des compositeurs.

Pour l'occasion, la petite formation qu'il dirige du clavecin (belle copie de Ruckers, je pense) ou du positif se compose d'un violoncelle et d'une harpe, tous deux baroques, au service du chant d'Olalla Aleman, remarquable soprano, au timbre chaud, avec un medium charnu, voix puissante, avec une projection rare.

De José de Torres y Martinez Bravo, une cantate pour voix et basse continue Trémula tibia luz où airs et brefs récitatifs se succèdent, avec une large palette expressive. Puis, de Juan Cabanilles, une Passacalle d'une grande richesse d'invention, avec ses diferencias. Luis Antonio Gonzales s'y révèle un remarquable claveciniste, rompu à toutes les subtilités de la musique ancienne. Et ainsi, pièces vocales (airs de comédie, de zarzuela en particulier) et instrumentales vont alterner durant tout le concert. Pour l'auditeur étranger à la langue, la difficulté réside dans l'impossibilité d'en percevoir le sens et son illustration musicale, le programme imprimé, indigent, se bornant à énumérer les titres (traduits).

Les pièces instrumentales d'un anonyme et de Martín y Coll relèvent de l'esthétique de la Renaissance tardive, avec diminutions, bariolages au clavecin ou à l'orgue. On n'est pas trop surpris que certaines tournures anticipent Scarlatti. La présence d'une harpe baroque, dont l'usage est fréquent en Espagne, attesté depuis Cabezon, colore l'ensemble, criarde, plus sonore que le clavecin, et l'on regrette parfois l'élégance et la douceur du luth et du théorbe.

C'est sur une cantate profane longtemps attribuée à Haendel (qui se contenta d'en recopier l'aria finale) No so emendera jamas, que devait s'achever cet intéressant concert. Les applaudissements nourris appelaient un bis (extrait d'une autre cantate espagnole). 

                                     plume Eusebius
30 janvier 2014


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