Albéric Magnard, Sonate pour violoncelle et piano ; intégrale de l'œuvre pour piano, Alain Meunier (violoncelle), Philippe Guilhon-Herbert (piano). Hortus (085), 2012.
Date et lieu d'enregistrement inconnus.
Albéric Magnard est sorti de l'histoire de son vivant, il y est à peine entré en mourant. Droit dans ses bottes, le verbe direct, disant sans détour ce qu'il pense des musiciens, compositeurs, chefs d'orchestre, qu'il entend dans les concerts, il s'emploie à se faires des ennemis. Quand son père, le puissant directeur du « Figaro » meurt en 1894, les portes se ferment. Même sa démission de l'armée — il est officier de réserve — pour protester contre l'injustice faite à Alfred Dreyfus est refusée en raison de la violence de ses propos. En 1904, il s'installe, s'isole avec sa famille à Baron-sur-Oise. Dix ans plus tard, toujours droit dans ses bottes, il affronte seul, pistolet d'ordonnance au poing, une escouade de l'armée allemande, pour défendre sa maison, sinon pour s'assumer.
Il suffit d'écouter quelques mesures pour se convaincre que Magnard est un symphoniste comme on n'en fait plus à l'époque 1900 (avec recentrage sur les cordes), et quelques-unes de plus pour réaliser qu'il est un des grands compositeurs et l'un des plus originaux de son époque, ce que confirme sa musique de chambre qui est l'objet de ce disque.
Magnard a le goût pour et maîtrise parfaitement la forme classique issue de l'école de Vienne, la manière de développement qui transforme les thématiques, leur donne un parcours, au lieu de les représenter sous des couleurs différentes, comme on le pratique à son époque après César Franck (forme dite cyclique). On ne peut qu'admirer son habileté contrapuntique, et la virtuosité des enlacements concertants.
On pense à Beethoven. Certes, l'harmonie et le dessin mélodique sont très différents — et en passant, d'une belle modernité pour l'époque — mais la fougue, la fébrilité, les oppositions expressives en ruptures brutales, l'impétuosité, jusques y compris les thématiques rythmiques y sont.
Enfin, on se laisse séduire pas la succession des idées originales, parfois virtuoses dans des formules rythmiques rares, parfois simples, comme les pizzicati du violoncelle dans le 3e mouvement de la sonate.
Après un séjour au Conservatoire national de Paris, Philippe Guilhon-Herbert poursuit ses études musicales à la Musikhochschule de Freiburg im Breisgau, où; il obtient ses diplômes de piano, de musique de chambre et d'accompagnement. Il complète sa formation auprès de Michel Béroff, Jean-Claude Pennetier et Denis Pascal. Lauréat de plusieurs concours, dont celui d'Orléans en 2008, il a enregistré plusieurs disques en soliste, accompagnement ou musique de chambre.
Alain Meunier a commencé l'étude du violoncelle à l'âge de 13 ans. Il obtient un premier prix de musique de chambre à 15 ans, et celui de violoncelle l'année suivante. Il a eu comme maître Marcel Maréchal. Il est passé par l'Accademia Musicale Chigiana de Sienne, a enseigné au Conservatoire national de Paris et à celui de Lyon.
Alain Meunier est directeur du festival d'Entrecasteaux (Var) et codirecteur du festival Quatuors à Bordeaux (Festival de musique & Concours de Quatuors à cordes).
Sonate pour violoncelle et piano, extrait du premier mouvement
1-4. Sonate pour violoncelle et piano opus 20 (quatre mouvements),5. En Dieu mon Espérance et mon Espée pour ma Défense,6-10- Trois Pièces opus 1 (Choral et Fuguette, Feuille d'album, Prélude et Fugue), 1-17.Promenades opus 7 (Envoi, Bois de Boulogne, Villebon, Saint-Cloud, Saint-Germainn, Trianon, Rambouillet)
Jean-Marc Warszawski
22 février
2012
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