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Dijon, Auditorium, 14 janvier 2012, par Eusebius

Le King's College Choir de Cambridge

Le King's College Choir

Qui n'a jamais entendu cette figure emblématique de la vénérable tradition chorale britannique ? Véritables professionnels, multipliant les enregistrements et les tournées, surmédiatisés de ce fait, particulièrement depuis que Stephen Cleobury en a pris la direction, il y a trente ans déjà. Ce devait être la première fois que ces chanteurs faisaient étape à Dijon.

Un programme essentiellement liturgique ou para-liturgique, couvrant les deux principaux des cinq derniers siècles de cette école anglaise, trop souvent méconnue de nos organisateurs de concerts. Etrangement, deux absents parmi les compositeurs attendus : Dunstable, le fondateur en quelque sorte, et Britten, le grand. Cependant le panorama était large et varié, de Tye aux contemporains Rodney-Bennet et Swayne. La première partie illustrait exclusivement le premier âge d'or de la musique anglaise : la Renaissance, et la période élisabethétaine, évidemment. La seconde était centrée sur cette seconde renaissance du xxe siècle, avec les figures emblématiques de Vaughan-Williams et de Walton pour commencer.

L'ensemble, d'un équilibre parfait, était composé de 17 « choristers », les garçons, et de 15 « choral scholars », quatre hautes-contres, quatre ténors et sept basses (ou plutôt barytons légers, car le répertoire ne sollicite pas vraiment la tessiture grave). Un positif intervenait ponctuellement comme accompagnateur, une pièce lui étant réservée en soliste.

D'emblée, l'on tombe sous le charme de la pureté des voix enfantines, des  trebles (sopranos) en particulier, les ténors sont splendides.
La direction de Stephen Cleobury, sobre, efficace, est toujours attentive à chacun, modelant chaque phrase de façon exemplaire.

Malgré la relative austérité générée tant par le répertoire liturgique que par la formation, l'intérêt musical était soutenu par la variété des styles (full anthems, verse anthems, où les solistes dialoguent avec le choeur) que par les divers groupements vocaux et la présence du positif. Certaines pièces, ainsi, la messe en sol mineur de Vaughan-Williams, écrite pour double-chœur, sont de véritables révélations pour le public continental. Signalons le succès extraordinaire rencontré par le Magnificat I de Giles Swayne, sur lequel s'achevait le concert. Usant de procédés polyrythmiques de pygmées de Centrafrique (découverts par S. Arom il y a quelques décennies), mais que l'on pourrait tout autant relier à l'Ars Nova (généralisation du hoquet), c'est une pièce lumineuse, foisonnante, virtuose aussi, qui invite à la découverte de l'œuvre de ce compositeur.

La perfection de l'ensemble est stupéfiante. Et pourtant l'on se prend à l'écoute à regretter de ne jamais percevoir cette fragilité, cette humanité, essentielles à l'émotion. Pour avoir écouté — au cours de services anglicans — d'autres maîtrises dont la qualité musicale était beaucoup plus humble, je conserve le souvenir de chanteurs plus épanouis, communiquant davantage leur plaisir de chanter. Est-ce le tribut de la professionnalisation ? Ou celui d'une direction,  exemplaire certes, mais qui semble entretenir avec ses choristes une relation de maître à élève de nature semblable à ce qu'elle devait être du temps de Bach ?

Un excellent concert, tant par le répertoire abordé que par les qualités singulières de ses interprètes.

Eusebius
15 janvier 2012


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