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Jean-Marc Warszawski, 28 janvier 2010

Émile Goué, l'œuvre pour piano

Émile Goué, L'œuvre pour piano (premier enregistrement mondial). Samuel Ternoy, piano. Collection du Festival International Albert Roussel. Azur Classical, 2009.

1-2. Deux nocturnes ( Rives changeantes, Le phare )

3. Les Jeux de l'Océan contre les falaises de vendée (extrait de son opéra Wanda, op. 8)

4-6. « Ambiances », Suite n° 1, op. 21 ( Chanson folle, Le sanglot monocorde et navrant de nos rêves, Clown triste )

7-9. « Petite Suite facile n° 1 » op. 18 ( Divertissement, Question sans réponse, Ronde Joyeuse)

10-12. « Préhistoire » (Incantation, Imploration, Invocation)

13-15.  « Petite Suite facile n° 2 », op. 21 (Fugue enfantine, Chant de quiètude, Pantomime)

16-18, Prélude, Choral et Fugue, op. 37

Né en 1904, reçu second à l'agrégation de physique en 1929, il est titulaire de la chaire de mathématiques spéciales du lycée Louis-le-Grand en 1939, il est fait prisonnier en juin 1940. Interné pendant 5 années à Nienburg-sur-Weser, il meurt des séquelles en 1946, peu après sa libération.

Musicien, il reçoit très jeune des leçons de piano, puis il suit les cours du Conservatoire de Toulouse. Plus tard, il étudie avec Charles Koechlin, et reçoit conseils et encouragements d'Albert Roussel [lire une biographie plus complète].

Né en 1970, Samuel Ternoy a étudié le piano et la composition au Conservatoire National de région de Lille, puis au Conservatoire national de Paris, où il a obtenu cinq premiers prix.

Les compositions d'Émile Goué ont la fluidité, l'assurance virtuose, des œuvres accomplies. Elles témoignent plus d'un achèvement du goût français de la première moitié du xxe siècle, que des nouveautés qui pointent, depuis déjà la fin du xixe siècle, avec par exemple Charles Ives, et qui s'imposeront au début des années 1950, avec l'idée qu'après les années de barbarie, rien ne pourra plus être comme avant, un « avant » que Goué à eu tout juste le temps d'intégrer.

C'est donc une musique plutôt impressionniste, inscrite dans les mouvances d'une tonalité déjà dépassée et de modalités, une manière si brillamment inaugurée par Debussy.

Cet enregistrement confirme, après ceux des mélodies et des quatuors à cordes, que la musique d'Émile Goué est emportée par un sens aigu de la théâtralité, capable d'exprimer une grande variété expressive, depuis l'intime méditation, à l'emphase pathétique, mais encore, comme certains titres en témoignent, tente la description. Cette variété se retrouve, évidemment, dans le matériel musical, depuis les réminiscences modales passéistes ; aux bombardement d'accords à la romantique, en passant par de beaux passages contrapuntiques, des hardiesses harmoniques, ou d'amusants sautillements, comme dans la Ronde joyeuse de la « Petite suite » opus 18, ou se répondent un effluve de Mozart et un motif de la 5e symphonie de Beethoven, dans un style cabaret flamboyant.

Il est difficile de ne pas associer cette musique — bien des musiques des années 1910-1930 — aux images cinématographiques qui ont dû impressionner les personnes, qui comme Goué, sont nées avec le siècle, qui apporte sans doute cette rapidité dans la succession des événements, mais encore un sentiment de proximité, avec aussi, des accents populaires et de cour de récréation.

Jean-Marc Warszawski
28 janvier 2010


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