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Monte-Carlo, 19 juin 2014, par Jean-Luc Vannier ——

Éblouissant gala de l'Académie Princesse Grace à l'opéra de Monte-Carlo

Monte-CarloOrise. Photographie © Alice Blangero.


Fin d'année oblige, les élèves de l'Académie de danse Princesse Grace présentaient, mercredi 18 juin à l'opéra de Monte-Carlo, leur gala sous forme d'un work in progress, soutenu par le jeune Orchestre International de Monte-Carlo placé sous la direction d'Alessandro Crudele. Avec un ambitieux programme en trois parties : Orise, une chorégraphie de Michel Rahn, Donizetti Variations de George Balanchine remonté par Nanette Glushak, Comunic/Actions d'Eugenio Buratti et, après la seconde pause, Somnia Vertigo de Julien Guérin.

Monte-CarloDonizetti Variations. Photographie © Alice Blangero.


Nous nous souviendrons de la superbe prestation de ces jeunes danseurs et danseuses âgés de 15 à 18 ans lors de l'hommage rendu à Jean-Christophe Maillot en décembre 2013 pour le vingtième anniversaire de sa direction des Ballets de Monte-Carlo, ou, plus récemment, de l'attribution de trois prix du prestigieux Concours de Lausanne en février 2014, à David Navarro Yudes et Mikio Kato (Prix du jeune danseur doublé, pour le premier, du Prix spécial du Jury), tous deux élèves de l'Académie monégasque. Nous pouvions, en conséquence, espérer atteindre ce niveau d'excellence chorégraphique signé Luca Masala, le Directeur artistique de l'enseignement et de la pédagogie de l'institution en charge des futurs solistes internationaux. Ecrire que nos attentes ne furent point déçues serait encore en dessous de la vérité. Alors que la salle Garnier se remplissait, une trentaine de danseurs s'échauffaient déjà sur le plateau : offerte aux yeux du public, et à la différence peut-être des plus expérimentés aux Ballets de Monte-Carlo, nous remarquions combien cette « répétition » témoignait d'un rapport exploratoire, plus libre, plus en recherche aussi de ces jeunes talents, à l'espace, au corps et aux mouvements.

Donieztti variationsDonizetti Variations. Photographie © Alice Blangero.


Sur une musique de George Antheil interprétée par le New World Symphony à partir de l'album A Jazz Symphony, Orise de Michel Rahn développe une dynamique d'ensemble, des évolutions esthétiques et collectives renforcées par des jeux puissants de lumières colorées exposant, dans ce  théâtre d'ombres bien vivantes, la gracilité de ces musculatures juvéniles. Dans un registre plus classique, sur des extraits de Dom Sebastien Roi du Portugal, opéra en cinq actes de Gaetano Donizetti (1843) joués par le jeune Orchestre International de Monte-Carlo et l'Orchestre philharmonique de Monte-Carlo, le ballet Donizetti Variations était donné avec l'autorisation du George Balanchine Trust et produit en accord avec le style et la technique Balanchine :  les deux solistes Meiri Maeva et David Navarro Yude effectuent plusieurs pas de deux et d'impressionnants solos combinant vitesse et rythmicité dans l'exécution sans se départir d'une émouvante sensualité. Et ce, avec une parfaite stabilité dans le portage et une tout aussi impeccable réception au sol. Du grand art chorégraphique légitimement ovationné par le public.

Comunic/actionComunic/Actions. Photographie © Alice Blangero.


Croisement  de lumières ocrées pour Comunic/Actions d'Eugenio Buratti mettant en scène, sur une musique des compositeurs Richie Hawtin, Max Richter et Autechre, des corps habillés comme autant de chairs momifiées. Corps déhanchés dont les membres semblent se projeter loin de leurs bases anatomiques dans une frénésie hautement cadencée du mouvement rendant impossible la rencontre, prélude à l'accouplement. Intéressant contraste avec la pièce précédente où le corps ne se soumet plus au format chorégraphique, certes déjà renouvelé de Balanchine, mais en devient lui-même le concept animé, le réalisateur en action, au point de le faire imploser. 

Monte-CarloSomnia Vertigo. Photographie © Alice Blangero.


Enfin, sur une étude du danseur des Ballets de Monte-Carlo Julien Guérin, une scénographie et des lumières de Tony Barthelemy et des costumes de Tina Alloncle réalisés par les Ateliers des Ballets de Monte-Carlo, Somnia Vertigo proposait, sur fond de Cinquième Symphonie de Ludwig van Beethoven, une chorégraphie plus relationnelle, plus duelle pour les danseurs. Avec une intensité émotionnelle particulière rendue possible par le second mouvement Andante con moto suivi d'une confrontation groupale entre masculin et féminin dans un très vif Allegro. Lequel précède une réconciliation finale des genres. Entre professionnalisme exacerbé et amour manifeste pour leur discipline, les élèves de l'Académie Princesse Grace ont ébloui l'audience qui les a acclamés avec un enthousiasme ne devant rien aux simples convenances.

Nice, le 19 juin 2014
Jean-Luc Vannier
jlv@musicologie.org


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