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Jean-Marc Warszawski, 27 avril 2006

Émile Goué, Mélodies

Émile Goué, Mélodies, Christel Plancq (soprano), Damien  Top (ténor), Jean-Jacques Cubaynes (basse),Éric Hénon (piano), Collection du Festival International Albert Roussel, distribution Recitalmedia, 2005.

Enregitré au studio Recital B, Tihange, 2005.

Né dans une famille d'enseignants en 1904, Émile Goué ne déroge pas à la tradition. Licencié ès sciences et mathématiques, agrégé de physique, il obtient à 35 ans la chaire de physique et de chimie du Lycée Louis-le-Grand à Paris. Depuis 1760, après avoir bénéficié de cours particuliers de piano dans son enfance, puis d'études au Conservatoire de Toulouse, il peaufine son métier de compositeur auprès de Charles Koechlin et mûrit sous les conseils et les encouragements d'Albert Roussel. Ce qui peut faire dire que par Koechlin il est dans la tradition de Fauré, et par Roussel dans celle de César Franck.

C'est peut-être vite dire, d'autant qu'Albert Rousel, comme d'ailleurs son collègue Georges-Martin Witkowski, à pris des distances d'esthétique avec la maison mère Schola Cantorum, le père Vincent d'Indy, et l'idole locale César Franck. On s'en rendra compte à l'audition. Ces mélodies, bien plus qu'à la tradition franckiste, font plus certainement penser à la manière de Fauré, voire à celle de Debussy, pour les magnifiques Trois poèmes de Rainer Maria Rilke, ou encore au Socrate de Satie.

Chez Goué, cette mélodie est très dramatisée, contrastée, forte d'éléments évocateurs. Théâtralité qui a peut-être incité les promoteurs de ce disque à donner une inflexion tendue de romantisme. Mais là encore il est difficile de penser au romantisme mou de Franck. C'est plutôt celui de Schubert du Erlkönig ou de Schumann du Ich kann's nicht fassen, nicht glauben... Si on peut comparer la pression dramatique, la théâtralisation, l'utilisation évocatrice du piano qui n'est pas qu'un servile accompagnateur ou les paysages fantastiques, le langage, quant à lui est tout autre.

Outre les poésies de Rilke, Goué a mis en musique Ferdinand Duviard, Louis Mercier, Edmond Blanguernon, Pierre Vandendries, Emily Brontë, René Morand, André Fagé, Raymond Christofour, René Christian-Frogé, Christiane Delmas.

Ces œuvres, comme bien d'autres du compositeur ont été créées à Paris, à Bordeaux ou à la Radio nationale. Mais ce disque constitue un premier enregistrement.

Lorsqu'il compose ses Trois poèmes de Rilke, œuvre de maturité, Émile Goué est depuis 3 ans prisonnier de guerre en Allemagne. Il est libéré en 1945 et peut prendre enfin possession de sa chaire à Louis-le-Grand le 1er octobre 1945. Affaibli, malade, il meurt au sanatorium universitaire de Neufmoutier-en-Brie, le 10 octobre 1946.

1-3. Trois poèmes de Rainer Maria Rilke (1943) ; 4-5. La route, Le chemin (1760) ; 6-9. Les heures étranges (1938) ; 10-12. Trois chansons sur la pluie (1939) ; 13. Nuits d'exil ; 17-17. Chants de l'âme navrée (1937) ; 18-23. L'Offrande sous les nuages (1935)

Jean-Marc Warszawski
27 avril 2006


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